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PAGES DU PRATICIEN
Tentative de conception d'une femme de 30 ans avec hypertension chronique
Raymond O. Powrie, MD, Intervenant
RÉSUMÉ
Mme F., est une femme de 30 ans avec une histoire d'hypertension chronique
et de prééclampsie suspectée lors d'une première
grossesse. Elle tente actuellement de concevoir un enfant, et voudrait
connaître les répercussions de son hypertension sur une grossesse
future, ainsi que les meilleurs moyens de la traiter, aujourd'hui et pendant
la grossesse. Le traitement de l'hypertension chronique avant, pendant et
après la grossesse est examiné, en insistant sur les objectifs
thérapeutiques, ainsi que sur l'innocuité des médicaments
en cours de grossesse et d'allaitement. La prééclampsie est la
complication la plus fréquente de l'hypertension chronique pendant la
grossesse, et inquiète particulièrement Mme F. parce qu'elle
peut l'avoir présentée précédemment. Les
connaissances actuelles relatives à la pathogenèse de cette
maladie énigmatique sont donc également revues,
parallèlement à ses conséquences sur la santé
maternelle à long terme.
JAMA.
2007;298(13):1548-1559
DR BURNS: Mme F. est une femme de 30 ans avec une histoire d'hypertension
chronique et de prééclampsie suspectée lors d'une
première grossesse. Elle se demande comment son hypertension affectera
la grossesse qu'elle projette. Elle bénéficie d'une assurance
commerciale.
Mme F. rapporte que depuis ses 20 ans, elle présente une pression
artérielle élevée (150/100 mm Hg) à chaque mesure
réalisée en consultation et chez elle. Elle n'a jamais
reçu de traitement antihypertenseur. Au cours de sa première
grossesse, 4 ans plus tôt, il a été noté qu'elle
présentait une pression artérielle élevée à
5 mois de gestation, mais il ne lui a pas été prescrit de
traitement. À 34 à 35 semaines, il a été
noté que son foetus présentait un retard de croissance
intra-utérine. Elle a fait l'objet d'une surveillance
rapprochée, avec des cardiotocographies régulières, puis,
à 38 semaines, elle a été délivrée en
raison de l'aggravation de son hypertension. Il n'a pas été
clairement déterminé si elle avait développé une
prééclampsie surajoutée. Elle a nécessité
un traitement par magnésium intraveineux et antihypertenseurs à
la délivrance, et a donné naissance à une petite fille en
bonne santé de 2,270 kg. Après l'accouchement, sa pression
artérielle est restée élevée; cependant, aucun
traitement ne lui a été prescrit.
Mme F. désire une seconde grossesse et suit un traitement contre la
stérilité par citrate de clomifène, associé
à l'insémination intra-utérine. La cause de sa
stérilité reste inconnue. Elle envisage d'effectuer un autre
cycle d'insémination intra-utérine.
Ses antécédents médicaux sont par ailleurs normaux,
à l'exception d'un épisode de septicémie en janvier 2006,
dont la cause avait été imputée à une
diverticulite ou à une appendicite. Depuis, elle va bien et jouit d'une
bonne santé.
Son seul médicament est la fluoxétine, 20 mg, qu'elle prend
selon ses besoins pour le syndrome prémenstruel. Elle présente
une allergie à l'amoxicilline, qui se manifeste sous forme de rash.
Ses antécédents médicaux familiaux sont marqués
par une hypertension chez ses deux parents, et une coronaropathie chez son
père. L'une de ses soeurs a récemment reçu un diagnostic
de sténose des artères rénales, et une autre
présente un déficit intellectuel sévère
associé à une méningite spinale. Elle ne connaît
pas l'histoire médicale de son autre soeur ni de ses 2
frères.
Elle est actuellement mariée et exerce la profession
d'orthopédagogue. Elle ne fume pas et boit un verre de vin chaque soir.
À l'époque de sa première visite, elle ne pratiquait
aucun exercice physique régulier.
À l'examen, sa pression artérielle était de 139/90 mm
Hg, et son indice de masse corporelle de 23,7 (calculé par le poids en
kilogrammes, divisée par le carré de la taille en
mètres). Elle apparaissait en bonne santé et avait des
résultats d'examen physique normaux. Ses analyses biologiques
diagnostic de sténose des artères rénales, et une autre
présente un déficit intellectuel sévère
associé à une méningite spinale. Elle ne connaît
pas l'histoire médicale de son autre soeur ni de ses 2
frères.
Elle est actuellement mariée et exerce la profession
d'orthopédagogue. Elle ne fume pas et boit un verre de vin chaque soir.
À l'époque de sa première visite, elle ne pratiquait
aucun exercice physique régulier.
À l'examen, sa pression artérielle était de 139/90 mm
Hg, et son indice de masse corporelle de 23,7 (calculé par le poids en
kilogrammes, divisée par le carré de la taille en
mètres). Elle apparaissait en bonne santé et avait des
résultats d'examen physique normaux. Ses analyses biologiques
indiquaient une glycémie de 78 mg/dL; une créatininémie
de 0,8 mg/dL; un taux de potassium de 5,1 mEq/L (intervalle normal, 3,5-5,0
mEq/L); une calcémie de 10,9 mEq/L (intervalle normal, 8,8-10,6 mEq/L);
un taux de thyrotropine de 1,2, et de leucocytes de 4,7 K/uL; une
hémoglobinémie de 15,2 g/dL; un taux plaquettaire de 297 K/uL;
et un résultat d'examen des urines normal en dehors de traces de
cétone. Ses taux de potassium et de calcium se sont
révélés normaux à l'examen suivant.
Elle est préoccupée par les répercussions potentielles
de son hypertension sur une future grossesse, et par ce qu'elle doit faire
aujourd'hui pour prévenir des problèmes ultérieurs.
MME F.: SON POINT DE VUE
Ma mère et mon père ont tous deux des problèmes
d'hypertension. Ma soeur, qui a 23 ans, vient juste de recevoir ce diagnostic.
Alors c'est de famille.
