Contexte Certains travaux récents suggèrent une
augmentation de la survenue et de la sévérité des
infections par Clostridium difficile. Nous avons évalué si
l'utilisation d'agents supprimant l'acidité gastrique est
associée à une augmentation du risque au sein de la
communauté.
Objectif Déterminer si l'utilisation d'agents anti-acide
augmente le risque d'infection par C difficile au sein de la population.
Schéma, environnement et patients Nous avons mené deux
études cas-témoins au sein de la population au moyen de la base
de données United Kingdom General Practice Research Database
(GPRD). Dans la première étude, nous avons identifié
l'ensemble des 1 672 cas de C difficile enregistré entre 1994 et 2004
chez tous les patients déclarés pendant au moins deux
années dans chaque cabinet médical. Chaque cas était
apparié à 10 témoins en fonction du calendrier et des
cabinets de médecine générale. Dans la deuxième
étude, un sous-groupe de ces cas définis comme infectés
au sein de la communauté, c'est-à-dire n'ayant pas
été hospitalisés au cours de l'année
précédente, était apparié en fonction de la
pratique et de l'âge avec des témoins également non
hospitalisés au cours de l'année précédente.
Principaux critères de jugement Incidence du C difficile et
risque associé à l'utilisation d'agents supprimant
l'acidité gastrique.
Résultats L'incidence des patients ayant un C difficile
diagnostiqué par leur médecin généraliste au sein
de la General Practice Research Database avait augmenté de moins de 1
cas pour 100 000 en 1994 à 22 pour 100 000 en 2004. Le rapport de
fréquence ajusté pour l'infection par C difficile avec
l'utilisation d'inhibiteurs de la pompe à protons était de 2,9
(intervalle de confiance à 95 % [IC], 2,4-3,4) et avec les antagonistes
des récepteurs H2 de 2,0 (IC 95 %, 1,6-2,7). Une augmentation de la
fréquence a également été observée
associée à l'utilisation des anti-inflammatoires non
stéroïdiens (rapport de fréquence, 1,3; IC 95 %,
1,2-1,5).
Conclusions L'utilisation d'un traitement anti-acide gastrique, en
particulier les inhibiteurs de la pompe à protons est associée
à une augmentation du risque d'atteinte au sein de la communauté
par C difficile. L'augmentation inattendue du risque avec les AINS devrait
faire l'objet d'explorations complémentaires.
JAMA. 2005;294:2989-2995.