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Mise en oeuvre d'une stratégie à l'échelle de l'État pour la revascularisation coronaire dans l'infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST
James G. Jollis, MD;
Mayme L. Roettig, RN, MSN;
Akinyele O. Aluko, MD;
Kevin J. Anstrom, PhD;
Robert J. Applegate, MD;
Joseph D. Babb, MD;
Peter B. Berger, MD;
David J. Bohle, MD;
Sidney M. Fletcher, MD;
J. Lee Garvey, MD;
William R. Hathaway, MD;
James W. Hoekstra, MD;
Robert V. Kelly, MD;
William T. Maddox, Jr, MD;
Joseph R. Shiber, MD;
F. Scott Valeri, MD;
Bradley A. Watling, MD;
B. Hadley Wilson, MD;
Christopher B. Granger, MD; for the Reperfusion of Acute Myocardial Infarction in North Carolina
Emergency Departments (RACE) Investigators
RÉSUMÉ
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Contexte Malgré deux décennies de données
démontrant les bénéfices de la revascularisation
coronaire précoce, les registres continuent de montrer que de nombreux
patients atteints d'infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment
ST (STEMI) sont traités trop tardivement, voire pas du tout.
Objectif Établir un système couvrant l'État
pour le traitement de revascularisation, comme celui existant dans la prise en
charge des traumatismes, afin de surmonter les obstacles
systématiques.
Schéma et cadre Étude d'amélioration
qualitative évaluant la variation dans la rapidité et la
fréquence des revascularisations coronaires, après la mise en
place du système dans 5 régions de Caroline du Nord incluant 65
hôpitaux et services médicaux d'urgence associés (10
hôpitaux avec plateau d'angioplastie coronaire [ACP] et 55
hôpitaux non-équipés).
Patients Un total de 1 164 patients avec IDM ST+ (579
pré-intervention et 585 post-intervention), éligibles à
la revascularisation, a été traité dans les
hôpitaux ACP (âge médian 61 ans, 31 % de femmes, 4 % de
classe Killip III ou IV). Un total de 925 patients avec STEMI (518
pré-intervention et 407 post-intervention) a été
traité dans les hôpitaux non-ACP (âge médian 62 ans,
32 % de femmes, 4 % de classe Killip III ou IV).
Interventions Diagnostic précoce et méthode de
revascularisation coronaire la plus indiquée à chaque point de
la prise en charge : systèmes de soins médicaux d'urgence,
service des urgences, salle de cathétérisme, et transfert. Dans
les 5 régions, les hôpitaux ACP ont accepté de
procéder à l'activation de la salle de
cathétérisme sur simple appel du personnel médical
d'urgence, de recevoir les patients indépendamment de la
disponibilité des lits, et d'améliorer la prise en charge du
STEMI dans l'ensemble de la région, indépendamment de
l'affiliation de l'hôpital.
Principaux critères d'évaluation Délais et
fréquence des revascularisations 3 mois avant (de juillet à
septembre 2005) et 3 mois après (de janvier à mars 2007)
l'application du système sur un an.
Résultats Les délais médians de
revascularisation se sont significativement améliorés selon les
délais de la porte au ballonnet (pour les patients se présentant
directement à l'hôpital ACP, 85 à 74 minutes, p < 0,001
; pour les patients transférés vers l'hôpital ACP, 165
à 128 minutes, p < 0,001), le délai de la porte à
l'aiguille dans les hôpitaux non-ACP (35 à 29 minutes, p =
0,002), et le délai porte à porte cardio pour les patients
transférés depuis les hôpitaux non-ACP (120 à 71
minutes, p < 0,001). Les taux de non-revascularisation sont restés
inchangés (15 %) dans les hôpitaux non-ACP, et ont diminué
dans les hôpitaux ACP, passant de 23 % à 11 %. Après
l'intervention, chez les patients directement admis dans les hôpitaux
ACP ou y ayant été transférés, aucune variation
significative n'a été observée dans les résultats
cliniques incluant le décès, l'arrêt cardiaque, et le choc
cardiogénique.
Conclusions Un programme à l'échelle de l'État,
axé sur des stratégies régionales de revascularisation
pour l'IDM ST+, peut induire une amélioration significative de la
qualité des soins. Des études complémentaires sont
nécessaires pour confirmer que les programmes contribuant à
améliorer l'application des traitements de revascularisation induiront
des réductions de la mortalité et de la morbidité
liées à l'IDM ST+.
JAMA.
2007;298(20):2371-2380
Les coronaropathies, incluant l'infarctus du myocarde à la
phase aiguë, sont la première cause de mortalité dans le
monde.1 Aux
États-Unis, trois fois plus d'adultes décèdent à
la suite d'un infarctus du myocarde aigu que d'accidents de la
circulation.2
Comme les traumatismes, l'infarctus du myocarde avec sus-décalage du
segment ST (IDM ST+) est potentiellement fatal, mais bénéficie
de traitements spécifiques qui, lorsqu'ils sont administrés
précocement, en réduisent la mortalité et la
morbidité. Malgré plus de deux décennies de
données d'études cliniques démontrant les
bénéfices significatifs d'une revascularisation coronaire
précoce, les registres continuent de montrer que la plupart des
patients sont encore traités trop tardivement pour obtenir un
bénéfice maximal de cette stratégie, et nombreux sont
ceux qui ne sont pas du tout
traités.3-5
Les raisons sont largement associées à des obstacles relatifs
aux systèmes de
soins.6-9
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Figure 1.. Régions et hôpitaux de l'étude RACE en fonction de la
stratégie de revascularisation
RACE indique Revascularisation of Acute Myocardial Infarction in North
Carolina Emergency Departments ; ACP, angioplastie coronaire
percutanée. Les couleurs sur la carte indiquent les différences
topographiques majeures, des montagnes de l'ouest aux plaines
côtières de l'est. La stratégie mixte des hôpitaux
non-ACP consistait en fibrinolyse ou transfert pour ACP, en fonction de la
possibilité d'un transfert rapide selon les conditions
météorologiques et la disponibilité de
l'équipement.
