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  Vol. 298 No. 10, 12 septembre 2007 TABLE OF CONTENTS
  Perspectives sur les soins en fin de vie
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Prise en charge des nausées et vomissements réfractaires chez les patients en fin de vie

« J'étais tout le temps nauséeux...Rien n'agissait »

Gordon J. Wood, MD; Joseph W. Shega, MD; Beth Lynch, NP; Jamie H. Von Roenn, MD


RÉSUMÉ

Les nausées et les vomissements, qui surviennent fréquemment en fin de vie, constituent une source substantielle de détresse physique et psychologique pour les patients et les familles. Dans le cadre du cas de Monsieur Q., patient de 50 ans avec un cancer œsophagien métastatique, admis à l'hôpital avec des nausées et des vomissements réfractaires, nous passons en revue l'évaluation et le traitement de ce complexe de symptômes. L'interrogatoire et l'examen physique minutieux constituent les premières étapes fondamentales dans la prise en charge de ces patients, parce qu'ils permettent de définir la sévérité des symptômes et d'obtenir des indications sur leur étiologie sous-jacente. Après détermination de la cause la plus probable, le clinicien peut définir le mécanisme, les transmetteurs et les récepteurs spécifiques qui déclenchent les nausées et les vomissements. Le traitement pharmacologique subséquent est axé sur la prescription d'antagonistes ciblant les récepteurs impliqués. Si les symptômes persistent malgré une posologie adéquate et une administration prophylactique continue, il convient d'expérimenter un protocole empirique associant plusieurs traitements pour bloquer les multiples voies impliquées dans le réflexe émétique. Des agents moins traditionnels sont également évoqués dans cet article, bien que les données concernant leur utilisation soient limitées. Souvent, la prise orale des médicaments n'est pas réalisable; l'administration de formes alternatives doit alors être envisagée, comme les suppositoires, les injections sous-cutanées, et les comprimés orodispersibles. L'application de cette approche graduelle permet de traiter avec succès les nausées et les vomissements chez la plupart des patients en fin de vie.

JAMA. 2007;298(10):1196-1207



L'HISTOIRE DU PATIENT

Monsieur Q., concepteur en électronique âgé de 50 ans, présente un cancer oesophagien métastatique, traité par une chimiothérapie palliative de troisième ligne. Récemment, il a commencé à passer plus de la moitié de son temps au lit, en raison d'un manque général d'énergie, bien qu'il n'ait présenté aucune difficulté ni dyspnée à la marche. Il a été admis dans un hôpital universitaire en mai 2006, pour nausées et vomissements réfractaires.

Son histoire médicale a été marquée par des céphalées migraineuses, une dépression, et une rectocolite hémorragique pendant son enfance. En octobre 2005, Il a reçu un diagnostic de cancer œsophagien par biopsie endoscopique. La tomodensitométrie (TDM) thoracique effectuée à l'époque montrait un épaississement circonférentiel de l'œsophage distal et une adénopathie du ligament gastro-hépatique. En décembre 2005, il a commencé une chimiothérapie préopératoire avec docétaxel et capécitabine. En février 2006, il a subi une laparotomie exploratrice, mais la tumeur se révélait non résécable. Une endoprothèse de 20 X 20 mm a été posée à la jonction gastro-oesophagienne pour empêcher l'obstruction, et une sonde de jéjunostomie a été mise en place. En mars 2006, des examens TDM ont révélé des métastases hépatiques.

Monsieur Q. avait présenté des nausées et des vomissements intermittents tout au long de sa chimiothérapie, et se plaignait d'une sensation de brûlure douloureuse dans la poitrine et dans l'épigastre depuis la pose de l'endoprothèse oesophagienne. Dix jours avant son admission, il avait commencé une chimiothérapie palliative avec la capécitabine. Par la suite, ses nausées et vomissements se sont considérablement aggravés, les épisodes de vomissements survenant jusqu'à 10 fois par jour, avec des hautle-cœur non productifs et des vomissements bilieux. Aucune relation temporelle apparente n'était distinguée entre ces symptômes et l'alimentation orale par sonde. Le patient présentait des défécations quotidiennes normales, et l'initiation d'ondansétron n'avait aucun effet. Inquiets de cette incapacité à garder les aliments et les liquides, Monsieur Q. et sa femme se sont rendus aux urgences. À son admission à l'hôpital, Monsieur Q. a reçu une hydratation intraveineuse, mais rien par voie orale; cependant, ses nausées et vomissements persistaient. Son association antiémétique se composait alors de 8 mg d'ondansétron par voie intraveineuse deux fois par jour ; un patch de scopolamine de 1,5 mg par voie topique; du lorazépam, 1 mg en intraveineuse toutes les 4 à 6 heures selon les besoins; et de la prométhazine, 12,5 à 25 mg en intraveineuse toutes les 4 à 6 heures selon les besoins. Les traitements complémentaires incluaient l'élixir de morphine par voie orale selon les besoins, le bupropion, le docusate, le chlorure de potassium, et le fentanyl transdermique et transmuqueux. À l'examen physique, ses muqueuses étaient humides, sans muguet buccal. Son examen abdominal ne révélait aucune sensibilité ni distension, l'absence d'hépatosplénomégalie, et des bruits intestinaux normaux. Ses analyses biologiques étaient normales et incluaient une numération formule sanguine, un ionogramme, des tests de la fonction hépatique, un dosage de l'amylase et de la lipase, et un examen des urines. La TDM abdominale et pelvienne n'a révélé aucune anse intestinale anormalement dilatée. Un conseiller en soins palliatifs, le Docteur O., a été consulté pour participer à la prise en charge des nausées et des vomissements du patient.


