Ce message apparaît peut-être en raison d'une inadaptation de votre moteur de recherché aux références internet requises. Comprenez la raison de l'apparition de ce message et ce que vous pouvez faire pour mieux connaître le site.


Recherche avancée

Institution: STANFORD Univ Med Center  | Mon compte | s'inscrire


  Vol. 299 No. 7, 20 février 2008 TABLE OF CONTENTS
  Couverture
 Cet Article
 •PDF
 •Sauvegarder dans Citation Manager
 •Permissions
 Contenu en rapport
 •Articles similaires dans ce journal

Lyshornet près de Bergen


Figure 1
Johann Christian Claussen Dahl, Lyshornet bei Bergen, 1836, Norvégien © Musée d’Oslo

Les influences qui ont marqué les courants artistiques dans le nord de l’Europe sont parfois si intriqués qu’il est difficile de savoir si tel peintre appartient à l’école suédoise, tel autre à l’école norvégienne, ou si les deux sont classés comme peintres allemands.

En effet, l’Allemagne par sa puissance et son rayonnement intellectuel exerça sur tous les pays du nord européen une influence majeure. Que ce soit à Dresde, Münich ou Düsseldorf, nombreux sont les peintres qui sont venus apprendre, se perfectionner ou travailler.

Or l’Allemagne de cette fin du 18ème siècle et du début du 19ème est l’essence du romantisme. En littérature, Goethe avec Werther fait pleurer l’Europe, Beethoven introduit la symphonie romantique en musique, Caspar David Friedrich enfin enflamme les toiles en peignant la lutte de l’homme et des éléments. Cette Allemagne bouillonne et rayonne. En France, Lamartine et Chateaubriand se donnent des airs de Werther. Ils se tournent vers la nature, font semblant de se détourner des hommes et pleurent sur leur existence. Ils recherchent la vie dont ils ne veulent pas. « Au fond de cette coupe où je buvais la vie ». L’ont-ils jamais bu ?

La Norvège, quant à elle, est toujours dans une valse hésitante. Le modernisme ne l’a pas encore frappé. Le romantisme non plus. Les peintres, aussi doués soient-ils, sont encore à l’ère du portrait. Ces portraits font vivre et se vendent aux puissants de ce monde. La Norvège vit sous l’influence de Jacob Munch (1776-1839) puis de Matthias Stoltenberg (1799-1871).

Mais le 19ème siècle est bien là. Il s’accompagne de nombreuses innovations dont la photographie n’est pas la moindre. Elle va orner les murs de presque toutes les familles. Les portraits, longs, coûteux vont petit à petit être remplacés par la peinture de paysage.

La Norvège reste un pays difficile, l’économie n’est pas très bonne, pour ne pas dire mauvaise. La sécession de 1814 d’avec le Danemark a laissé des traces et peu d’argent. Les peintres ont du mal pour vivre. L’aristocratie est en panne depuis 1821. Le mécénat n’existe plus.

Lorsque, dans un pays on ne peut plus exercer son métier, c’est ailleurs que l’on cherche de nouvelles sources de travail. Cette constante se retrouve dans l’histoire de tous les peuples.

Les peintres norvégiens n’échappent pas à cette règle. Ils descendent naturellement vers la voie allemande. Dresde, centre du romantisme allemand, les accueille. Elle formera le creuset de la nouvelle peinture norvégienne. Mais petit à petit, Dresde perd ce rôle de centre de la vie culturelle allemande au profit de Düsseldorf. A partir de 1830, alors qu’en France arrive Louis-Philippe, les peintres norvégiens dans le sillage de Johan Christian Dahl (1788-1857), s’installent à Düsseldorf. Ils apprennent à saisir ce qui unit ou oppose l’homme à la nature. Caspar Friedrich les impressionne aussi bien par son mysticisme que par sa confrontation à la puissance des éléments. Il aura une profonde influence sur les peintres norvégiens qui se mettent à peindre selon ce qui deviendra le Romantisme National.

Johann Christian Claussen Dahl qui a beaucoup voyagé en Allemagne, traverse le Tyrol autrichien pour se rendre en Italie, et revient en Norvège. Il commence à peindre son pays et ses majestueux paysages, notamment dans l’Ouest de la Norvège et finit par donner au paysage norvégien sa forme artistique. En 1836, Dahl crée la première Société des Arts qui va jouer un rôle capital auprès des artistes norvégiens. La Société des Arts va marquer l’existence d’une culture norvégienne spécifique.

Né à Bergen, en 1788, il y vit et travaille jusqu’en 1812, avant de se rendre à Copenhague.

1812 en Europe n’est pas la meilleure année pour voyager. Napoléon vient d’occuper la Poméranie Suédoise et marche vers la Russie. Dahl reste prudemment à Copenhague jusqu’en 1818 avant de descendre sur Dresde. Il a 30 ans. L’Europe renaît de ses cendres. L’art reprend sa place.

Dahl n’est plus un jeune peintre. Mais à Dresde, c’est la rencontre avec Caspar David Friedrich. Celui-ci vient de se marier et son œuvre puissante est déjà derrière lui. Mais, cette rencontre est un choc. C’est certainement l’un des tournants de sa vie. Dahl à Dresde apprend à peindre les éléments qui se déchaînent, la nature qui vit et qui vibre, la nature œuvre de Dieu.

A 40 ans, le voilà nommé professeur à l’Académie, il est reçu comme membre de nombreuses académies. En Allemagne, Dahl fait carrière et bien qu’il peigne de nombreux paysages de son pays d’adoption, il fait de fréquents voyages en Norvège qu’il peindra avec emphase et drame. En 1835, Caspar David Friedrich a un accident vasculaire cérébral, il ne peint plus, se contente de dessiner, mais le maître du romantisme allemand a fait des émules chez ces peintres nordiques. Dans le paysage de la couverture peint en 1836, Lyshornet près de Bergen, sa ville natale, la nature est sauvage et grandiose. Protège-t-elle le berger et son troupeau au premier plan, ou est-elle prête à engloutir ces imprudents mortels ? Il y a dans cette peinture la grandeur de l’Antiquité. Bien qu’imprégné de christianisme, on ne peut que penser aux Dieux de l’Antiquité et à la fragilité de l’homme face aux éléments. La nature commande le respect. Cette peinture est directement inspirée des tableaux de Casper David Friedrich. La brume et les nuages s’insinuent dans les montagnes. Le ciel sombre qui passe au-dessus du troupeau est menaçant. Au fond, perce un ciel clair. Est-ce la rédemption ?

Dahl poursuivra cette voie et établira en Norvège un art particulier à son pays. Lorsqu’il décède en 1857 à Dresde, il léguera à la Société des Arts qu’il avait contribuée à fonder une grande partie de son oeuvre.

Le temps avait passé, de nouveaux peintres allaient voir le jour. Ils lanceraient bientôt en Norvège un autre type de peinture : le réalisme. Dahl avait marqué son époque. A 69 ans, ce peintre norvégien, classé dans l’école allemande de Dresde, disparaissait.

En Hollande naissait Théodore Van Gogh. En France disparaissait Musset.

Une page se tournait.

Jean Gavaudan, MD







Accueil | Numéro Actuel | Numéros Précédents | Page du Patient | Le JAMA-français
Conditions d'utilisation | Politique de confidentialité | Contactez-nous (Anglais)
 
Copyright© 2008 American Medical Association. Tous Droits Réservés.