Contexte De récentes études suggèrent que la
population obèse est peut-être en meilleure santé depuis
les années 1960, comme le montre la diminution de la mortalité
et des facteurs de risque cardio-vasculaires. Toutefois, on ne sait pas si ces
améliorations ont conféré une diminution du risque de
survenue d'un handicap. La population obèse peut vivre plus longtemps
avec un meilleur contrôle des facteurs de risque, mais présenter
paradoxalement plus de handicaps.
Objectif Déterminer si l'association entre
obésité et handicap a évolué avec le temps.
Schéma, environnement et participants Adultes,
âgés de 60 ans ou plus (n=9928), ayant une mesure de l'indice de
masse corporelle, appartenant à deux vagues d'enquêtes
représentatives à l'échelon national, National Health and
Nutrition Examination Surveys (NHANES III [1988-1994] et NHANES
1999-2004).
Principaux critères de jugement Rapports sur la
difficulté ou l'incapacité à réaliser des
tâches dans deux domaines de handicap: les limites fonctionnelles
(marcher un quart de mile, marcher 10 pas, se pencher, soulever 5 kilos,
marcher dans les différentes pièces, et se lever d'une chaise
sans bras) et les limitations des activités de la vie quotidienne (ADL)
(se déplacer, manger et s'habiller).
Résultats Chez les personnes obèses, la
prévalence de l'altération fonctionnelle avait augmenté
de 5.4% (de 36.8%-42.2%; P=0.03) entre les deux enquêtes, mais
l'altération des ADL n'avait pas été modifiée. Au
temps 1 (1988-1994), les risques d'altération fonctionnelle pour les
personnes obèses étaient 1.78 fois plus importants que pour les
personnes de poids normal (intervalle de confiance à 95% [IC],
1.47-2.16). Au temps 2 (1999-2004), ce risque relatif avait augmenté
à 2.75 (IC 95%, 2.39-3.17), car les risques d'atteinte fonctionnelle
avaient augmenté de 43% (OR 1.43; IC 95%, 1.18-1.75) chez les personnes
obèses au cours de cette période, mais n'avaient pas
été modifiés chez les personnes non obèses. Quant
à l'atteinte des ADL, les risques pour les personnes obèses
n'étaient pas significativement plus importants que pour les personnes
ayant un poids normal (OR, 1.31; IC 95%, 0.92-1.88) au temps 1, mais avaient
augmenté à 2.05 (IC 95%, 1.45-2.88) au temps 2. Ceci provenait
du fait que les risques d'atteinte des ADL n'avait pas changé pour les
personnes obèses, mais avaient diminué de 34% chez les personnes
non obèses (OR, 0.66; IC 95%, 0.50-0.88).
Conclusions Les améliorations cardio-vasculaires
récentes ne se sont pas accompagnées d'une diminution du
handicap au sein de la population obèse âgée. Il semble
même que les participants obèses de l'enquête 1999-2004
avaient plus de probabilité de rapporter des altérations
fonctionnelles que les participants obèses de l'enquête
1988-1994, et les réductions de l'altération des ADL
observées chez les personnes non obèses âgées ne
sont pas apparues chez les personnes obèses. Avec le temps, les
déclins de la mortalité liée à
l'obésité, de même qu'une obésité
débutant à un âge plus jeune, peuvent conduire à
une augmentation du fardeau du handicap au sein de la population obese
âgées.
JAMA.
2007;298(17):2020-2027