Pendant ma dernière grossesse, vers ma 34ème ou 35ème
semaine je crois, quand ils ont su que j'avais des problèmes de
pression artérielle, ils ont commencé à me surveiller de
plus près et ont découvert que ma fille ne se développait
plus. Mon médecin du moment faisait tout pour que j'atteigne 38
semaines, afin qu'elle puisse naître à terme et non
prématurée. Et on y est arrivé.
Aujourd'hui, je voudrais éclaircir toutes les questions que je me
pose concernant ma pression artérielle, parce qu'elle est
élevée et qu'elle persistera pendant la grossesse. J'ai besoin
de savoir quelles complications cela pourrait entraîner, surtout parce
que j'ai une fille à la maison et un emploi à plein temps.
J'aimerais que ma fille ait un frère ou une soeur, alors mon mari et
moi sommes prêts à prendre des risques, suivre des traitements,
et aller jusqu'au bout. Cela s'apparente à une lutte, un
problème familial, parce qu'il s'inquiète plus pour moi. Alors
on doit beaucoup en parler et être conscients des risques et des
pressions qui pèseront sur moi si je suis à nouveau
enceinte.
Quand je vais chez le médecin, je recherche des réponses;
alors j'essaie de ne pas laisser paraître mes sentiments sur les
difficultés que j'éprouve. Je ne pense pas que c'est
forcément parce que les médecins ne reconnaissent pas l'aspect
affectif de la chose. Je me connais - je parle pour moi-même et pour
personne d'autre. Je vais les voir, je m'informe, en laissant toutes mes
émotions à la maison.
CARREFOUR : QUESTIONS AU DR POWRIE
Comment l'hypertension chronique doit-elle être traitée chez
une femme avant la conception, quels sont les objectifs du traitement, et
quels sont les antihypertenseurs de choix? Qu'est-ce qu'une pression
artérielle normale pendant et après la grossesse, et comment
cette dernière affecte-t-elle la pression artérielle? Comment
l'hypertension affecte-t-elle l'évolution d'une grossesse, peut-elle en
être une contre-indication, et le traitement antihypertenseur
améliore-t-il cette évolution? Comment l'hypertension doit-elle
être traitée pendant la grossesse, quels sont les objectifs du
traitement, et quels sont les antihypertenseurs à privilégier?
Qu'est-ce que la prééclampsie, quels sont ses facteurs de
risques, et peut-elle être prévenue? La
prééclampsie est-elle un facteur de risque
d'événements cardiovasculaires futurs? Que suggérez-vous
dans le cas de Mme F.? Que réserve l'avenir?
DR POWRIE: Mme F. est une femme de 30 ans atteinte d'hypertension
chronique, qui ne prenait aucun traitement la première fois que je l'ai
vue. Sa précédente grossesse a été
compliquée par un retard de croissance intra-utérine et une
aggravation de son hypertension. Elle suit actuellement un traitement contre
la stérilité. Elle voudrait connaître les
répercussions de son hypertension sur une grossesse future, et savoir
comment être traitée sans risques, aujourd'hui et pendant sa
grossesse. Ses commentaires et ses questions reflètent à quel
point les problèmes médicaux peuvent être angoissants pour
les femmes (et pour leur famille) enceintes ou qui envisagent de le
devenir.
Prise en charge de l'hypertension chronique chez les femmes jeunes
L'hypertension est définie, tant pendant la grossesse qu'en dehors,
par une pression artérielle de 140/90 mm Hg ou plus, en au moins 2
occasions
distinctes.1
La pression artérielle doit être mesurée pendant que le
patient est assis sur une chaise, le bras maintenu au niveau du coeur,
à l'aide d'un brassard manuel correctement calibré
comparé à un sphygmomanomètre à
mercure.2
Malheureusement, l'utilisation d'appareils oscillométriques
automatiques non
calibrés3-5
et de brassards
inadaptés,6
ainsi que le mauvais positionnement des patientes (notamment la prise de
pression artérielle en décubitus latéral gauche) sont
fréquents en soins
obstétriques.7
Lorsque le diagnostic d'hypertension est posé, les causes
secondaires, bien que rares, doivent être
évaluées.1
Malheureusement, les consultations d'obstétrique ne constituent pas
un cadre idéal pour l'évaluation appro-fondie des
problèmes médicaux. Le
Tableau 1 présente les
causes secondaires d'hypertension, ainsi qu'une méthode
d'évaluation simple, bien qu'imparfaite, pour chacune, qui à mon
avis, est adaptée aux consultations d'obstétrique
chargées. Ces examens doivent également être
effectués chez toutes les femmes enceintes présentant une
pression artérielle élevée avant 20 semaines de
gestation. Ils devraient aussi probablement être effectués chez
toutes les femmes hypertendues se présentant après 20 semaines
de grossesse, chez lesquelles un diagnostic de prééclampsie est
envisagé.
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Tableau 1.. Évaluation rapide en consultation des causes secondaires
d'hypertension chez les femmes jeunes
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La grossesse (et la contraception) est sans doute l'une des seules raisons
incitant les femmes de cette tranche d'âge à rechercher des soins
médicaux, et représente donc une occasion unique de traiter le
risque cardiovasculaire chez les femmes. Les jeunes femmes hypertendues
doivent être examinées à la recherche de signes de
lésion de « l'organe cible » due à une hypertension
chronique, en effectuant un électrocardiogramme, un fond de l'oeil pour
visualiser les vaisseaux rétiniens, et une palpation des pouls
carotidien, fémoral et périphérique. Toutes les patientes
devraient également recevoir une évaluation complète pour
d'autres facteurs de risque cardiaque (hypercholestérolémie,
tabagisme, diabète, antécédents familiaux,
sédentarité), qui, chez les femmes jeunes, sont souvent des
facteurs prédictifs bien plus puissants de maladie cardiovasculaire que
l'hypertension isolée. Si une femme enceinte présente de
l'hypertension, le cholestérol ne doit pas être mesuré
avant au moins 6 semaines post-partum, les taux de cholestérol
étant souvent élevés dans les grossesses normales, et les
élévations durant cette période pouvant être
attribuées à la
grossesse.19
Ces évaluations ont été réalisées chez
Mme F., et aucune cause secondaire de son hypertension n'a été
retrouvée. Bien que ses taux de calcium et de potassium aient
été légèrement élevés à
l'examen initial, ils étaient tous deux normaux à
l'évaluation suivante. Son seul facteur de risque cardiovasculaire
supplémentaire était son absence de pratique d'exercice physique
régulier.
