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Dépistage du cancer du poumon par scanner hélicoïdal chez des adultes âgés fumeursAnalyse décisionnelle et rapport coût-efficacité
Parthiv J. Mahadevia, MD, MPH;
Lee A. Fleisher, MD;
Kevin D. Frick, PhD;
John Eng, MD;
Steven N. Goodman, MD, PhD;
Neil R. Powe, MD, MPH, MBA
Affiliations des auteurs: Robert Wood Johnson Clinical Scholars
Program; Departments of Medicine, Anesthesiology, Radiology, and Oncology,
Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore, Md; Departments of Health Policy
and Management and Epidemiology, Johns Hopkins Bloomberg School of Public
Health, Baltimore; Welch Center for Prevention, Epidemiology, and Clinical
Research, Johns Hopkins Medical Institutions, Baltimore; and MEDTAP
International, Bethesda, Md.
Auteur correspondant et reprints: Parthiv J. Mahadevia, MD, MPH, MEDTAP
International, 7101 Wisconsin Ave, Bethesda, MD 20814 (e-mail:
Mahadevia{at}medtap.com).
RÉSUMÉ
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Contexte Encouragés par un marketing ciblant directement les
consommateurs, les fumeurs et leurs médecins envisagent le
dépistage du cancer du poumon au travers d'une procédure
prometteuse mais non encore prouvée, le scanner
hélicoïdal.
Objectif L'objectif était d'évaluer les
bénéfices et les inconvénients potentiels ainsi que le
rapport coût-efficacité du dépistage du cancer du poumon
par scanner hélicoïdal au cours de différents
scénarios d'efficacité.
Schéma, tableau et population En utilisant un modèle
de simulation de scanner, nous avons comparé le dépistage annuel
par scanner hélicoïdal à l'absence de dépistage sur
des cohortes hypothétiques comprenant 100 000 fumeurs, ou ayant
interrompu, ou ayant été de gros fumeurs, âgés de
60 ans, dont 55 % étaient des hommes. Nous avons simulé
l'efficacité en modifiant la distribution du stade clinique des cancers
du poumon de façon à ce que le groupe dépisté ait
moins de cancers à un stade avancé et plus de cancers
localisés que le groupe sans dépistage. Notre modèle
incorporait des biais connus dans les programmes de dépistage tels que
le délai, la durée et la surestimation diagnostique.
Critère principal d'évaluation Nous avons
mesuré les bénéfices du dépistage en comparant les
différences absolues et relatives des décès
spécifiquement rapportés au cancer du poumon. Nous avons
évalué les inconvénients en fonction du nombre de tests
invasifs faux positifs ou de procédures chirurgicales pour 100 000 et
le rapport cumulé coût-efficacité en dollars pour chaque
année de vie gagnée ajustée sur la qualité
(QALY).
Résultats Sur une période de 20 ans, en
émettant l'hypothèse d'une modification du stade de la maladie
de 50 %, la cohorte des fumeurs aurait eu 553 décès en moins par
cancer du poumon (13 % de réduction de la mortalité en rapport
direct avec le cancer) et 1186 procédures invasives faussement
positives pour 100 000 personnes. Le rapport cumulé
coût-efficacité pour les fumeurs était de 116 300 dollars
par QALY gagnée. Pour les fumeurs ayant stoppé et les anciens
gros fumeurs, le rapport cumulé coût-efficacité
était respectivement de 558 600 dollars et 2 322 700 dollars par QALY
gagnée. En dehors de l'importance de la modification du stade de la
maladie, les paramètres les plus influents étaient l'observance
au dépistage, l'importance de la durée d'évolution ou la
surestimation diagnostique au cours de la première année de
dépistage, la qualité de vie des personnes ayant eu un cancer
localisé dépisté, le coût du scanner
hélicoïdal et l'anxiété concernant le diagnostic de
nodules indéterminés. Dans les analyses de sensibilité
monofactorielle, aucun de ces paramètres n'étaient suffisants
pour rendre le dépistage intéressant sur le plan du rapport
coût-efficacité pour l'ensemble des cohortes. Dans les analyses
de sensibilité à plusieurs facteurs, un programme de
dépistage des fumeurs persistants aurait donné 42 500 dollars
par QALY gagné si des estimations extrêmement favorables avaient
été utilisées simultanément pour l'ensemble des
paramètres influents.
Conclusion Même si son efficacité est
éventuellement démontrée, le dépistage doit
vaincre de multiples autres barrières pour être d'un bon rapport
coût-efficacité. Compte tenu de l'incertitude actuelle de ses
bénéfices, des inconvénients des tests invasifs et des
coûts élevés associés au dépistage, la
promotion directement au consommateur du scanner hélicoïdal n'est
pas à conseiller.
JAMA. 2003;289:313-322.
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