Contexte La prévalence du reflux gastro-oesophagien et de
l'obésité augmente. Les preuves scientifiques en faveur d'une
association entre ces deux pathologies sont rares et contradictoires. Une
différence entre les sexes concernant cette relation a
été proposée.
Objectif Evaluer la relation entre la masse corporelle et le reflux
gastro-oesophagien et déterminer comment cette relation est
influencée par les hormones sexuelles féminines.
Schéma Etude se basant sur une population, transversale,
cas-témoins.
Environnement Deux enquêtes publiques de santé
consécutives dans le Conté de Nord-Trondelag, Norvège,
menées en 1984-1986 et 1995-1997.
Participants Parmi les 65363 participants adultes de la
deuxième enquête, les 3113 qui rapportaient des pyrosis
sévères ou des régurgitations au cours des 12 derniers
mois étaient définis comme étant les cas tandis que les
39872 personnes sans symptômes de reflux étaient définies
comme étant les témoins.
Critère principal de jugement Risque de reflux, estimé
à l'aide d'une régression logistique multivariée, avec
des odds ratios (OR) et un intervalle de confiance à 95 % (IC) comme
mesures de l'association.
Résultats Il y avait une association dose-réponse
entre l'augmentation de l'index de masse corporelle (IMC) et les
symptômes de reflux dans les deux sexes (p pour la tendance
< 0,001), avec une association significativement plus forte chez les femmes
(p < 0,001). Par rapport à ceux ayant un IMC
inférieur à 25, le risque de reflux augmentait significativement
chez les hommes obèses sévères (BMI > 35) (OR: 3,3; IC
95 %: 2,4-4,7) et les femmes obèses sévères (OR: 6,3; IC
95 %: 4,9-8,0). L'association entre IMC et symptômes de reflux
était plus forte chez les femmes préménopausées
par rapport aux femmes ménopausées (p < 0,001), bien
que l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif augmentait la force de
l'association (p < 0,001). La réduction de l'IMC
était associée à une diminution du risque de
symptômes de reflux.
Conclusions Il existe une association significative entre masse
corporelle et symptômes de reflux gastrooesophagien. L'association est
plus forte chez les femmes, en particulier avant la ménopause et
l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif renforce l'association,
suggérant que les oestrogènes peuvent jouer un rôle
important dans l'étiologie du reflux.
JAMA. 2003;290:66-72.