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Nous avons émis l'hypothèse que l'établissement d'un
système coordonné à l'échelle de l'État
pour le traitement de revascularisation du STEMI (étude RACE
[Revascularisation of Acute Myocardial Infarction in North Carolina Emergency
Departments], similaire au système existant dans la prise en charge des
traumatismes, permettrait de surmonter les obstacles systématiques et
de réduire les retards dans l'initiation de la revascularisation, tout
en augmentant la fréquence de la procédure chez les patients
éligibles. Nous nous sommes intéres-sés à la
coordination de chaque aspect de la prise en charge, depuis la réponse
initiale de l'équipe médicale d'urgence à la
revascularisation ellemême, que ce soit par traitement fibrinolytique ou
angioplastie coronaire percutanée (ACP) primaire, en fonction de leur
adéquation avec la situation. L'un des intérêts majeurs
était de réduire le délai à l'ACP primaire pour
les patients transférés par les hôpitaux non dotés
de plateau d'angioplastie (hôpitaux non-ACP) vers les
établissements équipés (hôpitaux ACP), un
paramètre non inclus dans les évaluations de performance
actuelles des Centers for Medicare & Medicaid Services (CMS) et des Joint
Commission on the Accreditation of Healthcare Organizations (JCAHO), qui ne
tiennent compte que des délais de revascularisation pour les patients
se présentant dans l'hôpital
traitant.10,11
MÉTHODES
Le schéma et les méthodes de cette étude ont
été publiés
précédemment.12
Les analyses et la publication des résultats ont été
approuvées par le comité d'éthique. Pour collecter les
données de tous les patients sans devoir recourir au consentement
éclairé, les données médicales
protégées ont été préalablement
retirées, et l'étude a été supervisée par
un comité de surveillance indépendant.
Cinq régions de Caroline du Nord ont été
sélectionnées, couvrant environ deux-tiers des hôpitaux et
de la population de l'État, afin de disposer d'une large distribution
géographique, d'inclure tant les populations rurales qu'urbaines, et de
suivre les réseaux hospitaliers établis ainsi que les
schémas d'orientation des patients
(Figure 1). Chaque
région avait une représentation de médecins issus de la
branche de Caroline du Nord de l'American College of Cardiology, qui soutenait
ce programme d'amélioration qualitative, et des services de
médecine d'urgence des hôpitaux ACP régionaux
participants. Les régions disposaient également d'au moins 1
infirmier coordonnateur régional à plein temps, essentiellement
mandaté pour ce projet d'amélioration de la qualité des
soins.
Hôpitaux participants
Dans chaque région, tous les hôpitaux qui effectuaient des ACP
primaires en routine ont accepté de participer à l'étude,
selon les conditions suivantes: la mise en place d'un système au moyen
duquel un simple appel téléphonique des médecins
urgentistes ou des paramédicaux pouvait activer la salle de
cathétérisme 24 heures sur 24 et 7 jours par semaine; l'accueil
des patients avec IDM ST+ indépendamment de la disponibilité des
lits; la création d'une équipe de supervision incluant tout le
personnel et les administrateurs impliqués dans la prise en charge des
IDM ST+; une volonté d'améliorer les soins des patients avec IDM
ST+ de tous les hôpitaux et services médicaux d'urgence (SMU) de
la région, indépendamment de leur affiliation ; la participation
à un registre national de données ; et le financement partiel
d'un coordinateur régional. Après la mise en place par les
hôpitaux ACP des dispositifs susmentionnés pour l'angioplastie
primaire rapide, les coordinateurs régionaux et leurs pairs des
hôpitaux ACP partenaires ont contacté les autres hôpitaux
(non-ACP) de la région et leur SMU associé, pour parfaire la
coordination des soins. Une liste complète des hôpitaux
participants, incluant les temps de trajet (en minutes) jusqu'aux
hôpitaux ACP est présentée dans la partie «
Remerciements ».
Intervention
En collaboration avec les administrateurs, les infirmières, les
médecins et les techniciens concernés, une stratégie de
revascularisation coronaire a été établie pour chaque
hôpital, basée sur les preuves médicales, les
recommandations publiées, les ressources disponibles, et les pratiques
régionales et
locales.13
Bien que le système le plus approprié ait été
variable d'un hôpital à l'autre, un ensemble commun de
recommandations a été délivré dans un manuel
d'instructions.14
Les interventions portaient sur chaque composante de la procédure de
revascularisation : le SMU, le service des urgences, la salle de
cathétérisme, et le transfert interhospitalier. Des
stratégies systématiques ont été établies
et approuvées par de nombreuses réunions et conférences
téléphoniques aux niveaux local, régional, et de
l'État, en présence des responsables locaux impliqués
dans chaque composante de la procédure. Tous les progrès
étaient analysés par les responsables de l'étude RACE,
lors de téléconférences organisées au moins une
fois par semaine.
Recueil des données
Les hôpitaux non-ACP ont participé à une
procédure abrégée de recueil des données
effectuée par les coordinateurs régionaux, pour 10 patients
consécutifs avec IDM ST+, dans les trimestres précédant
et suivant l'intervention RACE (les données pré-intervention ont
été recueillies jusqu'à 5 mois avant l'inclusion, qui
s'est déroulée entre juillet 2005 et mars 2006, et les
données post-intervention ont été recueillies entre le
1er janvier 2007 et le 31 mars 2007), et à un inventaire
détaillé visant à déterminer les ressources et les
procédures en place pour la revascularisation coronaire.
Tous les hôpitaux ACP ont accepté de recueillir les
données de patients consécutifs en utilisant le 5ème NRMI
(National Registry of Myocardial Infarction, patients se présentant
directement à leur centre ou y étant transférés)
et d'autoriser un rapport global sur le système dans les trimestres
précédant et suivant l'intervention d'un an (les données
pré-intervention ont été recueillies pour tous les
patients consécutifs hospitalisés entre le 1er juillet 2005 et
le 30 septembre 2005, et les données post-intervention ont
été recueillies pour tous les patients consécutifs
hospitalisés entre le 1er janvier 2007 et le 31 mars 2007). Tous les
patients avec IDM ST+ ont été inclus, après
identification par les données d'admission aux urgences et de sortie de
l'hôpital.
Dans les centres non-ACP, il a été procédé
à l'analyse des dossiers patients et à l'extraction des
données concernant leurs caractéristiques à la
présentation, les délais et le type de stratégie de
revascularisation, et en cas de transfert, au mode de transport
utilisé. Les données sur les résultats cliniques des
hôpitaux non-ACP n'étaient pas disponibles, parce que la plupart
des patients avaient été transférés, donc «
désidentifiés ». Dans les centres ACP, les données,
incluant les résultats, ont été extraites des dossiers
patients selon les procédures standard utilisées dans le
registre NRMI. Les données spécifiques au programme RACE ont
été diffusées aux centres participants, au début
et à la fin de l'intervention. Les hôpitaux participants et les
SMU ont passé en revue leurs propres données de performance sur
une base beaucoup plus fréquente, le plus souvent lors de
réunions mensuelles ou trimestrielles.
Méthodes statistiques
Les statistiques descriptives pour les variables continues et
catégoriques étaient respectivement présentées en
médiane (intervalle interquartile) et en nombres (pourcentages). Pour
les caractéristiques des patients et les critères des
procédures (observations non appariées), les comparaisons
statistiques étaient basées sur des tests de Wilcoxon
Mann-Whitney et
?2 selon le
cas. Les comparaisons des critères de procédure appariés
au niveau des hôpitaux, pour les périodes pré-intervention
et post-intervention, étaient basées sur des tests de
MacNemar.
