| |
Christoffer Wilhelm Eckersberg. (1783-1853) Femme à sa toilette, 1841 Collection Hirschsprungske, Copenhague.
|
|
Christoffer Wilhelm Eckersberg est considéré comme le fondateur de l’école danoise de peinture et son influence s’est étendue à toute une génération d’artistes qui allaient constituer l’âge d’or de la peinture danoise. Mais si ce peintre que certains ont classé dans les romantiques a su forger son âme vers un objectif unique, la peinture, son caractère a laissé à désirer tout au long de sa vie. Son visage massif, carré, ses mâchoires fortes, ses sourcils épais trahissaient une volonté farouche d’arriver au sommet de son art et un fort tempérament.
Après des années d’apprentissage que l’on peut qualifier de local dans le Jutland, puis dans l’Asslund, il part en ayant amassé suffisamment d’argent pour Copenhague où il est admis directement à l’Académie Royale de peinture en 1803. Il a 20 ans, mais le caractère bien affirmé. Il devient l’élève de Nikolaj Abraham Abildgaard avec lequel il se brouille rapidement et doit attendre 1809 et la mort de celui-ci pour obtenir la médaille d’or de l’Académie.
En 1810, à 27 ans, il épouse E. Christina Rebecca Hysing, pour légitimer le fils qu’il a eu avec celle-ci. Aussitôt marié, le voilà sur les chemins. Il laisse deux jours après son mariage femme et enfant et part sur les routes allemandes qui le conduiront à Paris.
Paris, 1810, c’est la Cour impériale. Napoléon gouverne, se mêle de tout, des affaires françaises comme des affaires européennes, décide des lois comme de l’art. Un nom domine, David, maître du néoclassicisme. Christoffer Wilhelm Eckersberg devient son élève entre 1811 et 1812. Ses progrès sont nets, David lui conseille de peindre d’après nature et la nature. Il lui enseigne aussi l’art Antique qui plaît tant au maître de l’Europe et qui s’y voit en César Imperator. Aussi, comme beaucoup de peintres, c’est en Italie qu’Eckersberg continue sa formation. Florence mais surtout Rome le séduisent et Eckersberg, le peintre nordique, peint de monumentaux paysages manifestement séduit par la lumière de la campagne romaine.
Entre temps, il profite de son absence du Danemark pour obtenir son divorce d’avec Hysing. Il n’est resté marié avec elle que deux jours, l’a connu au moins une nuit et la laisse sans trop de remords.
En 1816, l’Europe sort de la période napoléonienne, et Eckersberg retourne en homme libre et célibataire au Danemark où il est admis à l’Académie d’une part et où il épouse Elisabeth Cathrine Julie Juel, fille d’un professeur de l’Académie. Après la mort de Nikolaj Abraham Abildgaard, il postule à la chaire de celui-ci et la reçoit en même temps que Lund.
Il avait eu un premier fils, qui devint graveur, il aura deux autres fils et quatre filles avec sa deuxième femme qui décédera en 1827. Toujours un peu pressé dans sa vie, un an après la mort de sa femme, il épouse la sœur de celle-ci. Ils auront de nombreux enfants.
De 1827 à 1829, il dirige l’Académie Royale de peinture, mais sa vue s’affaiblissant, il renonce à la peinture.
En 1853, Copenhague est frappée par une grande épidémie de choléra qui l’emporte à l’âge de 70 ans.
Ce qui est le plus remarquable chez Eckersberg est le travail qu’il a fait sur la perspective et l’enseignement qu’il a su communiquer à ses élèves. Il les a encouragés à travailler en extérieur en plaçant l’accent sur la perfection de la perspective. Cet engouement pour ce travail géométrique vient sans aucun doute des nombreux dessins et peintures de marine qu’il a pu réaliser tout au long de sa carrière.
Dans le tableau présenté, Femme à sa toilette, grand classique des peintres de toute génération, la facture n’est pas des mieux rendues. La jeune femme est un peu massive, ses masses musculaires sont assez masculines, avec de larges épaules et des bras un peu disproportionnés. Ce n’est pas un hasard si tout au long de sa vie, Eckersberg sera barré par Jensen en tant que portraitiste.
S’il a profité des leçons de David, il n’en a pas la grâce et la Mme Récamier de David, dont la féminité éclate, n’a pas profité comme elle aurait dû à Eckersberg dont la « Femme à sa toilette » manque singulièrement de charme.
Eckersberg, père de la peinture danoise, restera un grand peintre des extérieurs, de la nature et des paysages marins. Ses relations avec les hommes et les femmes étaient difficiles, cette difficulté se traduit peut-être dans sa peinture.
