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  Vol. 298 No. 18, 14 novembre 2007 TABLE OF CONTENTS
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Oskar Kokoschka (1886-1980)

Jean Gavaudan, MD

Oskar Kokoschka est né un 1er mars 1886 à Pöchlarn en Autriche, mais il appartient à un ensemble de peintres viennois qui ont fortement marqué l'expressionnisme et leur siècle: Gustav Klimt, Egon Schiele, Koloman Moser.

Alors que Vienne l'insouciante vivait dans un tourbillon de fêtes et de musique, l'art viennois allait subir une profonde mutation. Une véritable sécession se créait et, en 1897, un mouvement se formait: les sécessionnistes. Ces sécessionnistes décidaient qu'il fallait sortir une bonne fois pour toutes de l'Académisme et préparer une nouvelle voie d'expression. Ces nouveaux peintres ne voulaient pas renier le riche passé culturel de leur Empire et de leur art. Ils n'étaient pas encore des maîtres, mais leur ambition était grande.

Leur chef de file était Gustav Klimt, peintre déjà connu et célébré par le tout Vienne. Il était déjà professeur à l'école des Beaux-Arts de Vienne.

Mais alors qu'un monde nouveau s'élaborait, l'impératrice Elizabeth était assassinée (1898), l'austère François-Joseph allait s'enfermer un peu plus dans la Hofburg. Le monde changeait.

En fait, deux mondes allaient s'opposer, celui de la politique dirigé vers la guerre et la décadence, celui de l'art en train d'éclore et d'évoluer vers une nouvelle forme d'expression.

Le régime n'était pas libéral? Qu'importe! Que l'imagination parle! Van Gogh avait peint des iris, Klimt et ses amis allaient peindre leurs rêves et leur idéal. L'abstraction n'était pas encore arrivée à Vienne. On peignait des allégories à la mode sécessionniste.

Klimt combinait décor et ornementation, Kokoschka peignait le prisme, avec des angles aigus et des aplats de couleur.

Nous sommes au début du 19ème siècle. De 1903 à 1909, Kokoschka suit les cours de la Kunstgewerbeschul ou école des Beaux-Arts et présente le concours d'entrée en même temps qu'un jeune peintre, au talent incertain, Adolf Hitler. Celui-ci est recalé et repeindra le monde de façon sanglante, nul ne sait d'ailleurs ce qu'il aurait fait en artiste peintre. Kokoschka, lui, réussit le concours. Il rencontre un professeur qui sera son mentor, Gustav Klimt.

Mais Kokoschka évolue vers un autre style, même s'il reste proche des sécessionnistes, il trouve sa voie, travaille la couleur, les plans, peint des portraits, oeuvres dans lesquelles il joue en deux dimensions. Se démarquant un peu des autres peintres viennois, Kokoschka préfère s'installer à Berlin en 1910. Il y reste un an, puis revient à Vienne.

Rentré chez lui en Autriche, Kokoschka rencontre Alma Mahler-Werfel. Alma, avec laquelle il va échanger des lettres passionnées, a, pour caractéristique, d'avoir été successivement la femme du compositeur Gustav Mahler, de l'architecte Walter Gropius et du romancier Franz Werfel.

Elle-même fille de Schindler, elle a vécu dans un milieu aisé. Artiste dans l'âme, elle a sacrifié sa carrière en épousant Gustav Mahler, de 20 ans plus vieux qu'elle. Frustrée, elle s'engage dans une relation extraconjugale (une ou plusieurs?) avec l'architecte Gropius, qu'elle épouse à la mort de Mahler en 1911. Celui-ci s'était d'ailleurs guéri de sa femme après une rencontre avec Sigmund Freud. Mahler avait écrit à Alma après sa rencontre avec Freud: « Suis joyeux. Conversation intéressante... ». La fin de sa vie fut plus difficile. Cardiaque, il est malheureux en couple, fatigué, il voyage, compose et nous donnera les plus belles pages de sa 5ème symphonie, notamment l'adagietto. Il meurt à Vienne en 1911 à 51 ans après avoir dirigé le Metropolitan Opera de New York.

Sa femme rencontre Kokoschka, devient sa maîtresse pendant deux ans, mais leur relation est impétueuse et tumultueuse. Kokoschka la décrit dans le tableau présenté en couverture: « La fiancée du vent ». Quoi de plus normal que ce titre pour cette femme qui fuit, qui ne se raccroche à rien et dont le passage est un souffle. Car Alma épousera ensuite le romancier Franz Werfel.

Alors qu'elle est toujours mariée à Gropius, elle tombe enceinte de Werfel. Qu'importe! Elle divorce de Gropius et épouse Werfel. Sa vie ne sera qu'un tourbillon jusqu'à sa mort à New York en 1964.

Quant à Kokoschka qui avait effrayé Alma par sa passion, il évolue en peinture. Il travaille maintenant avec des brosses plus larges et utilise de plus en plus de couleurs. De retour à Berlin en 1914 avec les peintres sécessionnistes, il est mobilisé en 1915 et gravement blessé.

Après la guerre, Kokoschka a une brève période académique puisqu'il obtient une chaire à l'école des Arts de Dresde, mais cette position ne le satisfait pas, il reprend ses voyages, revient à Vienne, puis repart à Prague en 1934. Kokoschka y rencontre sa future femme, Olga Palkovska, mais l'atmosphère politique est lourde. Son ancien condisciple raté de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne a désormais d'autres ambitions pour l'Europe et le Monde. Kokoschka et sa femme restent à Prague jusqu'en 1938, mais après l'Anschluss, ils partent pour Londres où ils vont connaître les plus terribles années de cette ville, de 1938 à 1953.

En 1953, Kokoschka s'établit en Suisse, à Villeneuve, au bout du Lac Léman, où il décédera à l'âge de 94 ans.







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