Pour les hôpitaux ACP, l'hypothèse primaire était que
l'intervention RACE réduirait les délais de la porte au
ballonnet. Pour les hôpitaux non-ACP, l'hypothèse primaire
était que l'intervention réduirait les délais porte
à porte cardio pour les patients transférés vers un autre
établissement pour angioplastie, et les délais de la porte
à l'aiguille pour ceux recevant une fibrinolyse. L'hypothèse
co-primaire était l'augmentation du taux de revascularisation chez les
patients éligibles dans les deux types d'hôpitaux. La valeur de p
< 0,05 était considérée comme statistiquement
significative. Des analyses secondaires utilisant des modèles mixtes
linéaires ont été effectuées pour l'ajustement sur
le groupement des patients au sein des hôpitaux. Le logiciel SAS,
version 8.2 (SAS Institute Inc, Cary, Caroline du Nord) a été
utilisé pour toutes les analyses.
RÉSULTATS
Caractéristiques des patients
Entre le 1er juillet 2005 et le 30 septembre 2005 (période
pré-intervention), 579 patients avec IDM ST+ aigu ont été
traités dans les hôpitaux ACP, incluant les patients
transférés et non transférés
(Figure 2). Après
l'intervention RACE, entre le 1er janvier 2007 et le 31 mars 2007, le nombre
correspondant de patients était de 585.
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Figure 2.. Organigramme des patients
Population de patients des hôpitaux avec plateau d'angioplastie (ACP)
obtenue dans la base de données du NRMI (National Registry of
Myocardial Infarction) concernant tous les patients atteints d'infarctus du
myocarde avec sus-décalage du segment ST pendant les périodes de
3 mois pré-intervention et post-intervention. Les données de la
population des hôpitaux non-ACP sont chevauchantes mais distinctes, et
ont été obtenues dans une base de donnée non
associée indépendante, en utilisant des formulaire et des
définitions abrégés compatibles, incluant environ 10
patients consécutifs par hôpital, pré-intervention et
post-intervention. Une condition émise par le comité
d'éthique pour le recueil des données était le retrait
des identificateurs qui auraient permis un croisement.
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Les caractéristiques démographiques des patients
traités dans les hôpitaux ACP et non-ACP sont
présentées dans le Tableau
1. Dans les hôpitaux ACP, l'âge médian des
patients était de 61 ans ; 226 patients (19,4 %) avaient 75 ans ou
plus, 356 patients (30,6 %) étaient des femmes, 1 082 (94,2 %)avaient
une douleur thoracique à l'admission, et 52 et 52 (4,5 %)
étaient de classe Killip III ou IV à la présentation. Six
cent soixante deux patients (56,9 %) avaient été
transférés par d'autres hôpitaux, dont 526 (45,2 %) par
des hôpitaux participant à l'étude RACE. Chez les patients
amenés par les SMU et n'ayant pas été
transférés, l'utilisation d'un électrocardiogramme
préhospitalier est passé de 68 (40,5 %) à 122 patients
(61,3 %) (p < 0,001). Après l'intervention, la proportion de
patients éligibles n'ayant pas reçu de revascularisation a
diminué, passant de 23 % à 11 %, tandis que la proportion de
patients recevant une ACP primaire a augmenté, passant de 48 % à
63 % (). La
fibrinolyse était essentiellement administrée dans les
hôpitaux non-ACP avant transfert.
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Tableau 1.. Caractéristiques des patientsa
Abréviations : ACP, angioplastie coronaire percutanée ; IIQ,
intervalle interquartile ; IMA, infarctus du myocarde aigu ; NA, non
applicable ; PAC, pontage aorto-coronarien ; RACE, Revascularisation of Acute
Myocardial Infarction in North Carolina Emergency Departments ; SMU services
de soins médicaux d'urgence.
a Données présentées en nombres
(pourcentages), sauf indication contraire. Les cellules vides indiquent une
non-applicabilité aux interventions des hôpitaux ACP ou
non-ACP.
b La classe Killip était attribuée sur la base de
la sévérité des signes d'insuffisance cardiaque à
la première évaluation. La classe Killip I indique l'absence de
râles dans les champs pulmonaires et l'absence de bruit de galop B3 ;
classe II, râles dans ? 50 % des champs pulmonaires, présence de
B3 ou distension jugulaire ; classe III, râles dans > 50 % des champs
pulmonaires ; classe IV, présence d'œdème pulmonaire avec
hypotension ou choc.
c Le mode d'arrivée n'a pas pu être
déterminé par l'examen des dossiers.
d Pour les hôpitaux ACP, limité au sous-groupe de
patients amenés par SMU et non transférés ; pour les
hôpitaux non-ACP, limité au sous-groupe de patients arrivant en
ambulance.
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Dans les hôpitaux non-ACP, 518 patients avec IDM ST+ ont
été traités dans la période
pré-intervention RACE (de juillet 2005 à mars 2006), et 407 ont
été traités dans la période post-intervention (du
1er janvier 2007 au 31 mars 2007) (Tableau
1). Leurs caractéristiques démographiques et
cliniques étaient similaires à celles des patients
traités dans les hôpitaux ACP, à l'exception d'un taux
légèrement inférieur de douleurs thoraciques à
l'admission (813 patients [89,1 %]). Cinq cent vingt cinq patients (56,8 %) se
sont rendus dans les hôpitaux non-ACP par leurs propres moyens. Parmi
ceux arrivant en ambulance, une augmentation, de 38,1 % à 42,6 %, a
été observée dans les électrocardiogrammes
préhospitaliers, qui n'était pas statistiquement significative
(p = 0,37). Après l'intervention, la proportion de patients
éligibles n'ayant pas reçu de revascularisation s'est maintenue
à 15 %, malgré une réduction non significative dans
l'administration moindre de traitement fibrinolytique (45,0 % à 39,1 %)
et une augmentation dans les transferts pour ACP (39,6 % à 46,0 %)
(). La majorité des patients a été transférée vers des
hôpitaux ACP (91,7 % à 95,1 %, p = 0,04), incluant ceux
traités par fibrinolyse. Le transfert héliporté a quelque
peu augmenté pendant la période de l'étude, passant de
24,6 % à 32,6 % ().
