Borovikovskii est un peintre russe à cheval sur les 18-19ème
siècles, car s'il est né au 18ème avant la
révolution française, il est mort en 1825 après la fin de
l'empire et les ravages napoléoniens de Moscou. Il a
prospéré sous et grâce à Catherine II et son statut
de noble a sans doute aussi contribué à sa
notoriété et à sa reconnaissance.
Doué pour le dessin, Borovikovskii rejoint d'abord l'armée et
ne viendra de façon définitive à l'art pictural
qu'après sa retraite militaire.
On est alors encore empreint de l'art iconique dans cette Russie
traditionnelle et l'artiste ne modifie pas cette approche très
traditionnelle de l'art russe. Il partage ainsi son temps entre icones et
portraits.
Puis la vie va prendre une autre tournure. Catherine II de Russie, que l'on
a appelée la Grande Catherine, stoppe à Kremenchug, dans le sud
de la Russie, lors de sa tournée en Crimée et commande à
Borovikovskii deux peintures allégoriques la mettant en scène.
C'est l'époque où il vaut mieux se forger un destin et une image
historique. Entre deux têtes coupées et deux langues
transpercées, la Grande Catherine se met en scène.
Le résultat du peintre l'impressionne tant qu'elle invite
Borovikovskii à Saint Petersburg où il rencontre Dmitrii
Levitskii, ukrainien comme lui, et devient son étudiant.
La popularité de Borovikovskii va croître rapidement. Il est
vrai que la recommandation de la Grande Catherine était d'une telle
valeur à cette époque, que l'artiste qui recevait cet adoubement
pouvait être certain de percer très vite, les recommandations des
Tsars Russes équivalant à des ordres, surtout ceux de Catherine,
Duchesse prussienne de naissance et dictatrice incontestée de l'Empire
Russe. Une impératrice à la main de fer dans un gant qu'elle
habillait de velours au regard du monde et de ceux de l'histoire.
Mais sa percée, Borovikovskii l'a doit aussi à son talent,
car, comme dans le portrait présenté (Portrait d'Anna Ivanovna
Bezborodko avec ses filles Liubov et Cléopâtre [1803]), il est
devenu un maître de l'art minutieux du dessin et des tissus. Il sait
travailler la soie et la dentelle et inclure ses sujets dans un environnement
chaleureux et douillet. Ses tableaux mettent donc en scène des
personnages, souvent avec un fond de paysage, parfaitement
intégré avec la nature, dans des poses d'abandon ou de
décontraction qui l'ont fait rattacher au sentimentalisme. Ce mouvement
prône en effet l'intégration ou l'unité de l'homme avec la
nature en opposition à toutes les conventions.
Borovikovskii reste cependant un homme de foi. Issu de la peinture
religieuse, il y retournera vers la fin de sa vie au point d'envisager de
devenir moine.
Il meurt en 1825, son héritage artistique étant assuré
par un des ses étudiants, Aleksei Venetsianov.