Comment né fils de serrurier, on finit comte et inhumé au
Panthéon? C'est l'aventure de Joseph-Marie Vien, le père du
néo-classicisme.
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La marchande d'amour, Joseph Marie Vien, 1769, français
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Epris et marqué par l'Antiquité, Vien après ses
classes auprès de Charles-Joseph Natoire (Natoire fut le Directeur de
l'Académie de France à Rome pendant 5 ans),
considéré de son vivant comme l'égal de François
Boucher, le chantre de la peinture rococo. Natoire sut inculquer à Vien
les valeurs de l'Antiquité au point où ce dernier lancera un
grand mouvement de retour aux valeurs morales de l'Antiquité.
Sa peinture ne restera pas à la hauteur des ambitions qu'il
s'était fixé, au point d'ailleurs où son
élève Jacques-Louis David marquera son époque de
façon plus durable que son maître. Mais, il faut lui
reconnaître d'avoir imposé une transition à
l'époque de François Boucher et de ses rondeurs lascives. En
1743, il part à 27 ans pour Rome après avoir été
élu lauréat du Prix de Rome. Il y restera jusqu'en 1750. Rome,
ce sont les exercices de style sur les monuments antiques, ce sont les restes
du Colisée, une certaine grandeur et une majesté qui
impressionne le jeune homme natif de Montpellier.
Il peint et repeint ces colonnes et ces marbres, admire la lumière.
Il parfait sont style. Bon peintre, ses contemporains et surtout
François Boucher, le trouvent un peu « froid ». Il est vrai
que peindre des monuments et tenter de redonner une âme à un
monde disparu, est un exercice difficile dans lequel Vien n'excelle pas
toujours. Il a des ambitions grandioses, mais sa peinture ne suit pas toujours
ce qu'il voit.
En 1754, il entre à l'Académie Royale de Peinture et
épouse Marie Thérèse Reboul, elle-même peintre et
membre de l'Académie Royale de Peinture (1757).
Statut privilégié qui leur vaut d'être logés
gratuitement au Louvre. Son style plaît à la Royauté.
Quand on peint du grandiose, on finit par y tomber. Il devient premier peintre
du Roi Louis XVI en... 1789! Il était temps.
On aurait pu penser qu'après ce triomphe tardif, car Vien a
désormais 73 ans, il aurait d'autres soucis, et notamment celui de
conserver sa tête, mais non, le fils de serrurier qui avait
séduit le roi serrurier, allait encore connaître de beaux
jours.
Le néo-classicisme est à la mode. On passe d'un roi mou
à un empereur dictateur qui puise son inspiration dans
l'Antiquité.
Vien n'est pas parti. Il a bien fait. Le voilà Sénateur en
1799, comme à l'époque Romaine. Puis le Sénat ne
suffisant plus à notre nouveau César, il est nommé Comte
d'Empire en 1808. Lors de son décès en 1809 à 93 ans,
Vien aura droit à des obsèques nationales avant d'être
conduit au Panthéon.