Interventions
Le Tableau 2 et le
Tableau 3 présentent la
proportion d'hôpitaux ayant adopté des recommandations
générales du manuel d'instructions. Tous les hôpitaux ACP
ont mis en place une équipe de supervision, une stratégie de
revascularisation commune, et un numéro d'appel unique pour activer la
salle de cathétérisme, selon les instructions. Le nombre
d'hôpitaux ACP utilisant des hélicoptères est resté
constant dans 7 établissements sur 10, et seuls 3 hôpitaux sur 10
ont adopté en première intention la stratégie d'imagerie
de l'artère responsable de l'infarctus avec un cathéter
d'angioplastie.
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Tableau 2.. Procédures des hôpitaux ACPa
Abréviations : ECG, électrocardiogramme ; ACP, angioplastie
coronaire percutanée ; IDM, infarctus du myocarde ; IDM ST+, infarctus
du myocarde avec sus-décalage du segment ST ; RACE, Revascularisation
of Acute Myocardial Infarction in North Carolina Emergency Departments ; SMU,
services de soins médicaux d'urgence ; SU, service des urgences.
a Les valeurs de p n'ont pas été calculées
en raison du nombre restreint d'observations.
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Tableau 3.. Procédures des hôpitaux non-ACP
Abréviations : ECG, électrocardiogramme ; ACP, angioplastie
coronaire percutanée ; IDM, infarctus du myocarde ; IDM ST+, infarctus
du myocarde avec sus-décalage du segment ST ; NA, non applicable ;
RACE, Revascularisation of Acute Myocardial Infarction in North Carolina
Emergency Departments ; SMU, services de soins médicaux d'urgence ; SU,
service des urgences.
a Valeurs de p basées sur test de MacNemar pour
données appariées.
b Désignation pré-intervention en fonction de la
méthode principale de revascularisation avant l'intervention RACE.
c Adoptait la fibrinolyse ou le transfert pour ACP en fonction
de la possibilité d'un transfert rapide selon les conditions
météorologiques et la disponibilité de
l'équipement.
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Parmi les 55 hôpitaux non-ACP, 28 (51 %) ont adopté une
stratégie de fibrinolyse, 16 (29 %) ont adopté un transfert pour
ACP, et 11 (20 %) une stratégie mixte avec une décision de
fibrinolyse ou de transfert pour ACP en fonction de la possibilité d'un
transfert rapide selon les conditions météorologiques et la
disponibilité des équipements au niveau local. Concernant les
recommandations à l'échelle de l'État, 51 hôpitaux
(93 %) ont donné qualité au médecin urgentiste pour
initier une revascularisation incluant l'activation de la salle de
cathétérisme sur simple appel, 49 (89 %) ont adopté une
stratégie de revascularisation commune, 37 hôpitaux sur 46 (80 %)
ont établi des programmes locaux de formation à
l'électrocardiographie pour les SMU, 28 hôpitaux sur 50 (56 %)
ont utilisé l'ambulance locale pour le transfert des patients, et 26
hôpitaux sur 39 (67 %) ont éliminé le
goutte-à-goutte intraveineux pour les transferts. Parmi les
hôpitaux non-ACP, le nombre d'établissements ayant laissé
« sur le brancard » les patients arrivés en ambulance et
susceptibles d'être transférés pour angioplastie, est
passé de 2 (4 %) à 11 (28 %).
Outre ces interventions communes, chaque hôpital participant a
effectué un certain nombre de changements spécifiques à
l'établissement ou à la situation locale. Parmi ces changements
figuraient notamment l'établissement d'un site Internet identifiant le
seul cardiologue interventionnel de garde pour l'ensemble de l'hôpital,
lorsque précédemment, les revascularisations étaient
différées dans l'attente de déterminer quel cardiologue
de plusieurs groupes concurrents interviendrait, et le recours à des
infirmières de soins intensifs pour composer le personnel de la salle
de cathétérisme en cas d'urgence, lorsqu'une intervention rapide
ne pouvait être organisée pendant la nuit ou le week-end avec le
personnel assurant habituellement le service de jour.
Délais de revascularisation
Après la mise en oeuvre des recommandations du programme RACE, les
délais de revascularisation se sont améliorés pour
presque tous les critères évalués. Parmi les patients
directement admis dans les hôpitaux ACP et ayant reçu une
angioplastie primaire, la proportion ayant des délais de moins de 90
minutes entre le premier contact médical et l'expansion du ballonnet a
augmenté de 56,7 % à 72,0 %, avec une réduction du
délai médian de 85 minutes à 74 minutes (p < 0,001)
(Tableau 4). Dans une analyse
secondaire prenant en compte le groupement des patients au sein des
hôpitaux, les résultats sont restés statistiquement
significatifs (p = 0,01). Pour les patients transférés d'un
hôpital à un autre pour ACP primaire, le délai
médian du premier contact médical au ballonnet a diminué,
passant de 165 minutes à 128 minutes (p < 0,001). Le délai
médian du premier contact médical au ballonnet pour les patients
transférés par des hôpitaux ayant adopté une
stratégie de transfert pour ACP a diminué, passant de 149
à 106 minutes (p = 0,01).
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Tableau 4.. Délais de traitement et résultats pour les patients des
hôpitaux ACP et non-ACP
Abréviations : IIQ, intervalle interquartile ; ACP, angioplastie
coronaire percutanée.
a La stratégie de revascularisation initiale de chaque
hôpital est définie par rapport à la période
post-intervention.
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Pour les patients admis dans les 55 hôpitaux non-ACP, les
délais médians porte à porte cardio ont diminué de
120 minutes à 71 minutes, ce qui représente l'une des
réductions les plus importantes observées dans l'étude (p
< 0,001). Dans l'analyse prenant en compte le groupement des patients
intra-hôpital, les résultats sont restés statistiquement
significatifs (p < 0,001). Pour le sous-groupe de patients admis dans des
hôpitaux ayant adopté une stratégie de transfert pour ACP,
le délai médian porte à porte a diminué, passant
de 97 minutes à 45 minutes (p < 0,001). Parmi les patients recevant
une fibrinolyse, la proportion ayant des délais de la porte à
l'aiguille inférieurs à 30 minutes a augmenté, passant de
34,8 % à 51,9 % (p < 0,001), avec une réduction du
délai médian de 35 minutes à 29 minutes (p = 0,002).
Résultats cliniques
Pour les patients directement admis dans les hôpitaux ACP ou y ayant
été transférés, les résultats cliniques
incluant le décès, l'AVC, l'arrêt cardiaque, et le choc
cardiogénique, n'ont pas significativement varié après
l'intervention (Tableau 4).
Après stratification par statut de transfert, les patients directement
admis dans les centres ACP avaient un taux non significativement
inférieur de mortalité (8,7 % à 7,3 %, p = 0,57) et un
taux inférieur d'AVC (0,4 % à 0) après l'intervention.
Les patients transférés dans des hôpitaux ACP avaient des
taux non significativement supérieur de mortalité (4,6 %
à 7,7 %, p = 0,09) et inférieur d'AVC (1,4 % à 0,3 %, p =
0,14) après l'intervention.