Traitement de l'hypertension chez les femmes jeunes
Malgré l'absence de recommandations spécifiques au sexe pour
le traitement de l'hypertension, les femmes préménopausiques
avec une hypertension isolée présentent un risque absolu
à court terme de maladie cardiovasculaire relativement faible
comparé aux hommes. Tandis que le risque relatif (RR) de traitement de
l'hypertension artérielle est similaire dans les deux sexes, chez les
femmes âgées de 30 à 54 ans, le nombre absolu
bénéficiant d'un traitement est inférieur aux hommes.
Alors que le traitement de l'hypertension chez les femmes produit une
réduction du risque d'événements
cérébrovasculaires de 41 % (intervalle de confiance [IC]
à 95 %, 8 %-63 %) et une réduction de 27 % des
événements cardiovasculaires (IC 95 %, 4 %-44 %), le nombre de
femmes devant être traité pendant 5 ans pour prévenir 1
accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde est de
259.20-23
Ce bénéfice est majoritairement observé chez les
Afro-américaines. Parmi les Caucasiennes de cet âge, le
traitement de l'hypertension légère n'a pas
démontré de bénéfice constant (ou d'effet
défavorable) statistiquement
significatif.24
Compte tenu des effets délétères potentiels sur le foetus
générés par le traitement antihypertenseur pendant la
grossesse, il pourrait être légitime de fixer des objectifs
thérapeutiques moins stricts pendant cette période. En outre,
d'autres facteurs de risque cardiovasculaire chez les femmes
préménopausiques hypertendues pourraient être aussi
importants que leur pression artérielle.
Le septième rapport du Joint National Committee on Prevention,
Detection, Evaluation, and Treatment of High Blood Pressure
(JNC-7)1
recommande une modification du mode de vie en traitement initial de
l'hypertension légère ou de « stade 1 »
(140-159/90-99 mm Hg). Le Tableau
2 présente la réduction approximative de pression
artérielle systolique qui peut être observée en fonction
de différents types de modification du style de vie.
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Tableau 2.. Effets de la modification du style de vie sur la
pression1
artérielle systolique
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Si ces modifications ne produisent aucun résultat chez une femme
souffrant d'hypertension, l'étape suivante consiste à initier un
traitement médicamenteux. Les traitements de première intention
recommandés par le JNC-7 sont les diurétiques thiazidiques, les
inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC), les antagonistes de
l'angiotensine, les bêta-bloquants, et les inhibiteurs
calciques.25
Cependant, bien que ces agents aient de bonnes preuves d'efficacité
dans la prévention des effets à long terme associés
à l'hypertension, des craintes concernant la sécurité du
fœtus rendent nombre d'entre eux moins appropriés chez les femmes
essayant de concevoir un enfant.
Idéalement, les femmes hypertendues qui désirent une
grossesse doivent être traitées par des médicaments
qu'elles peuvent prendre sans risque au moment de la conception et continuer
pendant leur grossesse. Cela n'est pas toujours possible en raison de
problèmes relatifs à l'observance, aux coûts, ou aux
effets indésirables, ou de la présence d'une indication
impérieuse à court terme (comme la néphropathie
diabétique) à l'utilisation d'une substance qui n'est
généralement pas recommandée pendant la grossesse. Dans
ces situations, il convient de recommander à la patiente d'informer son
médecin dans les jours suivant sa première absence de
règles, afin qu'elle puisse rapidement passer à une substance
plus indiquée. Les données disponibles concernant
l'innocuité des différents antihypertenseurs pendant la
grossesse sont présentées dans le
Tableau 3, mais la
littérature actuelle dans ce domaine reste insuffisante pour qu'une
quelconque des classifications énumérées puisse
être considérée comme
définitive.43,44
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Tableau 3.. Données relatives à la grossesse et à l'allaitement
pour les médicaments communément utilisés dans le
traitement de l'hypertension
chronique26
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Le labétalol et la méthyldopa sont généralement
considérés comme les antihypertenseurs de choix pendant la
grossesse. Ils ont tous deux le seul inconvénient majeur d'être
à prise biquotidienne. La méthyldopa est l'antihypertenseur le
mieux étudié des deux. Bien que
l'aténolol36
(110 enfants à 1 an) et la nifédipine (190 enfants à 18
mois)32
bénéficient de données évaluant la santé et
le neurodéveloppement des nourrissons exposés jusqu'à 12
à 18 mois, la méthyldopa est le seul antihypertenseur
présentant un suivi d'enfants exposés jusqu'à leur
scolarisation (242 enfants à 7,5 ans), qui rassure sur l'absence de
conséquences physique, cognitive, ou comportementale significatives en
cas d'utilisation en cours de
grossesse.45
Cependant, jusqu'à 20 % des patientes ne supportent pas les effets
indésirables de la méthyldopa (notamment le manque
d'énergie et les vertiges) et doivent lui substituer un autre
agent.46
Bien que le labétalol combinant des effets alpha et
bêta-bloquants soit peut-être le deuxième antihypertenseur
le plus étudié dans la grossesse, et qu'il soit
généralement très bien toléré, il ne
possède pas les données de suivi à long terme dont
bénéficie la méthyldopa. Pour les patientes chez
lesquelles ces agents sont contre-indiqués, inefficaces ou non
tolérés, la forme à libération prolongée de
l'inhibiteur calcique nifédipine ou les β-bloquants pindolol et
métoprolol à action prolongée, sont également des
options acceptables. Aucune complication de grossesse n'a été
associée à cette classe thérapeutique, mais les
études publiées sur son utilisation en phase précoce sont
limitées.27,47,48
L'hydrochlorothiazide est recommandé en première ligne dans
le traitement de l'hypertension hors grossesse, parce qu'il est peu
coûteux, bien toléré, et peut consister en une seule prise
quotidienne. Après de nombreuses années d'utilisation, il
n'existe aucune donnée suggérant que ce médicament
présente des effets indésirables lorsqu'il est utilisé
précocement au cours de la
grossesse.27
Il n'a pas été démontré que l'utilisation de
diurétiques thiazidiques à un stade plus tardif affectait
défavorablement le pronostic de la grossesse; cependant, elle pourrait
affecter l'expansion du volume sanguin
maternel,41
et a été associée à une incidence majorée
d'effets indésirables
maternels.49
En conséquence, je ne prescris pas l'hydrochlorothiazide en routine
pendant la grossesse, mais je pense qu'il constitue une option raisonnable
pour contrôler la pression artérielle chez les femmes en
période de conception.
