Contexte Plusieurs études ont montré une association
entre le syndrome métabolique et la maladie cardiovasculaire. Bien que
l'on sache maintenant que les facteurs de risque cardio-vasculaire augmentent
le risque de déclin cognitif et de démence, il existe peu de
données sur l'association entre syndrome métabolique et
cognition.
Objectif Déterminer si le syndrome métabolique est un
facteur de risque de déclin cognitif et si cette association est
modifiée par l'inflammation.
Schéma et environnement Etude descriptive et prospective de 5
ans, menée entre 1997 et 2002 dans des consultations de deux centres au
sein d'une communauté.
Participants Au total, 2 632 personnes âgées noires et
blanches (âge moyen, 74 ans).
Principaux critères de jugement Association entre le syndrome
métabolique (mesuré selon les guidelines du National
Cholesterol Education Program), une forte inflammation (définie
par un taux sérique supérieur à la médiane
d'interleukine 6 et de protéine C réactive) et la cognition
(Examen du Mini-Mental State modifié [3MS]) à la
3ème et 5ème années. L'atteinte
cognitive était définie par un déclin d'au moins 5
points.
Résultats Comparés à celles sans syndrome
métabolique (n = 1616), les personnes âgées atteintes d'un
syndrome métabolique (n = 1016) avaient plus de probabilité de
manifester une atteinte cognitive (26 % vs 21 %, risque relatif
multivarié ajusté [RR], 1,20; intervalle de confiance à
95 % [IC], 1,02-1,41). Il existait une interaction statistiquement
significative de l'inflammation et du syndrome métabolique (P
= 0,03) sur l'atteinte cognitive. Après avoir effectué une
stratification pour l'inflammation, les patients ayant un syndrome
métabolique et une forte inflammation (n = 348) avaient une
augmentation de la probabilité d'atteinte cognitive comparés
à ceux sans syndrome métabolique (RR multivarié
ajusté, 1,66; IC 95 %, 1,19-2,32). Les patients ayant un syndrome
métabolique et une faible inflammation (n = 668) n'avaient pas
d'augmentation de la probabilité d'une atteinte cognitive (RR
multivarié ajusté, 1,08; IC 95 %, 0,89-1,30). Les modèles
stratifiés multivariés des effets aléatoires montraient
que les participants ayant un syndrome métabolique et une forte
inflammation avaient un déclin plus important sur 4 ans lors de
l'évaluation par le 3MS (P = 0,04) par rapport à ceux
sans syndrome métabolique, alors que ceux ayant un syndrome
métabolique et une faible inflammation ne présentaient pas ce
déclin (P = 0,44).
Conclusion Ces observations soutiennent l'hypothèse que le
syndrome métabolique contribue à la survenue d'une atteinte
cognitive chez les personnes âgées, mais principalement chez
celles ayant un niveau élevé d'inflammation.
JAMA. 2004;292:2237-2242.