Contexte Le débat sur l'efficacité de la recherche de
l'antigène spécifique de la prostate (PSA) pour dépister
les cancers prostatiques a reçu une attention particulière dans
la littérature médicale et de la part des médias, mais on
ne connaît pas l'étendue réelle de ce dépistage
chez les hommes. Si la pratique se basait sur les preuves, le dépistage
du PSA serait moins fréquent chez les hommes que le dépistage du
cancer colo-rectal, une action préventive largement acceptée et
dont l'efficacité a été prouvée.
Objectif Comparer les prévalences du dépistage du PSA
et du cancer colo-rectal chez les hommes aux Etats-Unis.
Schéma, Environnement et Participants Le système de
2001 de surveillance des facteurs de risque comportementaux (2001
Behavioral Risk Factor Surveillance System), une enquête
téléphonique annuelle réalisée au sein de la
population des adultes américains par les CDC (Centers for Disease
Control and Prevention), a été utilisé pour
recueillir des données sur un échantillon représentatif
d'hommes, âgés de 40 ans ou plus dans les 50 états et dans
le District of Columbia (DC) (n = 49 315).
Critère principal de jugement Pourcentages d'hommes
déjà dépistés et à jour pour le
dépistage du cancer prostatique (par test du PSA) et du cancer
colo-rectal (par la recherche de sang occulte dans les selles,
sigmoïdoscopie souple et coloscopie).
Résultats Globalement, les hommes avaient plus de
probabilité d'avoir rapporté un dépistage
antérieur du cancer prostatique que du cancer colo-rectal; 75% de ceux
âgés de 50 ans ou plus avaient eu une mesure du PSA contre 63% un
test pour cancer colo-rectal (risque relatif [RR]: 1,20; intervalle de
confiance à 95% [IC]: 1,18-1,21). Le dépistage à jour par
test de PSA était également plus fréquent que le
dépistage du cancer colo-rectal chez les hommes indépendamment
de l'âge. Chez les hommes âgés de 50 à 69 ans (ceux
pour lesquels il existe un consensus plus large en faveur du
dépistage), 54% rapportaient avoir un dépistage à jour du
PSA, alors que 45% rapportaient avoir un dépistage à jour du
cancer colo-rectal (RR: 1,19; IC 95%: 1,16-1,21). Dans les analyses par Etat
de ce groupe d'âge, les hommes avaient significativement plus de
probabilité d'être à jour pour le dépistage du
cancer prostatique par rapport au cancer colo-rectal dans 27 états,
alors que le dépistage à jour du cancer colo-rectal était
plus fréquent dans un seul état.
Conclusion Chez les hommes aux Etats-Unis, le dépistage du
cancer prostatique est plus fréquent que le dépistage du cancer
colo-rectal. Les médecins doivent s'assurer que les hommes qui
demandent un dépistage, soient informés des
bénéfices documentés sur la mortalité du
dépistage du cancer colo-rectal et des bénéfices moins
certains du dépistage du cancer prostatique.
JAMA. 2003 ; 289 : 1414-1420.