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Perfusion systématique de morphine chez des nouveau-nés avant terme sous assistance respiratoireEtude randomisée et comparative
Sinno H. P. Simons, MSc;
Monique van Dijk, PhD;
Richard A. van Lingen, MD, PhD;
Daniella Roofthooft, MD;
Hugo J Duivenvoorden, PhD;
Niesje Jongeneel, RN;
Carin Bunkers, RN;
Enna Smink, RN;
K. J. S. Anand, MBBS, DPhil;
John N. van den Anker, MD, PhD;
Dick Tibboel, MD, PhD
RÉSUMÉ
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Contexte Les nouveau-nés admis dans des unités
néonatales de soins intensifs subissent un ensemble de
procédures douloureuses et stressantes. L'effet des perfusions
continues de morphine chez les nouveau-nés avant terme n'ayant pas
été exploré systématiquement, il existe une
confusion concernant l'utilisation systématique de morphine dans ce
contexte.
Objectif Evaluer les effets d'une perfusion intraveineuse continue
de morphine sur les réponses à la douleur, l'incidence,
incidence des hémorragies intraventriculaires (IVH) et des
évolutions négatives neurologiques (HIV sévères,
leucomalacie périventriculaire ou décès).
Schéma, contexte et patients Essai randomisé, en
double aveugle, comparatif contre placebo mené entre décembre
2000 et octobre 2002 dans deux USI de niveau III aux Pays-Bas sur 150
nouveau-nés qui avaient reçu une assistance respiratoire
(critères d'inclusion: âge inférieur à 3 jours et
ventilation depuis moins de 8 heures; critères d'exclusion: asphyxie
sévère, HIV sévère, malformations
congénitales majeures et administration d'agents bloquants
neuro-musculaires).
Interventions Morphine I.V. (100 µg/kg et 10 µg/kg par heure)
ou perfusion d'un placebo administré pendant 7 jours (ou moins en
raison des besoins cliniques dans plusieurs cas).
Critères principaux de mesure Effet antalgique de la
morphine, évalué à l'aide d'échelles
validées; effet de la morphine sur l'incidence des HIV et
évolution négative neurologique.
Résultats L'effet antalgique ne différait pas entre
les groupes morphine et placebo, d'après les scores médians de
la douleur (extrêmes interquartiles) suivants: profil de la douleur chez
l'enfant prématuré: 10,1 (8,2-11,6) vs 10,0 (8,2-12,0)
(P = 0,94); échelle de la douleur néonatale chez le
nourrisson: 4,8 (3,7-6,0) vs 4,8 (3,2-6,0) (P = 0,58) et
échelle visuelle analogique: 2,8 (2,0-3,9) vs 2,6 (1,8-4,3) (P
= 0,14), respectivement. La perfusion systématique de morphine a
diminué l'incidence des HIV (23% vs 40%, P = 0,04) mais n'a
pas influencé la négativité du pronostic neurologique
(10% vs 16%, P = 0,66). De surcroît, les analyses ont
été ajustées sur l'utilisation supplémentaire de
morphine en ouvert (27% dans le groupe morphine vs 40% dans le groupe placebo;
P = 0,10).
Conclusions L'absence d'un effet antalgique mesurable et l'absence
d'un effet bénéfique sur la négativité du
pronostic neurologique ne sont pas en faveur d'un emploi systématique
de la morphine en perfusion en tant que traitement de choix des
nouveau-nés avant terme recevant une assistance respiratoire. Un suivi
est nécessaire pour évaluer les effets à long terme des
perfusions de morphine sur l'évolution neurocomportementale des
prématurés.
JAMA. 2003;290:2419-2427.
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