Contexte Les occlusions vasculaires sont le phénomène
central des crises douloureuses et des lésions organiques aiguës
et chroniques de la sicklanémie. Une régulation anormale du
tonus vasculaire dépendante de l'oxyde nitrique, accompagnée
d'une activation et d'une adhésion plaquettaire, avec inflammation,
contribue à la physiopathologie de cette occlusion vasculaire. L'oxyde
nitrique dans cette occlusion vasculaire peut représenter un traitement
prometteur du mécanisme à l'origine de la maladie.
Objectif Explorer l'efficacité et la tolérance de
l'oxyde nitrique inhalé dans le traitement des crises d'occlusion
vasculaire chez des patients en pédiatrie.
Schéma Essai prospectif, en double aveugle,
contrôlé contre placebo et randomisé ayant inclus entre
septembre 1999 et octobre 2001.
Environnement Hôpital pédiatrique
spécialisé en milieu urbain aux États-Unis.
Participants Vingt patients âgés de 10 à 21 ans
atteints de sicklanémie et souffrant de crises sévères
d'occlusion vasculaire.
Intervention Les patients étaient randomisés pour
recevoir de l'oxyde nitrique en inhalation (80 ppm avec une concentration
finale de 21 % d'oxygène inspiré; n = 10) ou un placebo
(oxygène inspiré 21 %; n = 10) pendant 4 heures.
Critères principaux de jugement Amélioration de la
douleur après quatre heures d'inhalation par rapport à la
douleur avant inhalation, évaluée sur une échelle
visuelle analogique de 10 cm; les critères secondaires de jugement
comprenaient la douleur sur une période de six heures, l'utilisation
parentérale de narcotiques pendant 24 heures, la durée de
l'hospitalisation, la pression artérielle, la saturation en
oxygène et les concentrations de méthémoglobine.
Résultats Les scores de la douleur avant inhalation sur
l'échelle visuelle analogique étaient similaires dans les
groupes oxyde nitrique et placebo (p = 0,80). La diminution de ces
scores à la 4e heure a été de 2 cm dans le
groupe oxyde nitrique et de 1,2 cm dans le groupe placebo (p = 0,37).
La répétition des analyses de variance pour les scores horaires
de la douleur a montré une réduction plus importante de 1
cm/heure dans le groupe oxyde nitrique par rapport au groupe placebo
(p = 0,02). L'utilisation de morphine pendant 6 heures a
été significativement inférieure dans le groupe oxyde
nitrique (utilisation cumulée moyenne: 0,29 versus 0,44 mg/kg;
p = 0,03) mais n'a pas été différente pendant
les 4 heures (0,26 versus 0,32 mg/kg; p = 0,21) ou les 24 heures
(0,63 versus 0,91 mg/kg; p = 0,15). La durée d'hospitalisation
a été respectivement de 78 et 100 heures dans les groupes oxyde
nitrique et placebo (p = 0,19). Aucune toxicité à
l'oxyde nitrique n'a été observée.
Conclusions Les résultats de cette étude pilote
suggèrent que l'oxyde nitrique en inhalation peut être
bénéfique dans les crises aiguës d'occlusion vasculaire.
Ces résultats préliminaires demandent des explorations
complémentaires.
JAMA. 2003;289:1136-1142.