|
|
Sécurité des patients isolés dans le but de maîtriser une infection
Henry Thomas Stelfox, MD;
David W. Bates, MD, MSc;
Donald A. Redelmeier, MD, MSc
Affiliations des auteurs: Department of Medicine et Department of
Health Policy, Management and Evaluation, University of Toronto et Clinical
Epidemiology Unit, Sunnybrook and Women's College Health Sciences Centre,
Toronto, Ontario; Graduate School of Arts and Sciences, Harvard University,
Cambridge, Mass; et Division of General Medicine and Department of Medicine,
Brigham and Women's Hospital et Harvard Medical School et Partners HealthCare
Systems, Boston, Mass.
Correspondance: Henry Thomas Stelfox, MD, Division of General Medicine,
Brigham and Women's Hospital, 1620 Tremont St, Boston,MA 02120-1613 (e-mail:
stelfox{at}fas.harvard.edu).
RÉSUMÉ
| |
Contexte La politique hospitalière de maîtrise des
infections qui consiste à isoler les patients permet d'éviter la
transmission nosocomiale des maladies infectieuses mais peut involontairement
conduire à des négligences envers les patients et à des
erreurs.
Objectif Examiner la qualité des soins médicaux
reçus par les patients isolés dans le but de maîtriser une
infection.
Plan expérimental, cadre et patients Nous avons
identifié successivement, dans 2 grands centres hospitaliers
universitaires d'Amérique du Nord, des adultes isolés en raison
d'une colonisation ou d'une infection par un staphylocoque doré
résistant à la méticilline, ces patients formant une
cohorte générale (78 patients admis entre le 1er
janvier 1999 et le 1er janvier 2000, quelle que soit la pathologie
diagnostiquée) et une cohorte spécifique d'affection (72
patients admis avec un diagnostic d'insuffisance cardiaque congestive entre le
1er janvier 1999 et le 1er juillet 2002). Deux
témoins ont été appariés à chaque patient
isolé (soit 156 témoins pour la cohorte générale
et 144 témoins pour la cohorte spécifique).
Principaux critères de jugement Mesures de la qualité
des soins comprenant les pratiques de soins, les résultats des soins et
la satisfaction des patients. Des ajustements sur la cohorte d'étude et
les caractéristiques démographiques, cliniques et relatives
à l'hospitalisation ont été effectués en utilisant
des analyses de régression multivariables.
Résultats Les patients isolés et les patients
témoins ont eu dans l'ensemble des caractéristiques de
départ similaires. Les patients isolés ont néanmoins subi
2 fois plus souvent que les témoins un évènement
indésirable durant leur hospitalisation (31 évènements
indésirables versus 15 pour 1 000 jours; p <
0,001), ceci reflétant une différence dans les
évènements qui auraient pu être évités (20
évènements indésirables versus 3 pour 1 000
jours; p < 0,001) et non une différence dans les
évènements inévitables (11 évènements
indésirables versus 12 pour 1 000 jours; p = 0,98).
Les patients isolés se sont également plus souvent plaints
officiellement à l'hôpital des soins reçus que les
témoins (8 % versus 1%; p < 0,001); plus souvent
la notation de leurs signes vitaux n'a pas été conforme à
la prescription (51 % versus 31 %; p < 0,001); et le
nombre de jours où le médecin n'a pas noté
l'évolution a été plus important chez eux (26 %
versus 13 %; p < 0,001). Aucune différence de
mortalité hospitalière n'a été observée
entre les 2 groupes (17 % versus 10 %; p = 0,16).
Conclusion Comparés à des témoins, les patients
isolés par mesure de précaution pour maîtriser une
infection ont eu plus d'évènements indésirables
évitables, ont exprimé un plus grand mécontentement vis
à vis de leur traitement et ont eu moins de comptes-rendus de
soins.
JAMA. 2003;290:1899-1905.
ARTICLE EN RAPPORT
Pour chercher la vraie place des mesures d'isolement dans la prévention des infections nosocomiales
Jean-Yves Fagon
JAMA. 2003;290:650.
PDF
|