Contexte Le contrôle post-opératoire de la douleur
après prothèse du genou tout en diminuant les effets liés
aux opiacés reste un important problème.
Objectif Evaluer l'effet de l'administration
préopératoire et post-opératoire combinée d'un
inhibiteur sélectif de la cyclo-oxygénase 2 sur la prise
d'opiacés et l'évolution après prothèse totale du
genou (PTG).
Schéma, contexte et patients Essai randomisé,
comparatif contre placebo, en double insu, mené entre juin 2001 et
septembre 2002, incluant 70 patients, âgés de 40 à 77 ans
et subissant une PTG dans un hôpital universitaire aux Etats-Unis.
Traitements Les patients étaient randomisés pour
recevoir 50 mg de rofécoxib par voie orale à la 24e
heures et 1 à 2 heures avant la PTG, 50 mg quotidiennement pendant 5
jours après l'intervention et 25 mg quotidiennement pendant 8 autres
jours, ou un placebo apparié aux mêmes moments.
Critères principaux de jugement Evolution
postopératoire incluant la prise post-chirurgigale d'opiacés et
les scores obtenus de la douleur, nausées et vomissements, amplitude
des mouvements articulaires, perturbations du sommeil, satisfaction du patient
vis-à-vis de l'analgésie et paramètres
hématologiques et de la coagulation.
Résultats Les consommations totales d'analgésie
épidurale et d'opiacés à l'hôpital ont
été moindres dans le groupe rofécoxib par rapport au
groupe placebo (P < 0,05). Le score médian de la douleur
(échelle visuelle analogique [VAS]: 0-10) pour le genou a
été moindre dans le groupe rofécoxib par rapport au
groupe placebo au cours du séjour à l'hôpital (2,2
[extrêmes interquartiles {IQR}: 1,4-3,2] vs 3,5 [IQR: 2,7-4,3],
P < 0,001) et une semaine après la sortie (2,6 [IQR:
1,4-3,5] vs 3,7 [IQR: 2,9-4,7], P = 0,03). Il y a eu moins de
vomissements après l'intervention dans le groupe rofécoxib (6%)
que dans le groupe placebo (26%) (P= 0,047), de même qu'il y a
eu une diminution des troubles du sommeil par rapport au groupe placebo au
cours de la nuit de l'intervention (P = 0,006) et le 1er
jour (P = 0,047) et le 2e jour (P < 0,001)
après l'intervention. La flexion du genou s'est améliorée
dans le groupe rofécoxib par rapport au groupe placebo à la
sortie de l'hôpital (flexion active: moyenne [DS]: 84,2° [11,1°]
vs 73,2° [13,6°], P = 0,03; flexion passive: 90,5°
[6,8°] vs 81,8° [13,4°], P = 0,05) et un mois
après l'intervention (109,3° [8,5°] vs 100,8° [11,8°],
P = 0,01), avec un délai plus court en
rééducation pour atteindre une amplitude efficace du mouvement
articulaire. Le groupe rofécoxib a été plus satisfait de
l'analgésie et de l'anesthésie à la sortie de
l'hôpital par rapport au groupe placebo (score médian de
satisfaction: 4,3 [IQR: 3,0-4,7] vs 3,3 [IQR: 2,3-4,3], respectivement;
P = 0,03) et ces différences ont persisté lors du suivi
à la 2e semaine et à 1 mois. Il n'y a pas eu de
différence intergroupe pour les pertes sanguines (P < 0,05
pour les pertes intra-opératoires et postopératoires).
Conclusion L'utilisation périoperatoire d'un inhibiteur
sélectif de la cyclo-oxygénase 2 est un élément
efficace d'un protocole d'analgésie différenciée qui
diminue la prise d'opiacés, la douleur, les vomissements et les
troubles du sommeil, tout en améliorant l'amplitude du mouvement
articulaire du genou après PTG.
JAMA. 2003;290:2411-2418.