PERSPECTIVES

Un rédacteur de Perspectives a interviewé Monsieur Q. et le Docteur O. en mai et juin 2006.

MONSIEUR Q.: C'était atroce... J'étais toujours nauséeux et je vomissais tout. J'avais vraiment très peu d'énergie et je perdais du poids. Ce qui m'a incité à aller à l'hôpital, c'est... Je ne pouvais vraiment plus rien manger ni boire. Même l'alimentation par sonde de jéjunostomie...me rendait nauséeux. Ma femme et moi, on avait peur que je meure d'inanition.... On est allés aux urgences et on y a attendu longtemps... Ils ne pouvaient pas me laisser rentrer chez moi sans trouver le moyen de me faire absorber de l'eau et des aliments.

DR. O. (médecin en soins palliatifs) : Nous avons été consultés [au sujet de M. Q.] par l'équipe de soins primaires pour traiter ses symptômes... Il ne mangeait pas grand-chose, et était donc de plus en plus faible.

Les nausées et les vomissements sont des symptômes fréquents en fin de vie, qui surviennent chez 62 % des patients en phase terminale de cancer, avec une prévalence d'au moins 40 % au cours des 6 dernières semaines de vie.1 Bien qu'ils aient été le plus souvent étudiés dans les cancers, les nausées et les vomissements sont également fréquents dans d'autres maladies terminales, comme l'insuffisance cardiaque congestive et le SIDA.2,3 Dans une revue rétrospective de 100 patients consécutifs avec divers diagnostics, admis dans une unité de soins palliatifs, 71 % rapportaient des nausées pendant leur séjour.4 Les nausées se présentent souvent avec un ensemble de symptômes5 ; dans une étude, 25 % des patients cancéreux traités contre la douleur rapportaient également des nausées.6 Les nausées et les vomissements génèrent une détresse psychologique substantielle en phase terminale, chez les patients et les familles,7 les symptômes mal contrôlés contribuant à des craintes liées à l'inanition, la déshydratation, voire la progression de la maladie.

En utilisant le cas de Monsieur Q., cet article décrit une approche générale de la prise en charge des patients présentant des nausées et des vomissements en fin de vie, en se basant sur des données empiriques, et en leur absence, sur notre expérience clinique. Cette approche implique : (1) une évaluation minutieuse pour déterminer l'étiologie des symptômes présentés ; (2) l'utilisation de la physiopathologie pour déterminer le mécanisme, puis les récepteurs sous-tendant les nausées et les vomissements du patient ; et (3) le choix d'un antiémétique pour bloquer les récepteurs impliqués. En raison de l'importance des nausées réfractaires en fin de vie, cet article met un accent particulier sur la manière d'aborder ces symptômes, définis ici par des nausées et des vomissements non correctement contrôlés par l'utilisation consécutive ou concomitante de multiples antiémétiques. Bien que nous pensions qu'une approche basée sur le mécanisme soit applicable à tout patient présentant des nausées et vomissements, le contenu de cet article peut ne pas être généralisable aux populations ayant une espérance de vie moins limitée.


ÉVALUATION

L'interrogatoire et l'examen physique constituent les premières étapes fondamentales dans l'évaluation des nausées et des vomissements, car ils fournissent une mesure de la sévérité des symptôme8 et des indications sur leur étiologie sous-jacente. Une évaluation rigoureuse a permis aux médecins d'une étude d'établir avec certitude la cause des nausées et vomissements chez environ 45 (75 %) sur 61 patients de soins palliatifs.9 Les causes les plus fréquemment citées étaient des anomalies chimiques (d'origine métabolique, médicamenteuse, infectieuse ; 33 %), une altération de la vidange gastrique (44 %), et des causes viscérales et séreuses (occlusion intestinale, saignement gastrique, entérite, constipation; 31 %).9 Une étude de 40 épisodes-patients de nausées, de vomissements, ou des deux, dans une unité de soins palliatifs, a identifié 59 causes réversibles, incluant le plus souvent les médicaments (51 %) et la constipation (19 %).10

L'interrogatoire doit être axé sur la caractérisation des nausées et des vomissements, ainsi que de tout symptôme associé (Tableau 1).11,12 Une attention particulière doit être portée aux plaintes d'anorexie, dans la mesure où elle peut représenter une nausée constante de faible degré. Bien que Monsieur Q. n'ait pas eu d'histoire de constipation, ce facteur doit être écarté chez tous les patients,11,13 compte tenu de sa fréquence en fin de vie.10 Cela inclut un interrogatoire détaillé sur la fréquence et la consistance des selles; en effet, de nombreux patients ayant une alimentation orale limitée pensent à tort qu'il est normal d'avoir des défécations peu fréquentes. Monsieur Q. rapportait des brûlures oesophagiennes concordant avec un reflux gastro-oesophagien, une complication fréquente après la mise en place d'une endoprothèse oesophagienne.14