Les seuls antihypertenseurs contre-indiqués dans la grossesse sont
les inhibiteurs de l'enzyme de conversion et les antagonistes de
l'angiotensine, en raison de leurs effets sur les reins, les poumons et le
cuir chevelu du foetus. Jusqu'à récemment, il était
généralement admis que ces médicaments devaient
être arrêtés pendant la grossesse, mais que leur
utilisation au moment de la conception était acceptable. Cependant, des
données plus récentes suggèrent que l'utilisation de ces
agents même pendant la période de la conception peut augmenter le
risque de malformations
cardiaques.50
En conséquence, je ne les prescris plus chez les femmes qui essaient
d'avoir un enfant, sauf si elles présentent une indication
impérieuse à court terme, telle qu'une histoire de
néphropathie diabétique ou d'insuffisance cardiaque congestive.
Bien qu'aucun autre antihypertenseur communément utilisé n'ait
été démontré tératogène, tous
présentent un manque critique de données publiées pour
guider les décisions thérapeutiques.
La première fois que j'ai rencontré Mme F., elle
n'était pas enceinte et sa pression artérielle était
supérieure à 140/90 mm Hg depuis quelques temps. Elle pensait
avoir suffisamment retardé la prise de traitement et souhaitait
commencer quelque chose parallèlement à la modification de son
style de vie. Compte tenu de ses autres facteurs de risque cardiaque, j'aurais
été à l'aise avec les deux méthodes.
Compte tenu des problèmes de stérilité de Mme F., nous
ne savions pas combien de temps il lui faudrait pour concevoir un enfant, et
nous avons décidé d'utiliser un traitement d'une prise par jour
peu coûteux, qu'elle pourrait prendre sans danger pendant la
période de conception, même si elle l'interrompait pendant sa
grossesse. Je l'ai traitée par hydrochlorothiazide, à la dose de
12,5 mg/j, dans le but d'abaisser sa pression artérielle jusqu'à
un niveau inférieur à 140/90 mm Hg. Elle a commencé
à faire plus d'exercice et a perdu du poids, et grâce au
traitement, sa pression artérielle était bien
contrôlée. Si l'hydrochlorothiazide n'avait pas été
efficace, je l'aurais remplacé par de la méthyldopa ou du
labétalol, si elle m'avait dit pouvoir suivre un schéma
thérapeutique biquotidien. Dans le cas contraire, j'aurais
suggéré le pindolol, l'oxprénolol, ou la
nifédipine à action prolongée.
Comment la grossesse affecte-t-elle la pression artérielle?
La pression artérielle diminue de 10 à 15 mm Hg dans les 16
à 18 premières semaines de grossesse, de sorte que la pression
artérielle moyenne d'une femme dans sa 20ème semaine de
gestation est d'environ 100/60 mm
Hg.51
Elle augmente ensuite progressivement jusqu'à ses valeurs
pré-grossesse, pour atteindre un plateau à 36 semaines de
gestation. Il est important de noter que ce profil de variation tensionnelle
peut être amplifié chez les femmes ayant une hypertension
chronique2
telle, que l'hypertension peut être masquée pendant la
première moitié de la grossesse et ne se manifester qu'au
dernier trimestre, incitant le clinicien à attribuer à tort
l'augmentation de la pression artérielle à la
prééclampsie.
Comment l'hypertension affecte-t-elle l'issue de la grossesse?
La plupart des femmes avec hypertension chronique peuvent espérer
une issue favorable de leur grossesse et doivent être rassurées
sur ce fait. Le plus grand risque associé à l'hypertension
chronique dans la grossesse est celui de développer une
prééclampsie surajoutée, caractérisée par
l'aggravation de l'hypertension maternelle et de la protéinurie, ainsi
qu'un risque majoré d'effets périnataux défavorables. La
prééclampsie survient chez au moins 25 % des femmes avec
hypertension chronique - soit 2 à 4 fois plus souvent que dans la
population
générale.52-54
L'incidence peut être supérieure à 40 % chez les
patientes ayant une hypertension sévère ou de « stade 2
» (> 160/100 mm Hg) ou chez celles avec hypertension chronique ayant
présenté une prééclampsie lors d'une
précédente
grossesse.55
Fort heureusement, les complications mater-nelles graves et
irréversibles de la prééclampsie sont rares dans les pays
développés, en raison de l'aptitude des cliniciens à
identifier précocement la plupart des cas et à mener à
bien les accouchements sans complication.