COMMENTAIRE
À notre connaissance, cette étude représente l'un des
programmes régionaux les plus importants et les plus vastes pour la
revascularisation du STEMI développé aux États-Unis,
incluant 65 des 100 hôpitaux de soins actifs de Caroline du Nord,
où vivent 8 millions de personnes. En unissant et coordonnant les SMU,
les services des urgences, et les salles de cathétérisme, les
interventions développées par l'initiative RACE ont
augmenté la fréquence des revascularisations et
substantiellement réduit le délai au traitement dans 65
hôpitaux, dont 10 centres d'angioplastie. Les améliorations les
plus notables sont survenues dans les délais des patients
transférés pour ACP, qui constituent un large groupe de patients
actuellement exclu des mesures de performance des CMS et des JCAHO. Les
améliorations sont apparues supérieures à celles
rapportées par l'étude NRMI pour les hôpitaux
américains pendant une période similaire (premier contact
médical au ballonnet des patients admis dans les hôpitaux ACP :
délai médian, 88 à 81 minutes pour l'étude NRMI et
85 à 74 minutes pour l'étude RACE ; premier contact
médical au ballonnet pour les patients transférés vers un
hôpital ACP : délai médian, 150 à 143 minutes pour
l'étude NRMI et 165 à 128 minutes pour l'étude RACE ; de
la porte à l'aiguille : délai médian, 30 à 30
minutes pour l'étude NRMI et 35 à 29 minutes pour l'étude
RACE ; et absence de revascularisation : 17 % à 17 % pour
l'étude NRMI, 23 % à 11 % pour les hôpitaux ACP du
programme RACE, et 15 % à 15 % pour les hôpitaux non
ACP).15,16
Cependant, malgré les améliorations dans la réduction
des délais au traitement de revascularisation, nous n'avons pas
observé de mortalité inférieure après
l'intervention. Compte tenu de la prépondérance des
données d'études cliniques adoptées par les
recommandations pratiques indiquant que la revascularisation précoce
réduit la mortalité, notre étude n'était pas
conçue pour examiner la mortalité ou évaluer les
schémas thérapeutiques. Les taux de complication et de
mortalité dans cette étude sont similaires à ceux des
registres nationaux, suggérant que notre intervention était
appliquée à une population
comparable.3-5
Compte tenu des caractéristiques de notre étude, incluant
l'absence de randomisation, la taille relativement restreinte de notre
échantillon, et la confusion significative introduite par une
intervention conçue pour étendre l'accès à la
revascularisation à davantage de patients éligibles, les
déductions fondées sur ses résultats doivent relever
d'une grande prudence. Néanmoins, des programmes pour le traitement de
revascularisation comme celui-ci doivent être poursuivis pour surveiller
et rapporter des données afin d'identifier tout problème
potentiel, d'éviter les fausses associations liées aux biais de
publication, et d'évaluer l'efficacité des recommandations
basées sur les études cliniques dans une application plus
large.
Dans la mesure où nous avons demandé à tous les
hôpitaux et SMU d'adopter un ensemble commun de recommandations, nous ne
pouvons pas déterminer l'intervention de l'initiative RACE la plus
efficace dans l'amélioration des soins. Cependant, un certain nombre
d'aspects spécifiques de l'étude ont probablement
contribué à sa réussite. Premièrement,
l'étude RACE dépassait le cadre de la salle de
cathétérisme et des hôpitaux ACP pour s'intéresser
aux services d'urgences, aux SMU, ainsi qu'aux réseaux hospitaliers et
à leurs systèmes associés de communication et de
transport. Cette orientation intentionnelle était basée sur des
observations selon lesquelles de nombreux retards de traitement sont
très susceptibles d'être résolus par une intervention
précoce dans le processus diagnostique de l'IDM ST+. En « faisant
avancer les soins », les médecins urgentistes et les techniciens
d'urgence médicale ont été en mesure d'instituer des
algorithmes de revascularisation coronaire sans consultation de cardiologie
préalable.
Un second aspect fondamental concernait la mise en oeuvre de
systèmes visant à exploiter et optimiser les ressources locales
préexistantes. Ainsi, dans les régions de l'État
où l'angioplastie primaire ne pouvait pas être effectuée
dans les 120 minutes malgré l'efficacité maximale du
système, nous avons recommandé l'administration rapide d'une
fibrinolyse conformément aux recommandations existantes. Les
hôpitaux et les régions de l'État qui adoptaient cette
approche étaient généralement situés dans des
zones montagneuses à la population clairsemée, où les
possibilités de transport étaient limitées ou les temps
de trajet jusqu'aux hôpitaux ACP inconcevables. Le fait que le
délai médian de la porte au ballonnet ait été de
128 minutes pour les patients transférés, malgré notre
intervention concertée dans les hôpitaux les plus
adéquats, indique que le traitement fibrinolytique devra rester une
option thérapeutique majeure dans les parties moins accessibles des
États-Unis. Cependant, même dans de telles localités
rurales où la fibrinolyse représente la stratégie de
revascularisation primaire, les systèmes permettant un transfert rapide
des patients restent majeurs pour les personnes inéligibles à la
fibrinolyse et pour celles qui n'y répondent pas.
La plus grande simplification possible des stratégies de
revascularisation, particulièrement dans le cadre des transferts,
était un aspect essentiel de notre approche des systèmes de
soins. Ainsi, le goutte-à-goutte intraveineux, comme l'héparine
ou la nitroglycérine, a été minimisé parce que
nous avions déterminé des retards substantiels liés
à l'utilisation des perfusions continues. Dans certaines
régions, la tubulure intraveineuse différait en fonction des
hôpitaux et des SMU, de sorte que les tubulures et les pompes devaient
être changées entre les transferts, augmentant significativement
les délais de traitement. En outre, certains services de transport
d'urgence étaient restreints dans leur capacité à
effectuer de multiples goutte-à-goutte, en matière
d'équipement et de personnel. Les autres simplifications
recommandées incluaient le recours à des ambulances locales
plutôt qu'à des hélicoptères ou à des
unités mobiles de réanimation, le maintien des patients «
sur le brancard », le cas échéant, pour une
évaluation et un transfert plus rapides, et l'accueil de tous les
patients nécessitant une ACP par l'établissement participant le
plus proche sans devoir vérifier la disponibilité des lits.
