Contexte L'essai DCCT (Diabetes Control and Complications
Trial) a montré les bénéfices d'un traitement
intensif du diabète par la réduction de la glycémie et le
ralentissement de la progression de la neuropathie diabétique. La
cohorte DCCT a été évaluée annuellement pendant 8
années supplémentaires lors du suivi de l'étude
Epidemiology of Diabetes Interventions and Complications (EDIC). Au
cours de l'étude EDIC, les glycémies n'étaient plus
substantiellement différentes entres les deux groupes originaux de
traitement.
Objectif Déterminer les effets à long terme d'un
traitement anti-diabétique intensif par rapport à un traitement
conventionnel au cours du DCCT sur la fonction rénale lors de
l'étude EDIC.
Schéma, environnement et participants Cette étude
descriptive a commencé en 1993 (à la suite de la fin du DCCT)
dans 28 centres médicaux des Etats-Unis et du Canada. Les participants
étaient au nombre de 1 349 (sur 1 375), volontaires de l'étude
EDIC qui avaient eu une évaluation rénale à 7 ans ou 8
ans.
Critères principaux de jugement Le développement d'une
microalbuminurie, d'une albuminurie clinique, d'une hypertension, ou une
augmentation de la créatininémie.
Résultats Les résultats ont été
analysés selon le principe de l'intention de traiter, comparant les
deux groupes originaux de traitement du DCCT. De nouveaux cas de
microalbuminurie sont apparus au cours de l'étude EDIC chez 39
participants (6,8 %) parmi ceux originalement assignés au groupe
traitement intensif par rapport à 87 participants (15,8 %) parmi ceux
assignés au groupe traitement conventionnel, correspondant à une
réduction de 59 % (intervalle de confiance à 95 % [IC]: 39 %-73
%) du risque, avec ajustement sur les valeurs initiales, par rapport à
une réduction de 59 % (IC 95 %: 36 %-74 %) à la fin du DCCT
(P < 0,001 pour les deux comparaisons). De nouveaux cas
d'albuminurie clinique sont survenus chez 9 participants (1,4 %) parmi ceux du
groupe original traitement intensif par rapport à 59 participants (9,4
%) parmi ceux du groupe original traitement conventionnel, ce qui
représente une diminution de 84 % du risque (IC 95 %: 67 %-92 %), par
rapport à une diminution de 57 % (IC 95 %: -1 % à +81 %)
à la fin du DCCT. De nouveaux cas d'hypertension se sont
développés (prévalence à la 8e
année: 29,9 % vs 40,3 %; P < 0,001) dans le groupe original
traitement intensif. Un nombre significativement moins important de patients a
atteint un niveau de créatininémie de 2 mg/dl ou plus dans le
groupe traitement intensif par rapport au groupe traitement conventionnel (5
vs 19, P = 0,004), mais il n'y a pas eu de différences des
valeurs moyennes de la clairance exprimées en log. Bien que des nombres
moins importants de patients aient eu recours à une dialyse et/ou une
transplantation, moins de patients ont eu recours à l'un ou l'autre de
ce type de prise en charge dans le groupe traitement intensif (4 vs 7,
P = 0,36).
Conclusions Les effets bénéfiques persistants sur
l'excrétion d'albumine et la réduction de l'incidence de
l'hypertension artérielle 7 à 8 ans après la fin du DCCT
suggèrent qu'un traitement antérieur intensif du diabète,
avec une glycémie presque normale, au cours du DCCT a
entraîné un bénéfice prolongé sur la
progression de la neuropathie diabétique.
JAMA. 2003;290:2159-2167.