Contexte Si la migraine cataméniale (ou migraine menstruelle)
touche environ 50 % à 60 % des femmes migraineuses, nos connaissances
sur le rôle des hormones, en particulier des oestrogènes, dans
cette affection semblent incomplètes.
Objectif Effectuer une revue systématique afin de
déterminer le rôle des hormones dans la migraine menstruelle.
Acquisition des données Nous avons recherché des
articles, publiés en langue anglaise, dans les bases de données
MEDLINE (de janvier 1966 au 1er septembre 2005) et EMBASE section
Pharmacologie (de janvier 1991 au 1er septembre 2005), en utilisant
les mots-clés suivants: migraine (migraine), estrogen
(œstrogènes), menstrual migraine (migraine menstruelle),
pure menstrual migraine (migraine menstruelle pure), true
menstrual migraine (migraine menstruelle vraie),
mens-trually-associated migraine (migraine associée aux
règles), menstrually-related migraine (migraine liée
aux règles), pregnancy (grossesse), breast-feeding
(allaitement maternel), perimenopause (périménopause),
menopause (ménopause), nitric oxide (monoxyde
d'azote) et estrogen receptors (récepteurs aux
oestrogènes). Au total, nous avons étudié la pertinence,
la rigueur scientifique et les possibilités de
généralisation de 643 articles. Nous avons revu la bibliographie
de chaque article pertinent afin d'identifier d'autres sources de
données en rapport avec notre sujet.
Synthèse des données L'influence des
oestrogènes sur la migraine est manifeste, la prévalence de
l'affection étant chez la femme 3 fois plus élevée que
chez l'homme et son incidence présentant des variations notables en
fonction des différentes étapes de la vie génitale de la
femme. Comparées à celles survenant à d'autres moments du
cycle, les crises migraineuses menstruelles sont habituellement plus
résistantes aux traitements; elles ne sont généralement
pas associées à une aura; elles ont une durée plus
longue; et elles sont associées à une gêne fonctionnelle
plus marquée. Des données biochimiques et
génétiques suggèrent que les oestrogènes jouent un
rôle à la fois central et périphérique dans la
physiopathologie de la migraine menstruelle et qu'ils ont des interactions
potentielles avec des circuits excitateurs, en particulier avec des voies
sérotoninergiques. Les données concernant l'utilisation
d'oestrogènes en traitement préventif de la migraine menstruelle
ne sont pas concordantes. Les agonistes des récepteurs à la
sérotonine (triptans) apportent un soulagement de la douleur en aigu et
peuvent également jouer un rôle dans la prévention.
Conclusions Il existe des données
épidémiologiques, physiopathologiques et cliniques qui relient
oestrogènes et migraine. Les triptans semblent pouvoir calmer la
douleur en aigu et peuvent peutêtre également être utiles
à titre préventif. Il serait bon d'avoir des algorithmes de
traitement clairs, ciblés et basés sur des données
scientifiques pour aider les généralistes, les neurologues et
les gyné-cologues à traiter cette pathologie courante.
JAMA. 2006;295:1824-1830.