Contexte Le traitement par les oestrogènes est reconnu dans
la prévention de l'ostéoporose, mais les études ont
montré que les doses classiques augmentaient les effets
indésirables. On ne sait pas si des doses plus faibles, un quart du
traitement standard, peuvent prévenir la perte osseuse.
Objectif Evaluer les effets de trois ans de traitement par 0,25
mg/jour de 17 ß-oestradiol micronisé sur la densité
minérale osseuse (DMO) et le métabolisme osseux chez des femmes
ménopausées âgées en bonne santé.
Schéma, environnement et participants Essai randomisé,
en double insu, comparatif contre placebo, mené entre le 24 juillet
1998 et le 14 juin 2002, dans un centre de recherche clinique
général universitaire des Etats-Unis. Il comprenait des femmes,
en bonne santé, vivant au sein de la communauté de plus de 65
ans à l'inclusion (N = 167).
Intervention Dosage de 0,25 mg/jour de 17 ß -oestrodiol
micronisé (n = 83) ou un placebo (n = 84); toutes les femmes qui
n'avaient pas eu d'hystérectomie recevaient 100 mg/jour de
progestérone micronisée par voie orale pendant deux semaines
tous les six mois.
Critères principaux de jugement La DMO de la hanche, du
rachis, du poignet et du corps total mesurée annuellement pendant trois
ans. Les marqueurs sériques et urinaires de la résorption et de
la formation osseuse et les hormones sexuelles mesurées initialement,
à 3 mois et lors des années 1 et 3 de traitement.
Résultats La DMO moyenne a augmenté au niveau de tous
les sites pour les participantes prenant des faibles doses
d'oestrogènes (17 ß-oestradiol) comparé au placebo
(P < 0,001). Par rapport aux participantes recevant le placebo,
les participantes prenant des oestrogènes à faible dose ont eu
des augmentations de la DMO de 2,6 % au niveau du col fémoral, de 3,6 %
pour la hanche totale, de 2,8 % pour le rachis et de 1,2 % pour le corps
total. Les marqueurs du métabolisme osseux, les N-télopeptides
du collagène de type 1 et les phosphatases alkalines osseuses ont
diminué significativement (P < 0,001) chez les
participantes prenant des oestrogènes à faibles doses
comparé au placebo. L'oestradiol, l'oestrone et les taux de globulines
liant les hormones sexuelles (sex hormone-binding globulin) ont
augmenté dans le groupe traité par oestrogènes par
rapport au placebo. Le profil des effets indésirables a
été similaire; en particulier, il n'y a pas eu de
différences statistiquement significative de la sensibilité
mammaire, pour les modifications de l'épaisseur de l'endomètre
ou les effets pathologiques, ou les résultats annuels mammographiques
entre les deux groupes. Le nombre de mammographies anormales au cours des
trois années a été de 15 dans le groupe
oestrogènes à faibles doses et de 10 dans le groupe placebo (8
sont survenus initialement) (P = 0,26). Il n'y a pas eu de cas de
cancer du sein au cours de l'étude.
Conclusions Chez des femmes âgées, un dosage de 0,25
mg/jour de 17 ß-oestradiol augmente la densité osseuse au niveau
de la hanche, du rachis et du corps total et diminue le remodelage osseux avec
des effets indésirables minimes. De futures études
évaluant l'effet des oestrogènes à faible dose sur les
fractures sont indiquées.
JAMA. 2003;290:1042-1048.