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Tableau 1.. Interrogatoire et examen physique: indications sur les étiologies spécifiques des nausées et vomissementsa


L'obtention des antécédents médicamenteux complets est essentielle, incluant un examen minutieux des médicaments de prescription et en vente libre nouvellement initiés et récemment interrompus. Les agents chimiothérapeutiques, les opioïdes, les antidépresseurs et les antibiotiques sont des facteurs contributifs fréquents dans les nausées et vomissements en fin de vie.15 L'interruption récente et/ou rapide des corticoïdes ou de la progestérone à forte dose peuvent provoquer des nausées liées à l'insuffisance surrénale.16

Les traitements non pharmacologiques doivent également être considérés dans l'évaluation. La radiothérapie, surtout au niveau de l'abdomen ou du rachis lombo-sacré, peut causer des nausées et des vomissements.17 Toute chirurgie récente, et plus particulièrement la chirurgie abdominale, peut également produire ces symptômes.18 Dans le cas de Monsieur Q., la pose d'un stent oesophagien, la chimiothérapie palliative par capécitabine (bien qu'à faible risque émétisant), et le traitement opioïde ont tous pu contribuer à ses nausées. Le bupropion et le chlorure de potassium peuvent être émétogènes, mais ils constituent des traitements de longue date pour Monsieur Q., et en tant que tels, sont moins susceptibles d'être responsables de ses symptômes.

Les antécédents médicaux fournissent des indications complémentaires essentielles. L'ulcère gastroduodénal, le reflux gastro-oesophagien, ou les deux, peuvent expliquer ces symptômes. Le diabète sucré, l'alcoolisme, l'insuffisance rénale chronique, le cancer avancé, les maladies auto-immunes, l'amyloïdose, et la maladie de parkinson, sont tous associés à une dystonie neurovégétative et à une vidange gastrique retardée.19 Pour les patients cancéreux, le type de malignité, son site d'origine, et la localisation des métastases sont prédisposantes. Ainsi, les métastases hépatiques, l'occlusion intestinale maligne, et la carcinose péritonéale peuvent tous induire des nausées et des vomissements.12 La compression externe de l'estomac ou du duodénum par une tumeur ou des ascites massives est associée à des nausées et des vomissements dus au syndrome du petit estomac.12 La tumeur cérébrale, primaire ou métastatique, ou leptoméningée peut également avoir un effet émétogène.12 Enfin, l'état psychologique d'un patient, particulièrement l'anxiété ou la dépression, peut être associé à des nausées.20 Les antécédents médicaux de migraine et de rectocolite hémorragique de Monsieur Q. peuvent être responsables de nausées, mais ces facteurs se révèlent actuellement latents. Le cancer oesophagien, par extension directe, peut irriter les muqueuses oesophagiennes ou gastriques, provoquant des nausées et des vomissements. Monsieur Q. ne semble pas avoir de métastases distantes contributives.

L'examen physique apporte des indications supplémentaires sur l'étiologie des nausées et des vomissements des patients; les principaux éléments sont énumérés dans le Tableau 1. Cependant, Monsieur Q. présentait un examen abdominal, rectal et neurologique normal.

Les examens biologiques et radiologiques peuvent fournir des indications diagnostiques, mais pour les patients en soins palliatifs, un bilan exhaustif empêche souvent de minimiser le degré des symptômes et d'optimiser la prise en charge.11 L'examen biologique peut révéler une insuffisance rénale, une hyponatrémie, une insuffisance hépatique, une pancréatite, ou une hypercalcémie, qui sont tous susceptibles de provoquer des nausées et des vomissements ou d'y contribuer. La toxicité médicamenteuse de la digoxine ou des anticonvulsivants peut précipiter ces symptômes et, si elle est suspectée, peut justifier la vérification des taux sériques. Un cliché en décubitus de l'abdomen permet d'identifier une constipation,13 et est particulièrement utile chez les patients délirants ou déments, qui sont incapables de fournir des données précises concernant les défécations récentes. Enfin, un cliché abdominal en orthostatisme peut permettre d'identifier les niveaux hydroaériques si une obstruction du tractus gastro-intestinal (GI) est suspectée. Les examens biologiques de Monsieur Q. n'avaient rien de notable, et sa TDM ne révélait pas de signes d'occlusion intestinale.


MÉCANISMES

Les 4 voies afférentes

DR. O.: J'ai passé en revue une très longue liste de.... causes de nausées et vomissements réfractaires.... Il est important d'avoir un diagnostic étiologique, afin de déterminer quels traitements seront les plus utiles.