Le risque foetal le plus important est celui de la
prématurité, qui survient dans 12 % à 34
%54 des cas
chez les femmes avec hypertension chronique, et chez jusqu'à 70 % des
femmes ayant une hypertension sévère en début de
grossesse.56
Cependant, avec la prise en charge néonatale actuelle, la plupart de
ces nouveau-nés connaissent une évolution favorable, surtout
s'ils naissent après 28 semaines de
gestation.57
Les femmes avec hypertension chronique présentent les risques
majorés suivants comparé aux femmes sans hypertension:
décollement placentaire (chez 0,7 %-1,5 % des patientes [odds ratio
résumé, 2,0; IC 95 %, 1,1-3,7]), poids de naissance
inférieur à 2 500 g (RR, 5,5; IC 95 %, 2,6-11,9), et
mortalité périnatale (odds ratio résumé à
effets aléatoires, 3,4; IC 95 %,
3,0-3,7).54
Huit à 15 % des grossesses menées chez les femmes avec
hypertension chronique produisent un foetus de poids insuffisant pour
l'âge
gestationnel.56
Cependant, avec des soins obstétriques et néonataux
attentifs, la plupart de ces complications peuvent être traitées
avec de bons résultats à long terme, pour la mère comme
pour l'enfant. C'est pourquoi je ne déconseille jamais une grossesse
à une femme à cause d'une hypertension chronique.
Le traitement antihypertenseur réduit-il certains de ces risques
chez les femmes avec hypertension chronique? Depuis 2000, 13 études
contrôlées randomisées ont examiné les
bénéfices du traitement antihypertenseur pendant la
grossesse,54
en évaluant 11 schémas thérapeutiques différents
chez 1 055 participants, dans 6 pays. Seules 6 de ces études
étaient contrôlées contre placebo, et la plupart
étudiaient soit le labétalol soit la méthyldopa.
Malgré ces limites, le groupe de travail analysant les études a
conclu que le traitement antihypertenseur ne semblait pas réduire
l'incidence des complications fréquentes de l'hypertension au cours de
la grossesse (retard de croissance intra-utérine {RCIU] et
mortalité périnatale notamment), et surtout, qu'il ne
réduisait pas les risques de développer une
prééclampsie. Les auteurs de cette revue signalaient que les
données avaient une puissance insuffisante pour détecter un
effet thérapeutique bénéfique ou défavorable de 20
% à 30 %. Les données ultérieures ont
suggéré l'éventualité que le traitement de
l'hypertension légère pendant la grossesse
(particulièrement avec les β-bloquants) réduisait
réellement le risque de retard de croissance
foetale,34,58
l'un des effets que le traitement devrait viser à prévenir.
Mme F. était bien consciente de la plupart de ces risques, ayant eu
sa précédente grossesse compliquée par le RCIU et
l'aggravation de l'hypertension. J'ai passé en revue les complications
potentielles la concernant, et l'ai préparée à la
possibilité de devoir recourir de nouveau à une induction du
travail, voire à un accouchement prématuré. Cependant, je
l'ai également rassurée sur le fait qu'elle restait très
susceptible de présenter une grossesse non compliquée, et que
même en cas de survenue de complications, elle devait envisager une
issue favorable pour elle et pour son bébé.
Objectifs du traitement de l'hypertension pendant la grossesse
Si le traitement antihypertenseur ne semble pas avoir d'effet sensible sur
l'évolution de la grossesse, quels devraient être les objectifs
thérapeutiques pendant cette période? Les avis des experts sont
contradictoires, certains suggérant une valeur cible de moins de
160/100 mm Hg, et d'autres un objectif de moins de 140/90 mm
Hg.59 De
nombreux experts tolèrent un objectif tensionnel plus
élevé pendant la grossesse, en raison du manque de
données suggérant que le traitement de l'hypertension
légère présente des bénéfices à
court terme chez la majorité des femmes enceintes et leur foetus, et
des données de certaines études suggérant qu'un
contrôle trop rigoureux de la pression artérielle pendant la
grossesse est associé à une majoration des taux de RCIU et de
nouveaunés de poids
insuffisant.60
Compte tenu de l'absence de données concluantes relatives au traitement
de l'hypertension légère pendant la grossesse, je souscris
à l'adage prônant de « ne pas nuire avant toute chose
», et fixe un objectif tensionnel inférieur à 160/100 mm
Hg chez les patientes qui n'ont pas de maladie rénale ou cardiaque
établie, ni de signes de lésion de l'organe cible due à
une précédente hypertension.
Les principaux objectifs cliniques des 20 premières semaines de
gestation consistent à établir fermement les dates de grossesse
de la patiente par une échographie précoce, et d'ajuster ses
médicaments afin de maintenir une pression artérielle
inférieure à l'objectif établi, avec un minimum d'effets
indésirables. Si la décision est prise de tolérer une
pression artérielle plus élevée pendant la grossesse, de
nombreuses patientes avec une hypertension chronique peuvent diminuer, puis
arrêter leur traitement pendant cette période. Cette
stratégie est soutenue par la chute physiologique de la pression
artérielle dans la première moitié de la grossesse.
Même si les traitements sont poursuivis, des ajustement posologiques
peuvent être nécessaires pour répondre aux variations
tensionnelles associées à la grossesse.
Après 20 semaines de gestation, la possibilité d'une
prééclampsie surajoutée devient de plus en plus
concrète, et la présence de signes et symptômes potentiels
doit être évaluée à chaque consultation
médicale et obstétrique, avec un interrogatoire sur les
céphalées, les phénomènes visuels, les douleurs
épigastriques, et la prise de poids excessive. Bien que l'oedème
soit une manifestation fréquente de la prééclampsie, il
est trop fréquemment observé dans les grossesses saines pour
être utile comme critère diagnostique de cette
maladie.59
Les patientes doivent être informées de la
nécessité de rapporter chacun de ces symptômes à
leur clinicien. Je recommande à mes stagiaires de considérer
chaque femme présentant une hypertension chronique dans la seconde
moitié de sa grossesse comme « coupable (d'avoir une
prééclampsie) jusqu'à preuve de son innocence »,
à chacune de leurs rencontres (la prééclampsie est
extrêmement rare avant 20 semaines de gestation). À chaque visite
après 20 semaines, les patientes avec hypertension chronique doivent
être examinées pour évaluer l'augmentation de la pression
artérielle, la sensibilité épigastrique, le clonus, et
l'oedème facial. Elles doivent également effectuer, à
chaque visite, un test urinaire par bandelette réactive pour mesurer la
protéinurie.