La recommandation la plus controversée pour la simplification du
traitement de l'IDM ST+, destinée à permettre une
revascularisation plus rapide, était peut-être celle impliquant
l'instauration d'une stratégie de revascularisation spécifique
à chaque service d'urgences et SMU. Sur la base de notre
expérience, suggérant que l'IDM ST+ était un
événement relativement peu fréquent pour la
majorité du personnel d'urgence, nous avons pensé que le
bénéfice potentiel de l'individualisation du traitement en
fonction de la durée des symptômes, de la proximité de la
salle de cathétérisme, et du risque hémorragique,
était surpassé par le bénéfice lié à
la sélection de la meilleure stratégie de revascularisation pour
la majorité des patients, ainsi qu'à la suppression du retard
résultant de l'indécision et du délai nécessaire
pour individualiser un plan de traitement. Il est apparu que les
médecins urgentistes étaient favorables à une approche
prédéterminée suivant un algorithme, qui induisait un
traitement rapide et coordonné, ainsi qu'une rapide disposition du
patient.
Nous avons choisi d'inclure tous les hôpitaux et SMU au sein d'une
région donnée, dans la mesure du possible. Cette approche a
été favorisée par des entretiens avec l'administration et
les médecins de tous les établissements, par
l'élaboration des interventions autour de lignes d'orientation
existantes, et par le développement de stratégies de
revascularisation par consensus. La prise en charge du STEMI a
été abordée d'un point de vue de qualitatif, en
effectuant un recueil de données en aveugle et en recourant à
des associations d'experts et à des centres hospitaliers universitaires
de l'État pour favoriser une interaction et une prise de
décision participative.
Le dernier aspect de notre intervention, et sans doute le plus important,
concernait la facilitation des systèmes développés au
niveau des régions et de l'État par des infirmiers coordinateurs
à plein temps. Pour chaque région, un coordinateur, payé
par les hôpitaux ACP et par le programme RACE, était
chargé de la supervision de chaque aspect de l'intervention, incluant
les systèmes d'activation du cathétérisme dans les
hôpitaux ACP, les plans de prise en charge du STEMI des services des
urgences et des SMU, et le recueil des données par une revue des
dossiers avant et après l'intervention. Ils étaient
également impliqués dans la formation locale et régionale
des SMU, des personnel infirmiers, et d'autres personnels des urgences et des
salles de cathétérisme, ainsi que des administrateurs. Ces
coordinateurs régionaux ont largement contribué aux
améliorations observées dans les soins et à la
réussite globale du programme.
Ce système présente certaines similitudes et
différences substantielles avec d'autres programmes de
revascularisation des IDM ST+. Le programme réussi Minnesota Level 1
Heart Attack a servi de modèle pour une majorité des
interventions de transfert de notre
système.17
L'intérêt porté à la première heure «
en or » et à la vaste coordination d'urgence des transports et
des services hospitaliers spécialisés reflétait celui du
système national de traumatologie et du programme Minnesota Heart
Attack. À la différence de notre intervention, l'approche du
Minnesota repose largement sur le transport héliporté, effectue
l'angioplastie pour tous les patients dans un même centre, et adopte une
approche facilitée combinant pour moitié la fibrinolyse et l'ACP
pour les patients se présentant initialement dans des hôpitaux
à plus de 95 km de la salle de cathétérisme. En attendant
de nouvelles données d'études cliniques, nous avons
insisté sur des approches de la revascularisation étayées
par les données existantes et par des recommandations établies.
Compte tenu de l'étendue de notre zone d'intervention et de la grande
variabilité des moyens régionaux, une approche unique de la
revascularisation n'était tout simplement pas réalisable dans
notre projet.
De nombreux autres systèmes du pays recourent également
à des techniciens d'urgence médicale pour effectuer les
électrocardiogrammes et transporter directement les patients dans les
centres équipés de plateaux d'angioplastie, en excluant les
centres non
équipés.18-20
Dans notre État géographiquement, économiquement et
démographiquement varié, la meilleure approche de
l'électrocardiographie préhospitalière variait en
fonction de la région et de l'hôpital. Plutôt que de
vouloir étendre la disponibilité des paramédicaux dans
les régions rurales aux ressources financières limitées,
un membre de notre comité de surveillance a soutenu activement et avec
succès la modification des réglementations de l'État, qui
autorisent désormais les techniciens d'urgence médicale de
niveau intermédiaire à effectuer des ECG dans les régions
ne disposant pas de paramédicaux. Cette même variation
interrégionale dans les ressources nous a conduits à reposer sur
un certain nombre de méthodes pour l'inter-prétation
électrocardiographique, incluant le recours à des
paramédicaux ou à un algorithme informatique, la transmission de
l'ECG, et si aucune de ces approches n'était réalisable, la
soumission de l'ECG au médecin des urgences à l'arrivée
des patients dans le service.
De récentes initiatives de sociétés savantes
présentent des caractéristiques communes avec notre programme.
Le programme D2B (Door to Balloon) de l'American College of Cardiology est
axé sur l'amélioration des performances des systèmes des
salles de
cathétérisme.21
En fait, l'ensemble de nos 10 hôpitaux ACP a rejoint le programme D2B
à la fin de notre étude ; dans les hôpitaux participant au
programme RACE, la proportion finale de patients recevant une angioplastie
dans les 90 minutes est proche de l'objectif de 75 % fixé par D2B.
Notre concept, consistant à élaborer différents
systèmes régionaux pour la prise en charge du STEMI en fonction
de la disponibilité des plateaux d'angioplastie dans les hôpitaux
à proximité, a été formellement codifié par
l'initiative Mission Lifeline de l'American Heart Association
(AHA).7 Les
hôpitaux et les régions qui avaient adopté une
stratégie de transfert pour ACP dans notre système
reflètent très étroitement l'approche de l'AHA. Bien que
les délais de transfert interhospitalier aient été
significativement réduits par nos interventions, des retards plus
qu'importants persistaient malgré les efforts intenses et bien
financés fournis dans la coordination régionale. Ceci
suggère indirectement qu'en dépit d'une meilleure application de
l'angioplastie primaire de qualité dans de brefs délais, le
traitement fibrinolytique continuera de jouer un rôle majeur dans de
nombreuses régions du pays.
Notre expérience et un rapport de l'Institute of
Medicine22
suggèrent que davantage de ressources devraient être
consacrées aux SMU et aux services des urgences pour la prise en charge
de l'IDM ST+, comme cela a été le cas pour le
développement des systèmes de traumatologie à travers les
États-Unis. Ainsi, compte tenu du manque de normes
fédérales et de la dépendance des autorités
locales en matière de financement et de soutien, les SMU de nombreuses
localités ne disposent pas des ressources, du personnel ou de la
formation adéquats pour appliquer systématiquement les soins
d'urgence des IDM
ST+.22 Il
conviendrait d'établir des normes nationales minimales, relatives
à la formation et à l'intervention des SMU, et de fournir un
financement adéquat pour garantir une systématisation des soins.