Après avoir dégagé l'étiologie la plus probable des nausées et vomissements, l'étape suivante consiste à déterminer quel mécanisme déclenche les symptômes, afin de guider le traitement. Les nausées et les vomissements sont causés par la stimulation d'au moins 1 voie afférente sur 4. Chacune d'elles envoie des influx au centre du vomissement situé dans le tronc cérébral, ce qui produit des nausées ou des vomissements lorsque les seuils minimaux sont atteints (Figure). Les 4 voies afférentes sont les suivantes12,21-24:


Figure 1
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Figure.. Interrelations entre les voies neuronales médiant les nausées et les vomissements


  1. La zone gâchette chémoréceptrice (CTZ): fonctionnellement extérieure à la barrière hémato-encéphalique, la CTZ est exposée aux toxines circulant dans le sang et le liquide céphalo-rachidien, qui peuvent stimuler les vomissements.
  2. Le cortex: théoriquement déclencheur de nausées par le biais des influx sensoriels, de l'anxiété, d'une irritation méningée, ou d'une hypertension intracrânienne, le cortex envoie de nombreuses afférences vers le centre du vomissement.
  3. Les voies périphériques : principales afférences stimulant le réflexe émétique du système périphérique, elles sont déclenchées par des mécanorécepteurs et des chimiorécepteurs dans le tractus GI, la séreuse et les viscères, et transmises par les nerfs pneumogastriques et splanchniques, le système sympathique, et les nerfs glosso-pharyngiens.
  4. Le système vestibulaire : médiés par des afférences labyrinthiques vers le centre du vomissement via le nerf vestibuloco-chléaire, les nausées et les vomissements sont déclenchés par le mouvement.

Physiopathologie des étiologies courantes

Nausées et vomissements induits par les opioïdes. Jusqu'à 40 % des patients traités par opioïdes présentent des nausées et des vomissements,25 déclenchés par la constipation, la stimulation de la CTZ, la gastroparésie, et la stimulation labyrinthique.26 Les effets dans la CTZ sont essentiellement médiés par les récepteurs dopaminergiques centraux de type D2 (D2), tandis que la gastroparésie est médiée par les récepteurs D2 périphériques. Bien que de premières études aient attribué les nausées et les vomissements induits par les opioïdes à l'accumulation de métabolites, particulièrement de morphine-6-glucuronide,27 les études plus récentes ne soutiennent pas cette théorie.28

Nausées et vomissements induits par la chimiothérapie. La chimiothérapie provoque des nausées et des vomissements par un ensemble complexe de mécanismes.29 Tout d'abord, il est admis que la chimiothérapie stimule directement la CTZ. Cet effet semble médié par les récepteurs de la 5-hydroxytryptamine de type 3 (5HT3) et de la neurokinine de type 1 (NK1). Il est également admis que la chimiothérapie altère les muqueuses GI et induit la libération de neurotransmetteurs, dont la 5HT3. Ceci stimule les nausées et les vomissements via des influx périphériques médiés par les nerfs pneumogastriques et splanchniques. Ces symptômes semblent en outre avoir une certaine origine neuro-hormonale, induite par l'élévation des taux d'arginine vasopressine et de prostaglandine.29 Enfin, les nausées et les vomissements induits par la chimiothérapie peuvent être médiés par l'anxiété, qui peut déclencher ces symptômes via des voies centrales.30,31

Occlusion intestinale maligne. L'occlusion intestinale maligne peut survenir avec toute affection maligne, mais est le plus souvent associée aux cancers ovarien et colorectal avancés.32 Les voies périphériques sont stimulées par suite de l'étirement de la paroi intestinale, de la douleur, et des coliques associés à l'accumulation d'aliments et de liquides en amont de l'occlusion. En outre, la CTZ est probablement stimulée par des médiateurs inflammatoires et des toxines bactériennes.24

Troubles de la motilité intestinale dans le cancer avancé. La dystonie neurovégétative peut jouer un rôle central dans les nausées et les vomissements chroniques chez les patients avec un cancer avancé, en conséquence d'une gastroparésie et d'une constipation.33 Les symptômes sont probablement déclenchés par l'activation des voies périphériques, due à l'étirement de la paroi gastrique ou oesophagienne lié au mauvais transit. L'étiologie de la dystonie neurovégétative chez les patients avec un cancer avancé est multifactorielle, et inclut la malnutrition et la cachexie, la chimiothérapie et autres traitements, la radiothérapie, les phénomènes paranéoplasiques, l'invasion des nerfs par la tumeur, et les comorbidités comme le diabète sucré.12

L'irritation oesophagienne de Monsieur Q., due au degré de sa tumeur et au reflux consécutif à la pose du stent, déclenche probablement des nausées via l'influx vagal transmis au centre du vomissement. Il est possible que les opioïdes activent les récepteurs D2 centraux dans la CTZ, et que la chimiothérapie par capécitabine active les récepteurs NK1 dans la CTZ et les récepteurs 5HT3 dans le tractus GI et la CTZ.


TRAITEMENT

DR O. : Nous avons élaboré une liste d'étiologies potentielles et avons tenté de les classer... Nous avons recommandé l'adjonction de [la prochlorpérazine] dans l'éventualité que les opiacés étaient responsables des nausées. En prévision de la présence potentielle d'une candidose oesophagienne, nous avons recommandé l'utilisation de la nystatine. En raison du stent et de la possibilité qu'un reflux produisait une irritation de l'oesophage et du tractus GI supérieur, nous avons envisagé d'ajouter [du sucralfate].