Les recommandations de suivi du foetus dans le contexte de
l'hypertension chronique sont variables. De nombreux experts recommandent
des échographies mensuelles pour surveiller le développement
après 24 à 28 semaines de gestation, et des surveillances
cardiotocographiques une ou deux fois par semaine après 32 à 34
semaines.59,61
Certains centres utilisent, en examen complémentaire, la
vélocité Doppler de l'artère ombilicale pour
évaluer le bien-être fœtal, et certaines études,
mais pas toutes, suggèrent que son utilisation pourrait être
utile dans la surveillance des grossesses à haut
risque.62-65
Lorsque des signes et des symptômes de prééclampsie sont
identifiés, le médecin traitant doit effectuer des « tests
biologiques diagnostiques de prééclampsie »
(numération formule sanguine, acide
urique,66,67
créatinine, aspartate aminotransférase, et protéinurie
des 24 heures), évaluer le bien-être du foetus pour orienter le
traitement à court terme, et déterminer si le statut de la
patiente justifie l'hospitalisation pour surveillance.
Pour Mme F., nous avons envisagé d'arrêter
l'hydrochlorothiazide lorsqu'elle serait enceinte, et de la traiter par
labétalol ou méthyldopa si sa pression artérielle
atteignait des niveaux supérieurs à 160/100 mm Hg. Son
obstétricien devra effectuer une échographie précoce pour
vérifier les dates, et elle sera périodiquement instruite sur
les signes et symptômes de la prééclampsie, dont les
signes seront recherchés chez elle et son fœtus, après 20
semaines de gestation. Au troisième trimestre, son obstétricien
décidera de l'éventuelle nécessité d'une
surveillance foetale complémentaire.
Qu'est-ce que la prééclampsie?
Physiopathologie. Les connaissances actuelles sur la
prééclampsie suggèrent qu'elle débute
précocement dans la grossesse, et que son évolution passe par 3
phases successives
distinctes.68-70
La première phase est l'invasion trophoblastique incomplète de
l'endomètre, potentiellement due à une réponse immune
inadaptée chez la mère, qui entraîne une anomalie dans la
formation du placenta (placentation). Cette anomalie de placentation
mène à la seconde phase, dans laquelle une réduction des
facteurs de croissance
angiogénique71
et une augmentation des débris placentaires sont trouvés dans la
circulation maternelle, qui seraient les causes ou les manifestations du
développement de l'ischémie placentaire. La troisième
phase, qui mène au syndrome prééclamptique maternel tel
qu'il est détecté cliniquement, est la réponse de
l'endothélium et du système cardiovasculaire maternels à
ces facteurs de stress, qui est modulée par le niveau de santé
métabolique et cardiovasculaire de la mère elle-même. Il
est admis que ces 3 phases sont nécessaires pour que la
prééclampsie devienne patente.
Facteurs de risque de prééclampsie. Les facteurs de
risque de prééclampsie peuvent être classifiés en
facteurs maternels et foetaux. Les facteurs de risque maternels incluent la
première grossesse, les nouveaux partenaires sexuels, l'âge
inférieur à 18 ans ou supérieur à 35 ans,
l'hypertension chronique, les antécédents personnels ou
familiaux de prééclampsie, le lupus érythémateux
aigu disséminé, la thrombophilie, le diabète
prégestationnel, l'obésité, et les maladies
rénales.72,73
Les facteurs de risque foetaux incluent les gestations gémellaires, les
grossesses molaires, l'hydropisie, et la
triploïdie.69
Stratégies préventives. De nombreux travaux ont
été effectués pour tenter d'identifier des
stratégies de prévention de la prééclampsie chez
les patientes à risque. Ces stratégies incluent le régime
alimentaire et l'exercice physique; la restriction en protéines et en
sel; la supplémentation en magnésium, en zinc, en huile de
poisson et en
calcium;74
et le traitement
antihypertenseur.75
Aucune de ces interventions n'a démontré d'efficacité.
Récemment, 2 vastes études contrôlées
randomisées ont suggéré que le traitement antioxydant
(vitamines C et E) ne permet pas non plus de prévenir la
prééclampsie, et pourrait même être nuisible
à certaines
patientes.39,76
La seule intervention susceptible de prévenir la
prééclampsie et les conséquences défavorables qui
lui sont associées est l'aspirine à faible dose (< 100 mg/j).
L'utilisation de l'aspirine dans la prééclampsie est
caractérisée par une histoire longue et contrastée. En
effet, de nombreuses petites études ont initialement
suggéré que l'aspirine à faible dose produisait un
bénéfice substantiel dans la réduction de l'incidence de
prééclampsie, mais 2 études contrôlées
randomisées bien menées ont ensuite contredit ces conclusions en
démontrant une absence de
bénéfice.77,78
Cependant, une méta-analyse Cochrane de 41 études
contrôlées randomisées, menée ultérieurement
chez plus de 36 500 femmes, a trouvé que l'utilisation de l'aspirine
était associée à une réduction de 19 % du risque
de prééclampsie (RR, 0,81; IC 95 %, 0,75-0,88 ; nombre de
patients à traiter [NPT], 69; IC 95 %, 51-109), une réduction de
7 % du risque d'accouchement prématuré (RR, 0,93; IC 95 %,
0,89-0,98 ; NPT, 83 ; IC 95 %, 50-238), et une réduction de 16 % du
risque de décès foetal et néonatal (RR, 0,84; IC 95 %,
0,74-0,96; NPT, 227; IC 95 %, 128-909).79 Une réduction de 8 % des
nouveau-nés de poids insuffisant pour l'âge gestationnel
était également observée (RR, 0,92; IC 95 %, 0,85-1,00).
L'aspirine n'avait pas d'effet significatif sur le recours à la
césarienne ou à l'induction du travail. Une méta-analyse
récente plus rigoureuse a démontré une réduction
de 10 % dans le RR de prééclampsie et de naissance
prématurée avant 34 semaines (p = 0,01), et une réduction
de 9 % dans le RR de mortinatalité ou de décès
néonatal avant la
sortie.80 Il
existe de nombreux avis contradictoires quant à l'interprétation
de ces observations; cependant, il apparaît clairement que l'aspirine
à faible dose est peu onéreuse, qu'elle ne présente aucun
risque, et qu'elle est au minimum susceptible, dans une certaine mesure, de
prévenir la mortalité foetale ou néonatale. C'est
pourquoi j'ai recommandé à Mme F. (comme à toutes les
femmes ayant une hypertension chronique) de prendre 81 mg/j d'aspirine
après le premier trimestre de sa grossesse.
