Contexte La preuve que l'inflammation est une voie importante
dans la dégénérescence liée à
l'âge (DMLA) est de plus en plus nette. Des récentes
études cas-témoins ont montré une association entre le
gène du facteur H du complément (CFH), un
régulateur du complément et la DMLA.
Objectifs Evaluer les associations entre le gène du
CFH et la DMLA au sein de la population générale et
explorer l'effet modificateur du tabagisme, des marqueurs sériques
inflammatoires et la variation génétique de la protéine C
réactive (PCR).
Schéma, environnement et participants Etude prospective de
population ayant pour base une cohorte de personnes âgées de 55
ans ou plus (inclusion entre le 20 mars 1990 et le 31 juillet 1993 et 3
examens de suivis réalisés entre le 1er septembre
1993 et le 31 décembre 2004) à Rotterdam, Pays-Bas. Un
polymorphisme CFH Y402H a déterminé chez 5681
personnes. Les données sur le tabagisme, la vitesse de
sédimentation, les taux sériques de CRP et les haplotypes du
gène PCR ont été évalués initialement.
Principaux critères de jugement Ensemble des stades de
gravité de DMLA incidente et prévalente, cotés selon la
classification internationale et le système de cotation pour la
DMLA.
Résultats La fréquence d'une mutation CFH
Y402H était de 36,2 % (4116/11362 allèles). Initialement,
il y avait 2062 personnes (36,3 %) atteintes d'un type de DMLA (cas
prévalent), dont 78 (1,4 %) ayant une DMLA tardive (stade 4). Au cours
du suivi (moyenne, 8 ans; médiane, 10 ans), 1649 (35,5 %) des 4642
participants ont progressé vers un stade plus avancé de DMLA
(cas incidents), dont 93 (5,6 %) ont développé une DMLA
évoluée. Les rapports de cote (OR) pour la DMLA augmentaient en
fonction de la dose d'allèles de la façon suivante: 2,00
(intervalle de confiance à 95 % [IC], 1,56-2,55) pour une DMLA stade 2,
4,58 (IC 95 %, 2,82-7,44) pour un stade 3 et 11,02 (IC 95 %, 6,82-11,81) pour
un stade 4 (tardive avec menace sur la vision) chez les personnes homozygotes.
Les risques cumulés calculés par l'analyse de Kaplan-Meier
de DMLA évoluée à l'âge de 95 ans
étaient de 48,3 % chez les homozygotes, 42,6 % chez les
hétérozygotes et de 21,9 % chez les non porteurs. Le risque pour
la population de mutation CFH Y402H était de 54,0 %. Une
élévation de la VS augmentait encore plus l'OR à
20,2 (IC 95 %, 9,5-43,0), une élévation du taux sérique
de PCR à 27,7 (IC 95 %, 10,7-72,0) et le tabagisme à 34,0 (IC 95
%, 13,0-88,6) chez les homozygotes par rapport aux non porteurs n'ayant
pas ces facteurs déterminants. Les haplotypes PCR entraînant des
taux élevés de PCR augmentaient l'effet CFH Y402H
(p < 0,01).
Conclusions Le polymorphisme CFH Y402H peut rendre compte d'un
pourcentage marqué de DMLA chez des personnes similaires à
celles de l'étude de Rotterdam et peut conférer un risque
particulier en présence de facteurs stimulants environnementaux et
génétiques de la cascade du complément.
JAMA. 2006;296:301-309.