MONSIEUR Q. : Ils ont commencé par me faire prendre différentes [associations de] traitements antalgiques et antinauséeux. Ce qui a fait le plus de différence, à mon avis, c'est lorsqu'ils m'ont mis sous un antiacide appelé [lansoprazole]... le reflux acide s'est amélioré 2 ou 3 jours plus tard. C'était associé à d'autres médicaments antinauséeux... Le deuxième jour, je n'avalais toujours rien, mais je ne vomissais plus.

L'évaluation minutieuse visant à déterminer l'origine des symptômes ainsi que le mécanisme physiopathologique par lequel ils sont déclenchés permet, dans un premier temps, d'initier un traitement ciblé. Le traitement ne doit pas inclure seulement des antiémétiques, mais également des produits permettant de réduire la cause des symptômes, comme l'inhibiteur de la pompe à protons dans le cas de Monsieur Q.

Traitement non pharmacologique

Le traitement non pharmacologique est un premier élément fondamental dans la prise en charge des nausées réfractaires. Des recommandations simples, comme éviter les odeurs fortes ou d'autres déclencheurs de nausées, privilégier l'apport fréquent de mets en petites quantités, et limiter l'alimentation orale pendant les périodes de forts vomissements, sont pertinentes.34,35 Les techniques psychologiques, surtout celles promouvant la relaxation, peuvent être bénéfiques.36,37 L'acupuncture et l'acupression peuvent produire certains bénéfices dans le cadre d'une chimiothérapie ou d'une chirurgie. Une revue systématique a trouvé des bénéfices dans la stimulation du point 6 (juste audessus du poignet) dans 11 sur 12 études randomisées, contrôlées contre placebo.38 Cependant, les bandes d'acupression n'ont pas démontré d'efficacité.39 Les techniques médicales incluant la stimulation électrique gastriqu40 et la stimulation nerveuse électrique transcutanée41 sont actuellement en cours d'étude, mais l'absence de données concluantes et leur coût substantiel limitent pour l'instant leur utilisation.

Traitement pharmacologique

Il a été démontré qu'un schéma thérapeutique basé sur le mécanisme, incluant l'antagoniste le plus puissant des récepteurs impliqués, était efficace chez 80 % à 90 % des patients en fin de vie.9,10,42 Il convient de noter que certains praticiens recommandent de commencer par un protocole antiémétique empirique, généralement avec un antagoniste de D2, indépendamment de l'étiologie supposée.43 À ce jour, il n'existe aucune étude comparative sur les traitements mécanistique et empirique.44 Nous recommandons et pratiquons un modèle thérapeutique basé sur le mécanisme, parce qu'il favorise une approche systématique de l'administration des soins au patient, identifie tous les facteurs symptomatiques potentiellement impliqués, oriente le traitement, et minimise le risque de surmédicaliser une population vulnérable.

Dans la pratique, de multiples étiologies sont souvent en jeu, et les patients sont fortement symptomatiques à la présentation, ce qui nécessite un traitement empirique et de nombreuses interventions tout au long de l'évaluation. Toutes les causes sous-jacentes potentielles, telles que la constipation, les opioïdes et les troubles électrolytiques, doivent être traitées simultanément pour bénéficier des meilleures chances de résoudre rapidement les symptômes. Lors de la sélection d'antiémétiques pour ces patients, nous favorisons l'initiation de médicaments qui ciblent le récepteur D2, comme le métoclopramide, le prochlorpérazine, ou l'halopéridol, qui constituent le fondement de nombreux schémas empiriques.43,45-47

Le choix de l'un de ces agents est judicieux d'un point de vue mécanistique, dans la mesure où les antagonistes de D2 inhibent les nausées médiées par la CTZ, cause fréquente de ces symptômes chez les patients en phase terminale.

Un autre facteur majeur à considérer lors de la sélection d'un antiémétique est le profil d'effets indésirables du médicament. Ainsi, un patient ayant des nausées dues à la stimulation de la CTZ peut tirer avantage d'un antagoniste de 5HT3 ou de D2. Si le patient est réticent face à la sédation excessive, le clinicien peut écarter les antagonistes de D2 ; si en revanche, la constipation est particulièrement problématique, les antagonistes de D2 peuvent constituer la meilleure option.

Récemment, l'intégration d'antagonistes de la 5HT3, comme l'ondansétron, a été développée. Certaines données soutiennent l'utilisation de ces agents dans le traitement des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie,48 les nausées induites par la radiothérapie,49 et les nausées postopératoires.50 Des études plus petites suggèrent l'efficacité des antagonistes de 5HT3 dans les nausées et les vomissements dus au opioïdes51 et à l'urémie.52 Cependant, les données de la littérature ne soutiennent pas l'utilisation empirique de ces agents en dehors des scénarios cliniques indiqués. En outre, pour les étiologies les plus communes des nausées et des vomissements en fin de vie, les antagonistes de 5HT3 ne sont pas plus efficaces que les antagonistes de D2 moins onéreux.53,54