Les autres obstacles à la prise en charge rapide à traiter
incluent la modification des systèmes de remboursement pour supprimer
les pénalisations financières liées au transfert des
patients, et la révision des dispositions de l'Emergency Medical
Treatment and Active Labor Act (loi EMTALA) afin de minimiser les
ambigüités concernant l'importance des transferts en cas d'IDM
ST+.
Cette étude présente plusieurs limites. Elle ne comportait
pas de comparateur régional ou national permettant d'évaluer
l'amélioration relative dans la prise en charge de l'IDM ST+.
L'étude NRMI à long terme a été achevée en
décembre 2006, avant la fin de notre période de recueil des
données. La comparaison avec les rapports du NRMI était en outre
limitée par le manque de disponibilité de distributions de
données continues et par le rapport des délais de traitement sur
12 mois consécutifs. En tenant compte de ces réserves majeures,
la comparaison avec le registre NRMI pendant une période similaire
suggère des améliorations plus importantes dans l'intervention
RACE.
Les autres limites de notre étude sont également liées
aux données. Bien que les données des hôpitaux non-ACP
aient été recueillies par des membres de l'équipe de
recherche indépendants, il est possible que ces hôpitaux aient
occulté les dossiers de patients particuliers. Pour les hôpitaux
ACP, nous n'avons pas pu analyser les données NRMI, ce qui a pu
contribuer à renforcer le biais des données
auto-rapportées. Pendant cette période, les CMS ont
vérifié un petit échantillon de dossiers hospitaliers
concernant les délais de revascularisation, ce qui a pu inciter les
hôpitaux participants à effectuer des rapports de données
plus précis.
Ces limites relatives aux données illustrent un problème
national majeur dans l'établissement de systèmes de prise en
charge des IDM ST+. L'évaluation des performances et le retour
d'information figurent parmi les outils les plus utiles pour motiver les
changements et améliorer les systèmes. Avec l'arrêt du
registre NRMI, le registre ACTION de l'American College of Cardiology
National-Cardiovascular Data Registry devrait commencer à
évaluer les paramètres de la revascularisation dans l'IDM ST+.
Nous avons appelé tous les hôpitaux participant à notre
programme à participer à ce registre. La vérification des
données, la disponibilité des points de référence
régionaux et nationaux, ainsi que le suivi des patients
transférés, incluant les décès pendant le
transfert, seront des éléments essentiels de ce registre.
Une autre limite des registres hospitaliers utilisés dans notre
étude réside dans le fait que les décès survenus
pendant les transferts n'ont pas été systématiquement
identifiés dans les données des hôpitaux d'origine ou
d'accueil. Nous élaborons actuellement une méthode pour
l'identification systématique de tous les décès en cours
de transfert, basée sur les appels d'activation des salles de
cathétérisme cardiaque pour lesquels les patients n'arrivent pas
à la salle. Dans la mesure où les meilleures possibilités
d'amélioration résident en « première ligne »
des soins cardiaques, l'accès aux registres hospitaliers ou leur fusion
avec les données des SMU, comme dans le National EMS Information
System, seront importants pour évaluer pleinement leur impact sur les
résultats cliniques.
CONCLUSION
Nous avons démontré qu'un programme à l'échelle
de l'État, axé sur le développement de systèmes
régionaux de revascularisation de l'IDM ST+, peut significativement
améliorer la qualité des soins. De nouvelles études
seront nécessaires pour confirmer que ce programme - parmi d'autres -
qui démontre une amélioration dans l'application des traitements
de revascularisation, induit une réduction de la mortalité et de
la morbidité liées à l'infarctus du myocarde aigu.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Christopher B. Granger, MD, Duke Clinical Research
Institute, Duke University Medical Center, Box 3409, Durham, NC 27710
(christopher.granger{at}duke.edu).
Les affiliations des auteurs et les investigateurs RACE sont
indiqués à la fin de cet article.
Publié en ligne: 4 novembre 2007 (doi:
10.1001/jama.298.20.joc70124).
Contributions des auteurs : Les Drs Granger et Jollis ont eu un
accès complet à toutes les données de l'étude et
acceptent l'entière responsabilité de l'intégrité
des données et de l'exactitude de l'analyse des données.
Conception et schéma de l'étude : Jollis, Roettig,
Berger, Hathaway, Hoekstra, Kelly, Granger.
Recueil des données : Jollis, Roettig, Aluko, Applegate,
Babb, Berger, Bohle, Fletcher, Garvey, Hathaway, Hoekstra, Kelly, Maddox,
Shiber, Valeri, Watling, Wilson, Granger.
Analyse et interprétation des données : Jollis,
Roettig, Anstrom, Applegate, Berger, Fletcher, Garvey, Kelly, Shiber,
Granger.
Rédaction du manuscrit : Jollis, Aluko, Berger, Kelly,
Wilson, Granger.
Revue critique du manuscrit : Jollis, Roettig, Aluko, Anstrom,
Applegate, Babb, Berger, Bohle, Fletcher, Garvey, Hathaway, Hoekstra, Kelly,
Maddox, Shiber, Valeri, Watling, Granger.
Analyse statistique : Jollis, Anstrom, Hoekstra, Granger.
Obtention du financement : Jollis, Babb, Berger, Hoekstra, Shiber,
Granger.
Aide administrative, technique et matérielle : Jollis,
Roettig, Aluko, Berger, Bohle, Fletcher, Garvey, Hathaway, Hoekstra, Kelly,
Maddox, Shiber, Valeri. Supervision de l'étude: Jollis, Applegate,
Garvey, Hathaway, Hoekstra, Kelly, Maddox, Shiber, Wilson, Granger.
Liens financiers : Aucun déclaré.
Financement/Soutien : Cette étude a
bénéficié d'un soutien sous la forme d'une bourse de 1
million de dollars de Blue Cross and Blue Shield of North Carolina et
agréé par le North Carolina Chapter of the American College of
Cardiology et le North Carolina Office of Emergency Medical Services. Elle
était aussi soutenue par Genentech qui a réalisé une
utilisation individualisée des données du Registre National de
l'Infarctus du Myocarde pour les hôpitaux de RACE, tous les
hôpitaux participants, les services médicaux d'urgence et les
professionnels de santé. Bien que la plupart du personnel
impliqué dans l'étude l'ait été en raison de leur
position professionnelle centralisée sur les soins cardiaques,
l'étude RACE a employé 5 coordinateurs régionaux à
temps plein (avec la moitié de leur soutien apporté par les
hôpitaux régionaux PCI) et un directeur à temps plein pour
l'état.
Rôle du sponsor : Blue Cross and Blue Shield of North Carolina
and Genentech n'ont joué aucun rôle dans le schéma et la
conduite de l'étude, l'analyse et l'interprétation des
données, la préparation, la revue ou l'approbation du
manuscrit.