Prise en charge post-partum de l'hypertension. Dans les
premières 96 heures suivant la délivrance d'un enfant, la
pression artérielle s'élève typiquement chez toutes les
femmes d'environ 6 mm Hg pour la PAS et de 4 mm Hg pour la
PAD.84 Si
une femme hypertendue développe une prééclampsie
surajoutée, cela peut affecter sa pression artérielle
jusqu'à 12 semaines, bien que certaines études suggèrent
une résorption de cet effet en 1 à 4 semaines chez la plupart
des
femmes.85
Ceci est cliniquement important, dans la mesure où dans cet intervalle,
les femmes prééclamptiques peuvent nécessiter de
fréquentes vérifications de la pression artérielle et des
ajustements dans leurs traitements. La pression artérielle de Mme F.
était relativement stable après l'accouchement, mais ce n'est
pas toujours le cas.
Dans les semaines suivant l'accouchement, j'essaie de réduire la
pression artérielle de la patiente jusqu'à la cible habituelle
pour cette tranche d'âge: moins de 140/90 mm Hg pour la majorité
des femmes, et moins de 130/80 mm Hg pour celles ayant un diabète ou
une maladie cardiaque ou
rénale.1
En général, je ne laisse sortir les patientes qu'après
avoir obtenu une pression artérielle constamment inférieure
à 160/100 mm Hg. Cependant, la hauteur de la variation tensionnelle par
rapport à la valeur initiale est également importante, et doit
être prise en compte lors de la prise de décision concernant le
traitement, la sortie, et la fréquence des visites en
externe.86
Il est essentiel de veiller à ce que les patientes avec hypertension
chronique et prééclampsie surajoutée
bénéficient d'un suivi opportun, clair et fiable,
organisé au moment de leur sortie. Les nouvelles mères ont de
nombreuses responsabilités à affronter et ont besoin de l'aide
de leur clinicien pour obtenir tous les soins qu'elles requièrent. Il
existe peu de limites concernant les choix des antihypertenseurs chez les
femmes en post-partum, mais également très peu de conseils
fournis par la
littérature.26
Chez les patientes avec prééclampsie surajoutée,
j'utilise souvent la nifédipine pour abaisser leur pression
artérielle au niveau requis pour quitter l'hôpital. Cependant,
les données permettant de guider ces décisions
thérapeutiques font cruellement
défaut.87
Allaitement. Les femmes hypertendues doivent être
encouragées à allaiter, en raison des bénéfices
significatifs du lait maternel pour le nourrisson comparé aux laits
diététiques. Bien que très peu d'antihypertenseurs
bénéficient de données concluantes démontrant
leurs effets délétères chez les enfants allaités,
certains agents spécifiques sont privilégiés chez les
mères allaitantes en raison de leur faible concentration dans le lait
et d'effets indésirables rarement rapportés chez le nourrisson.
Des recommandations sur la sécurité d'utilisation des
antihypertenseurs les plus communément prescrits au cours de
l'allaitement sont présentées dans le
Tableau
3.26-28
Risques à long terme de la prééclampsie. Le
développement de la prééclampsie est associé
à un risque majoré de décès cardiovasculaire (RR,
3,07 ; IC 95 %, 2,18-4,34) dans le futur, particulièrement dans les
années suivant la
ménopause.88,89
Selon le courant de pensée actuel, la grossesse représente un
stress physiologique, et les femmes incapables de tolérer les facteurs
de stress endothélial associés à l'anomalie de
placentation sont plus susceptibles de développer également une
maladie cardiaque en réponse à d'autres facteurs de stress. Ceci
se révèle particulièrement vrai chez les femmes
développant une prééclampsie dans leurs grossesses
consécutives et chez celles développant la maladie avant 37
semaines, nécessitant une délivrance
prématurée.90-93
L'accroissement de l'insulinorésistance, l'hypertension et
l'hyperlipidémie sont observés tant chez les femmes
prééclamptiques que chez celles développant une maladie
cardiaque.94
À cet égard, la prééclampsie peut être
considérée comme une première manifestation du syndrome
métabolique chez les femmes. Les femmes qui ont présenté
une prééclampsie, qu'elles aient ou non une hypertension
chronique sous-jacente, doivent donc recevoir des conseils ciblés et
répétés pour réduire le risque
cardiovasculaire.
Si Mme F. développe une grossesse et connaît une
délivrance sans complications, je modifierais probablement son
traitement en post-partum pour revenir à un traitement d'une prise par
jour, comme l'hydrochlorothiazide, afin de maintenir sa pression
artérielle en dessous de 140/90 mm Hg. Si elle développe une
prééclampsie pendant sa grossesse, je surveillerais
étroitement sa pression artérielle dans les 1 à 3
premiers mois suivant l'accouchement, dans la mesure où elle
nécessiterait probablement un ajustement de traitement. Lors de nos
rencontres, je continuerais à l'encourager à adopter et
maintenir un mode de vie bénéfique pour le coeur. Au cours des
années suivantes, je l'examinerais régulièrement pour
évaluer les éventuels facteurs de risque cardiaque et traiterais
activement tout risque identifié.
Que réserve le futur ?