Malgré les données soutenant son utilisation, la méthode de la monothérapie mécanistique peut ne pas réduire les nausées et les vomissements à un niveau acceptable.9 Avant de changer d'association thérapeutique, les praticiens doivent s'assurer que le traitement prescrit a été correctement administré. Un écueil fréquent dans la prise en charge de ces symptômes réside dans le fait que les antiémétiques de première ligne sont prescrits selon les besoins plutôt que sur une base régulière.11 Si les nausées et les vomissements persistent malgré une inhibition efficace des voies ciblées, un deuxième agent, antagoniste d'autres neurotransmetteurs impliqués, doit être ajouté. L'adjonction d'un second agent est préférable à la substitution, dans la mesure où les nausées sont souvent multifactorielles, et où plusieurs neurotransmetteurs agissent à chaque site récepteur. Cette approche s'est démontrée efficace dans la chimiothérapi48 et chez les patients en fin de vie.43,55-57

Le traitement prophylactique avant de recevoir des facteurs émétisants connus est valable surtout avec la chimiothérapie,48 la radiothérapie,17 dans un contexte postopératoire,58 ou chez les patients avec des réactions indésirables connues aux opioïdes par exemple.59 La prévention des nausées est particulièrement importante si le stimulus est susceptible d'être répété, comme avec la chimiothérapie, en raison du fort potentiel de développement de réponses apprises.30

Dans le cas de Monsieur Q., une évaluation soigneuse a révélé plusieurs facteurs favorisants possibles. Le Docteur O. a donc recommandé la prochlorpérazine pour bloquer les récepteurs de D2 dans la CTZ, afin de contrer les nausées et les vomissements dus au opioïdes. Le Dr. O. a en outre recommandé l'utilisation du lansoprazole et du sucralfate pour traiter le reflux gastro-oesophagien de Monsieur Q.

Dans le chapitre suivant, nous appliquons l'approche mécanistique de la prise en charge de certaines des causes les plus communes des nausées et des vomissements chez les patients en fin de vie (Tableau 2). Le Tableau 3 fournit une liste des antiémétiques fréquemment utilisés, leur mécanisme d'action, leur posologie, leurs effets indésirables fréquents, et leur coût. Le Tableau 4 détaille des études sélectionnées soutenant l'utilisation de ces substances chez les patients en fin de vie.


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Tableau 2.. Scénarios cliniques fréquents associés aux nausées et vomissements en fin de vie



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Tableau 3.. Antiémétiques



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Tableau 4.. Études sélectionnées soutenant l'utilisation d'antiémétiques communsa


Nausées et vomissements induits par les opioïdes

Généralement, les nausées et vomissements induits par les opioïdes surviennent avec l'initiation d'opioïdes ou avec l'escalade de dose, et se résorbent dans les 3 à 5 jours d'utilisation continue. En cas de nausées, des antiémétiques ciblant les récepteurs de D2 doivent être prescrits en continu pendant plusieurs jours, puis adaptés en fonction de la tolérance.24,70 L'halopéridol, le dropéridol,46,59,71 et le métoclopramid59,72 ont tous démontré leur efficacité. Les données limitées suggèrent que la prométhazine pourrait potentialiser les effets des opioïdes.73 Bien que certains cliniciens considèrent cette interaction avec les opioïdes comme un avantage thérapeutique, d'autres évitent la prométhazine en raison de sa sédation et du risque majoré de dépression respiratoire.74

Un nombre restreint de patients développent des nausées persistantes qui peuvent s'améliorer avec une réduction posologique ou une rotation des opioïdes. Une réduction de 10 % à 20 % de la dose quotidienne d'opioïde calme souvent les nausées, sans diminution de l'analgésie.75 Cependant, si la réduction posologique est irréalisable ou sans effets, la rotation d'opioïde s'avère efficace selon certaines études prospectives et rétrospectives.76,77

Nausées et vomissements induits par la chimiothérapie

Les objectifs de soins des patients sont souverains lorsque l'on envisage la chimiothérapie en phase terminale. La prise en charge des nausées et des vomissements induits par la chimiothérapie est préventive et basée sur le potentiel émétisant de l'agent prescrit (Tableau 5).48


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Tableau 5.. Recommandations de l'American Society of Clinical Oncology pour la prise en charge des nausées et vomissements induits par la chimiothérapiea


Certaines des nausées associées à la chimiothérapie peuvent également être liées à l'anxiété ou être anticipatoires, les patients associant l'administration de la chimiothérapie avec les nausées.37 Ceci pourrait partiellement expliquer l'efficacité décroissante observée des antiémétiques chez les patients subissant de multiples cycles de chimiothérapie.78 Bien que n'étant pas strictement classifiables comme antiémétiques, les benzodiazépines comme le lorazépam sont efficaces dans la prévention des nausées anticipatoires.79,80 Cependant, en dehors de ce contexte, l'utilisation des benzodiazépines est généralement déconseillée dans le traitement des nausées.81

Occlusion intestinale maligne

Le traitement de l'occlusion intestinale maligne implique souvent des interventions tant pharmacologiques que non pharmacologiques. La chirurgie n'est généralement pas recommandée chez les personnes ayant une espérance de vie de moins de 2 mois,82,83 parce qu'elle n'améliore pas la survie, atténue rarement les symptômes, et est associée à un taux élevé de complications.84

Les endoprothèses du tractus gastro-intestinal peuvent avoir un rôle, en fonction de la localisation de l'obstruction, mais ont été associées à des complications.85 Les sondes nasogastriques peuvent réduire les symptômes, mais ne doivent être utilisées que provisoirement, parallèlement à la poursuite d'autres traitements, compte tenu des complications et de l'inconfort associés à leur utilisation à long terme.32

