Contexte Dans les infarctus du myocarde aigus, la présence et
la sévérité de l'insuffisance cardiaque dans le tableau
clinique initial ont été formellement catégorisées
par la classification de Killip. Bien que bien étudiée dans les
infarctus du myocarde aigus avec sus-décalage du segment ST,
l'importance pronostique de la classification de Killip dans les syndromes
coronariens aigus sans sus-décalage du segment ST n'a pas
été bien déterminée.
Objectifs Déterminer l'importance pronostique de l'examen
clinique à la recherche d'une insuffisance cardiaque selon la
classification de Killip dans les syndromes coronariens aigus sans
sus-décalage du segment ST, et comprendre sa valeur prédictive
par rapport aux autres variables.
Schéma, environnement et patients Entre avril 2001 et
septembre 2003, nous avons analysé les données de 26 090
patients ayant un syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment
ST inclus dans les essais GUSTO IIb, PURSUIT, PARAGON A et PARAGON B.
Les données démographiques étaient classées
selon la classe Killip class. Les classes Killip III et IV étaient
combinées dans la 1er catégorie. Des modèles
multivariés de Cox des risques proportionnels ont été
développés pour déterminer l'importance pronostique de la
classification de Killip par rapport aux autres variables.
Critères principal de jugement Association entre la
classification de Killip et la mortalité de toutes causes à 30
jours et à 6 mois.
Résultats Les patients de la classe Killip II (n = 2 513) et
III/IV (n = 390) étaient plus âgés que ceux de la classe
Killip I (n = 23 187), avec des taux plus élevés de
diabète, avant l'infarctus du myocarde, un sous-décalage du
segment ST et une élévation des enzymes cardiaques (tous
P < 0,001). Une classe Killip plus élevée
était associée à une mortalité plus importante
à 30 jours (2,8 % de la classe Killip I vs 8,8 % dans la classe II vs
14,4 % dans la classe III/IV; P < 0,001) et à 6 mois (5,0 %
vs 14,7 % vs 23,0 %, respectivement; P < 0,001). Les patients
ayant une classe Killip II, III ou IV constituaient 11 % de la population
globale, mais correspondaient environ à 30 % des décès
aux deux temps de contrôle. Dans les analyses multivariées, la
classe Killip III/IV était le facteur prédictif le plus puissant
de mortalité à 30 jours (risque relatif [RR]: 2,35; intervalle
de confiance à 95 % [IC]: 1,69-3,26; P < 0,001) et à
6 mois (RR: 2,12; IC 95 %: 1,63-2,75; P < 0.,001). La classe
Killip II était prédictive de la mortalité à 30
jours (RR: 1,73; IC 95 %: 1,44-2,09; P < 0,001) et à 6 mois
(RR: 1,52; IC 95 %: 1,31-1,76; P < 0,001). Cinq facteurs:
l'âge, la fréquence cardiaque, la pression artérielle
systolique et le sous-décalage du segment ST, procuraient plus de 70 %
des données pronostiques sur la mortalité à 30 jours et
à 6 mois.
Conclusions La classification Killip est un facteur prédictif
puissant et indépendant de la mortalité de toutes causes chez
les patients ayant un syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du
segment ST. L'âge, la classification Killip, la fréquence
cardiaque, la pression artérielle systolique et un sous-décalage
du segment ST doivent recevoir une attention particulière dans
l'évaluation initiale de ces patients.
JAMA. 2003;290:2174-2181.