Contexte La chimio-radiation en tant que thérapie définitive est le traitement primaire préféré pour les patients ayant un carcinome du canal anal; cependant, le taux de survie sans maladie à cinq ans sous fluorouracil/mitomycine avec radiations concourantes est seulement denviron 65%.
Objectif Comparer l'efficacité dun traitement (expérimental) à base de cisplatine versus un traitement à base de mitomycine (référence) dans le traitement du carcinome du canal anal.
Schéma, environnement et participants Lessai US Gastrointestinal Intergroup trial RTOG 98-11, un essai multicentrique, randomisé, de phase III, comparant un traitement comprenant du fluorouracil plus mitomycine avec radiothérapie à un traitement comprenant du fluorouracil plus cisplatine avec radiothérapie chez 682 patients ayant un carcinome du canal anal, inclus entre les 31 octobre 1998 et 27 juin 2005. Les stratifications incluaient le sexe, le statut ganglionnaire, et le diamètre de la tumeur.
Intervention Les participants étaient aléatoirement affectés à 1 des 2 groupes d'intervention : (1) le groupe à base de mitomycine (n=341), recevant fluorouracil (1000 mg/m2 des jours 1à 4 et 29 à 32) plus mitomycine (10 mg/m2 aux jours 1 et 29) avec radiothérapie (45-59 GY) ou (2) le groupe à base de cisplatine (n=341), recevant fluorouracil (1000 mg/m2 des jours 1à 4, 29 à 32, 57 à 60, et 85 à 88) plus cisplatine (75 mg/m2 aux jours 1, 29, 57, et 85) avec radiothérapie (45-59 GY ; premier jour = jour 57).
Principaux critères de jugement Le critère primaire de jugement était la survie sans maladie à cinq ans ; les critères secondaires étaient la survie globale et le délai avant rechute.
Résultats Au total, 644 patients étaient évaluables. Le suivi médian de tous les patients a été de 2.51 ans. L'âge médian était de 55 ans, 69% étaient des femmes, 27% avaient un diamètre de la tumeur supérieur à 5 cm, et 26% avaient des ganglions cliniquement positifs. Le taux de survie sans maladie à cinq ans a été de 60% (intervalle de confiance à 95% [IC], 53%-67%) dans le groupe à base de mitomycine et de 54% (IC 95%, 46%-60%) dans le groupe à base de cisplatine (P=0.17). Le taux de survie global à cinq ans a été de 75% (IC 95%, 67%-81%) dans le groupe mitomycine et de 70% (IC 95%, 63%-76%) dans le groupe cisplatine (P=0.10). La récidive loco-régionale à cinq ans et les taux de métastases à distance ont été de 25% (IC 95%, 20%-30%) et de 15% (IC 95%, 10%-20%), respectivement, pour le traitement mitomycine et de 33% (IC 95%, 27%-40%) et de 19% (IC 95%, 14%-24%), respectivement, pour le traitement cisplatine. Les taux cumulatifs de colostomie ont été sensiblement meilleurs avec le traitement mitomycine quavec le traitement cisplatine (10% contre 19% ; P=0.02). La toxicité hématologique a été plus sévère sous mitomycine (P<0.001).
Conclusions Dans cette population de patients ayant un carcinome du canal anal, le traitement à base de cisplatine n'a pas amélioré la survie sans maladie comparé au traitement à base de mitomycine, mais le traitement à base de cisplatine a résulté en un taux significativement moins bon de colostomies. Ces résultats ne sont pas en faveur de l'utilisation du cisplatine à la place de la mitomycine en association avec le fluorouracil et la radiothérapie dans le traitement du carcinome du canal anal.
Trial Registration clinicaltrials.gov Identifier: NCT00003596