Heureusement, le traitement médical permet un contrôle très efficace des symptômes.86 Le traitement pharmacologique recommandé inclut les analgésiques, les antisécrétoires, et les antiémétiques.32 Les opioïdes sont utilisés dans le contrôle de la douleur. Les anticholinergiques, comme l'hyoscyamine, et les analogues de la somatostatine (octréotide) réduisent la sécrétion gastrique et agissent potentiellement sur la douleur et les nausées en diminuant la distension de la muqueuse et le péristaltisme. L'octréotide peut être administré par voie sous-cutanée, en commençant à la dose de 50 à 100 µg 3 fois par jour (jusqu'à un maximum de 900 µg par jour). Certaines unités de soins palliatifs administrent l'octréotide en perfusion continue à des doses beaucoup plus élevées, bien que les données soutenant cette pratique soient limitées. Le métoclopramide est recommandé chez les patients avec des nausées et une occlusion partielle sans colique. Chez les patients ayant une occlusion totale, le métoclopramide peut induire des coliques par stimulation de la motilité intestinale via les récepteurs D2 périphériques ; cette crainte pourrait cependant être abusive.87 Pour ces patients, les agents recommandés sont les antagonistes des récepteurs D2 centraux, comme l'halopéridol, qui agissent principalement au niveau de la CTZ. Les antihistaminiques, qui agissent sur les voies périphériques et le centre de vomissement, peuvent également être efficaces. Les corticoïdes, comme le dexaméthasone, sont généralement inclus dans la plupart des associations antiémétiques pour leur effet potentiel sur l'inflammation associée aux tumeurs. Une récente revue Cochrane a trouvé une tendance non significative (p > 0,05) suggérant que les corticoïdes pourraient être efficaces dans la résolution de l'occlusion.88

Si le traitement médical apporte un soulagement insuffisant, une gastrostomie de décharge peut être posée. Elle permet l'aspiration des sécrétions gastriques et oropharyngées sans tube nasogastrique, et le patient peut continuer à boire normalement selon ses besoins.89

Nausées et vomissements réfractaires

MONSIEUR Q.: On a essayé ces traitements sous surveillance directe [ondansétron, ODT] pour les nausées. Mais rien n'agissait. Ce n'est qu'à l'hôpital, quand on a commencé les essais, que j'ai vraiment connu un peu de soulagement.

Dans certains cas, les nausées et les vomissements peuvent persister malgré une approchée mécanistique associant plusieurs médicaments, administrés à des posologies adéquates sur une base régulière, et ciblant plusieurs voies afférentes. Dans ces situations, des agents moins traditionnels peuvent être envisagés, mais les données soutenant leur usage restent limitées. Ainsi, le dexaméthasone est largement utilisé pour ses effets antiémétiques en soins palliatifs, même si une récente étude n'a pas démontré d'effet supérieur au placebo lorsqu'il était associé au métoclopramide chez des patients avec des nausées chroniques dans le cancer avancé.90 En dépit des résultats de cette étude, les corticoïdes ont des propriétés antiémétiques bien décrites,91 et, selon notre expérience, sont extrêmement efficaces pour réduire la sévérité des symptômes. La mirtazapine, un antidépresseur qui bloque le récepteur 5HT3, est aussi fréquemment utilisée pour atténuer les symptômes réfractaires. À ce jour, les données soutenant son utilisation sont limitées à de petites études et à des observations.69,92 Les cannabinoïdes, comme le dronabinol, peuvent être des antiémétiques efficaces chez les patients atteints du SIDA93,94 et de cancer,95,96 mais doivent être utilisés avec prudence chez les adultes âgés ou les patients naïfs de cannabinoïdes, parce que leurs effets indésirables, incluant la confusion et les hallucinations, peuvent être marqués. L'olanzapine, antipsychotique atypique, bloque plusieurs récepteurs associés aux nausées et aux vomissements, incluant les récepteurs dopaminergiques, cholinergiques, histaminiques, et sérotoninergiques. De plus vastes études sont nécessaires pour mieux définir son rôle.97-99

L'acétate de mégestrol et le thalidomide ont réduit les nausées chez des patients inclus dans des études cliniques sur la stimulation de l'appétit,100,101 mais sont rarement utilisés pour leurs seules propriétés antiémétiques. Le suppositoire ABHR, une préparation combinant du lorazépam (Ativan), de la diphenhydramine (Benadryl), de l'halopéridol (Haldol) et du métoclopramide (Reglan), est souvent utilisé chez les patients de soins palliatifs, bien qu'il n'existe pas de données soutenant son bénéfice. Il est bien toléré,102 mais selon notre expérience, agit principalement par sédation. La phytothérapie est utilisée pour traiter les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie103 et par la grossesse,104 mais il existe peu de données soutenant son utilisation dans les populations de patients en fin de vie.105 Enfin, les antagonistes de la 5HT3 sont parfois utilisés pour traiter les nausées et les vomissements réfractaires,106-108 mais comme indiqué plus haut, peu de données soutiennent leur utilisation en dehors de scénarios cliniques bien définis.