Equipe coordinatrices régionales de PCI de RACE et hôpitaux
participants par région (temps de conduite en minutes vers le centre de
PCI) : Asheville : Lourdes Lorenz, RN, MSN (coordinateur régional);
William Hathaway, MD ; William Maddox, MD; Stace Horrine, MD; Jason Hunt, MD;
Dale Fell, Wendy Westling, Stephanie Morrow, Jennifer Arledge.
Hôpitaux participants à Asheville : Mission Hospitals,
Asheville (PCI); Angel Medical Center, Franklin (75); Harris Regional
Hospital, Sylva (60); Haywood Regional Medical Center, Waynesville (30);
Highlands-Cashiers, Highlands (115);McDowell Hospital, Marion (38); Murphy
Medical Center, Murphy(135); Pardee Hospital, Hendersonville (35); Park Ridge
Hospital, Fletcher (30); Rutherford Hospital, Rutherfordton (60); Spruce Pine
Community Hospital, Spruce Pine (72); St Luke's Hospital, Columbus (45);
Transylvania Community Hospital, Brevard (35). Charlotte: Marla Jordan, RN,
BSN (coordinateur régional); Akinyele Aluko, MD; Sidney Fletcher, MD;
Lee Garvey, MD; Scott Valeri, MD; Brad Watling, MD; Hadley Wilson, MD; Casey
Bridges, Jackie Bowker, Kevin Collier, Angela Humphreys, Collin Lane, Rosanne
Short, Richard Pearce, Sharon Sorrell, Patricia Pye, Cathy Rabb.
Hôpitaux participants à Charlotte: Carolinas Medical
Center (CMC) (PCI), CMC-Mercy (PCI), and Presbyterian Hospital (PCI),
Charlotte: CMC-Lincoln, Lincolnton (47); CMC-Pineville, Charlotte
(21);CMC-Union, Monroe (35); CMC-University, Charlotte (18); Cleveland
Regional Medical Center, Shelby (60); Lake Norman Regional Medical Center,
Mooresville (29); Presbyterian Hospital, Huntersville (19); Presbyterian
Hospital, Matthews (16); Rowan Regional Medical Center, Salisbury (51).
Durham-Greensboro-Chapel Hill: Jenny Underwood, RN, BSN (coordinateur
régional); Robert Beaton, MD; Ian Buchanan, MD; Bruce Brodie, MD;
Christopher Granger, MD; James Jollis, MD; Charles Wilson, MD; Robert Kelly,
MD; George Stouffer, MD; Thomas Stuckey, MD; Lois Pradka, Catherine Rege,
Karen Pierce. Hôpitaux participants à Durham-Greensboro-Chapel
Hill : Duke University Medical Center, Durham (PCI), Moses H. Cone
Memorial Hospital, Greensboro (PCI), et North Carolina Memorial Hospital,
Chapel-Hill (PCI): Alamance Regional Medical Center, Burlington (35); Annie
Penn Hospital, Reidsville (30);Chatham Hospital, Siler City (47); Franklin
Regional Medical Center, Louisburg (64); Maria Parham Medical Center,
Henderson(42); Morehead Memorial Hospital, Eden (48); Person Memorial
Hospital, Roxboro (47); Randolph Hospital, Asheboro (28); Sampson Regional
Medical Center, Clinton (101);Wesley Long Community Hospital, Greensboro (6).
Eastern North Carolina: Mary Printz, RN, FNP-C (coordinateur régional);
Joseph Babb, MD; Timothy Reeder, MD; John Rose, MD; Joseph Shiber, MD; Sue
Edwards, Mary Yahnker, Jerry Fath, Mary Alice Nobles, Brian Floyd.
Hôpitaux participants à Eastern North Carolina : Pitt
County Memorial Hospital, Greenville (PCI): Beaufort County Hospital,
Washington (34); Bertie Memorial Hospital, Windsor (55); Chowan Hospital,
Edenton (94); Duplin General Hospital, Kenansville (88); Halifax Regional
Medical Center, Roanoke Rapids (97); Heritage Hospital, Tarboro (35); Lenoir
Memorial Hospital, Kinston (43); Martin General Hospital, Williamston (50);
Nash General Hospital, Rocky Mount (51); Onslow Memorial, Jacksonville (102);
Our Community Hospital, Scotland Neck (70); Pungo District Hospital, Belhaven
(77); Roanoke-Chowan hospital, Ahoskie (74); Washington County Hospital,
Plymouth (78). Winston-Salem : Lisa Monk, RN, MSN (coordinateur
régional); Stephanie Starling-Edwards, RN,BSN (coordinateur
régional); Robert Applegate, MD; David Bohle, MD; James Hoekstra, MD;
Greggory Tarleton, MD; Paul Hammes, Jeannie Kiger, Rich Lundy, Derek Woods.
Hôpitaux participants à Winston-Salem: Forsyth Medical
Center (PCI) and Wake Forest University/Baptist Medical Center (PCI),
Winston-Salem: Alleghany Memorial Hospital, Sparta (84); Ashe Memorial
Hospital, Jefferson (104); Davis Regional Medical Center, Statesville (35);
Hugh Chatham Memorial Hospital, Elkin (48); Iredell Memorial Hospital,
Statesville (39); Northern Hospital of Surry County, Mount Airy (28);
Lexington Memorial Hospital, Lexington (45); Thomasville Medical Center,
Thomasville (38); Twin County Regional Hospital, Galax (84); Wilkes Regional
Medical Center, N. Wilkesboro (58). Comité scientifique central de
l'état: Christopher Granger, MD; Mayme Lou Roettig, RN; James Jollis,
MD. Bureau de supervision: Robert Califf, MD; Pamela Douglas, MD; Robert
Harris, MD; Greg Mears, MD; William O'Neill, MD.
Affiliations des auteurs: Department of Cardiology and Duke
Clinical Research Institute, Duke University, Durham, North Carolina;
Departments of Emergency Medicine and Cardiology, Presbyterian Hospital,
Charlotte, North Carolina; Departments of Cardiology and Emergency Medicine,
Wake Forest University, Winston-Salem, North Carolina; Departments of
Cardiology and Medicine and Emergency Medicine, East Carolina University,
Greenville, North Carolina; Center for Clinical Studies, Geisinger Health
System, Danville, Pennsylvania; Department of Cardiology, Forsyth Medical
Center, Winston-Salem, North Carolina; Departments of Emergency Medicine and
Cardiology, Carolinas Medical Center, Charlotte, North Carolina; Department of
Cardiology, Mission Memorial Hospital, Asheville, North Carolina; Department
of Cardiology, Beacon Hospital, Dublin, Ireland; and Departments of Cardiology
and Emergency Medicine, Carolinas Medical Center-Mercy, Charlotte, North
Carolina.
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