L'hypertension en cours de grossesse continue de manquer
considérablement de données disponibles. Il existe trop peu de
données relatives aux antihypertenseurs pour établir de
manière définitive et sérieuse leur innocuité ou
leur risque dans la grossesse. De même, de grandes études bien
menées évaluant les risques et les bénéfices du
traitement de l'hypertension légère pendant la grossesse restent
nécessaires. En outre, les avancées dans la compréhension
de la prééclampsie restent désespérément
lentes. On peut espérer que des marqueurs sérologiques, comme la
forme soluble des récepteurs FLT-1 (fms-like tyrosine kinase 1), le
facteur de croissance placentaire et l'endogline, puissent être
utilisés pour identifier les patientes à risque de
développer une prééclampsie, 8 à 12 semaines avant
que ce risque se
concrétise.71
Un dépistage avant la manifestation de la maladie contribuerait
grandement à un triage efficace des ressources, et permettrait en outre
une évaluation plus rapide des stratégies préventives.
Enfin, les chercheurs en prééclampsie pourraient devoir
approfondir la notion théorique selon laquelle la
prééclampsie est une maladie hétérogène et
qu'il n'y a peut-être pas plus 1 « type » de
prééclampsie qu'il n'y a 1 type de cancer ou 1 type de syndrome
de détresse respiratoire
aiguë.95
La prééclampsie pourrait être la séquence finale
commune de divers processus physiopathologiques. Si elle n'est que le produit
du stress induit par des anomalies placentaires chez des mères
susceptibles, alors la prévention et l'appréhension de la
maladie devraient peut-être se focaliser davantage sur des sous-types
particuliers du syndrome plutôt que sur l'étude des patientes
porteuses de la maladie comme une population
homogène.95
QUESTIONS ET DISCUSSION
QUESTION : Vous recommandez l'initiation de l'aspirine après 12
semaines de gestation. Peut-elle être débutée plus
tôt?
DR POWRIE : J'ai recommandé 12 semaines à une population
générale, parce que la plupart des essais sur l'aspirine
à faible dose pendant la grossesse ont été initiés
après le premier trimestre. Nous manquons donc de données
exhaustives sur son innocuité pendant l'organogenèse. Cependant,
les données existantes sont rassurantes. De nombreux experts
prônent donc l'utilisation de l'aspirine à faible dose même
pendant la période de
conception96,97
(ou plus pragmatiquement, avant la conception), dans l'espoir que l'aspirine
puisse exercer un effet optimal lorsqu'elle est initiée
précocement dans l'évolution de la prééclampsie.
Cependant, la méta-analyse Cochrane n'a pas trouvé de
différence d'effet lorsque l'aspirine était initiée plus
tôt.87
En conséquence, en l'absence de données claires permettant de
distinguer un risque/bénéfice, j'ai tendance à penser que
l'approche la plus prudente consiste à démarrer l'aspirine
après la période d'organogenèse.
QUESTION : Changez-vous d'approche avec les patientes hypertendues et
celles ayant un indice de masse corporelle élevé ? Qu'en est-il
des patientes afro-américaines ?
DR POWRIE: Mon approche thérapeutique pour ces deux groupes est
globalement inchangée. J'encourage les patientes obèses à
essayer de perdre du poids avant d'entamer une grossesse,
l'obésité étant associée à une majoration
des grossesses
compliquées.98,99
Je veille également à mesurer la pression artérielle avec
un brassard correctement calibré - une erreur étonnamment
fréquente dans les soins d'obstétrique. Bien que nous sachions
que les β-bloquants et les IEC sont moins susceptibles d'être
efficaces dans le contrôle de la pression artérielle chez les
Afro-Américaines,100
j'ai néanmoins tendance à commencer par leur prescrire de la
méthyldopa ou du labétalol pendant la grossesse, en raison de
leur profil d'innocuité. Si ces substances se révèlent
inefficaces, la nifédipine peut constituer une excellente
alternative.
QUESTION: Vous êtes un interniste évoquant un sujet qui serait
normalement considéré du domaine des obstétriciens, ce
qui me semble assez curieux. Pouvez-vous faire des commentaires à ce
propos?
DR POWRIE: Je fais partie d'un nombre croissant de spécialistes en
médecine qui souhaitent combler le fossé entre les soins
médicaux et obstétriques, et contribuer à initier les
internistes et les sous-spécialistes à être plus
impliqués et utiles dans les soins dispensés aux patientes en
obstétrique avant, pendant, et après une grossesse. Les
obstétriciens, les spécialistes en médecine
materno-foetale, les internistes, et les sous-spécialistes, ont tous
une perspective distincte et précieuse, avec des domaines de
connaissances différents, mais complémentaires. S'ils souhaitent
travailler ensemble, cela peut réellement améliorer les soins
dispensés aux femmes tout au long de leurs années
reproductives.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Raymond O. Powrie, MD, Women and Infants' Hospital of
Rhode Island, 101 Dudley St, Ste 1200, Providence, RI 02905-2499
(raymond_powrie{at}brown.edu).
Cette conférence a eu lieu durant les Obstetrics and
Gynecology Grand Rounds au Beth Israel Deaconess Medical Center, Boston,
Massachusetts, le 10 mai 2006.
Les rencontres cliniques du Beth Israel Deaconess Medical Center
sont produites et publiées par Risa B. Burns, MD, Eileen E. Reynolds,
MD, et Amy N. Ship, MD. Tom Delbanco, MD, est le rédacteur en chef de
la série.
Rédacteur en chef de la section Rencontres cliniques:
Margaret A. Winker, MD, Rédacteur en chef adjointe.
Liens financiers: Aucun déclaré.
Financement/soutien: Les rencontres cliniques ont été
rendues possibles en partie grâce à une bourse du Sidney R. Rabb
Charitable Trust et de la Sidney and Esther Rabb Charitable Foundation.
Rôle du sponsor: L'organisation qui a financé n'a pas
participé au recueil, à l'analyse et à
l'interprétation des données, à la préparation, la
revue ou l'approbation du manuscrit.
Autres Contributions: Nous remercions la patiente pour avoir
partagé son histoire.
Affiliation de l'auteur: Le Dr Powrie est professeur
associé de Medicine et Obstetrics et Gynecology et Senior Vice
President pour la qualité et l'efficacité clinique, Women and
Infants' Hospital, Brown University School of Medicine, Providence, Rhode
Island, et enseignant en Médécine, Harvard Medical School,
Boston, Massachusetts.
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ARTICLE EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:1481.
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