Les nausées et vomissements réfractaires pouvant exclure l'administration orale des médicaments, des voies alternatives doivent être envisagées. Nombre des antiémétiques les plus courants sont disponibles sous différentes formes, comme les suppositoires, les injections sous-cutanées,109 et les comprimés orodispersibles (Tableau 3), ce qui permet aux patients d'être traités à leur domicile.

Polymédication et interactions médicamenteuses

DR O. : Normalement, j'aime faire les choses les unes après les autres. En faisant plusieurs choses en même temps, on ne sait jamais lesquelles ont été utiles... J'avais un peu peur que l'équipe médicale utilise une trop grande diversité d'antinauséeux.

Éviter la polymédication est un aspect fondamental de la prise en charge des nausées et des vomissements, pour les raisons évoquées par le Dr. O. Si les patients prennent plusieurs médicaments, il peut être difficile d'identifier l'agent actif; de plus, les patients sont plus exposés à des risques d'effets indésirables et d'interactions médicamenteuses.110 La précipitation du délire chez les patients en fin de vie est particulièrement à craindre parce qu'ils présentent une réserve cognitive diminuée, et la plupart des antiémétiques ont une action centrale.111-113 Les outils standardisés, comme la Méthode d'évaluation de la confusion mentale,114 sont efficace et doivent être intégrés en routine dans la pratique clinique pour dépister le délire chez les patients en phase avancée de maladies réduisant l'espérance de vie.

L'une des erreurs fréquentes dans la prise en charge des nausées et des vomissements est l'administration concomitante de plusieurs antiémétiques qui antagonisent le même récepteur, entraînant des effets indésirables à des doses inférieures à celles attendues. Ainsi, la prise concomitante de prochlorpérazine et d'halopéridol, qui agissent tous deux sur le récepteur D2, majore le risque de réaction dystonique ou d'acathisie. Une approche basée sur le mécanisme contribue à éviter cet écueil et favorise l'introduction progressive de médicaments qui agissent à différents sites récepteurs.

Sédation palliative

Si les nausées et les vomissements persistent malgré des tentatives multimodales offensives pour les contrôler, la sédation palliative peut être envisagée chez les patients ayant une espérance de vie limitée.115,116 Bien que les symptômes de nausées et de vomissements constituent rarement l'indication primaire pour la sédation palliative,117 ils constituent des symptômes secondaires fréquemment relevés chez les patients choisissant la sédation palliative pour d'autres raisons (36 %-44 % des cas).115 Il n'existe pas de schéma thérapeutique standard pour la sédation des patients avec nausées réfractaires; cependant, le propofol a été proposé comme une option idéale parce qu'il bloque les récepteurs 5HT3, produisant un effet antiémétique en plus de son action sédative.118


CONCLUSIONS

Il a été démontré qu'une approche progressive, basée sur le mécanisme physiopathologique, était efficace dans le traitement des nausées et des vomissements chez une majorité de patients présentant ces symptômes en fin de vie. Une évaluation rigoureuse pour déterminer les étiologies potentielles, les voies afférentes, ainsi que les transmetteurs et récepteurs respectifs, permet au clinicien de prescrire l'antagoniste le plus approprié du récepteur responsable. Si la monothérapie est inefficace, un protocole combinant plusieurs traitements pour bloquer de multiples stimuli émétiques est recommandé. De nouvelles études permettront de mieux définir les stratégies de prise en charge en soins palliatifs, afin de minimiser les effets indésirables et de maximiser le contrôle de ces symptômes extrêmement éprouvants.


Informations sur les auteurs

Correspondance : Gordon J. Wood, MD, Section of Palliative Care and Medical Ethics, Institute to Enhance Palliative Care, University of Pittsburgh School of Medicine, 200 Lothrop St, Suite 933 W, Pittsburgh, PA 15213 (woodgj{at}upmc.edu).

Les affiliations des auteurs sont indiquées à la fin de l'article.

Perspectives de soins en fin de vie est produit et publié à l'University of California, San Francisco, par Stephen J. McPhee, MD, Michael W. Rabow, MD, and Steven Z. Pantilat, MD; Amy J. Markowitz, JD, est le rédacteur exécutif.

Rédacteur en chef de la section Perspectives de soins en fin de vie : Margaret A. Winker, MD, Rédactrice en chef-adjointe.

Liens financiers : Aucun déclaré.

Financement/Soutien : La section Perspectives de soins en fin de vie est rendue possible grâce à l'attribution d'une bourse de l'Archstone Foundation.

Rôle du sponsor : La source de financement n'a joué aucun rôle dans la préparation, la revue ou l'approbation du manuscrit.

Autres sources: Pour une liste des sites Internet associés, voir l'article sur le site Internet du JAMA à http://www.jama.com.

Affiliations des auteurs : Department of Medicine, Division of Hematology/Oncology, Feinberg School of Medicine, Northwestern University, Chicago, Illinois. Le Dr Wood est maintenant avec le Department of Medicine, Division of General Internal Medicine, Section of Palliative Care and Medical Ethics, Institute to Enhance Palliative Care, University of Pittsburgh School of Medicine, Pittsburgh, Pennsylvania.


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