Contexte La recherche suggère que le traitement hormonal
substitutif combinant les oestrogènes et les progestatifs (THS)
augmente le risque de cancer du sein et que le THS est plus fortement
associé au risque de carcinome mammaire lobulaire invasif que de
carcinome mammaire canalaire invasif. Le carcinome lobulaire est moins
fréquent que le carcinome canalaire, mais peut être plus
difficile à diagnostiquer en raison de sa tendance à une
infiltration plus subtile et discrète.
Objectif Evaluer les tendances des taux du carcinome lobulaire
invasif et du carcinome canalaire invasif de 1987 à 1999, temps au
cours duquel l'emploi du THS a augmenté aux Etats-Unis.
Schéma Etude épidémiologique descriptive.
Environnement Neuf registres du cancer participant au programme de
surveillance, d'épidémiologie et d'évolution (SEER) du
National Cancer Institute et couvrant Atlanta, (Géorgie),
Détroit (Michigan), San Francisco-Oakland (Californie), Seattle
(Washington), et le Connecticut, Hawaii, l'Iowa, le Nouveau Mexique et
l'Utah.
Population Femmes âgées de 30 ans et plus
résidant dans les zones couvertes par les 9 registres SEER.
Critères principaux de jugement Modifications en pourcentage
des taux d'incidence des carcinomes invasifs lobulaire et canalaire chez des
femmes sans antécédent de cancer du sein.
Résultats Au total, 190 458 femmes ont été
incluses dans cette analyse, identifiées grâce aux registres
comme ayant un cancer mammaire invasif; 7 682 de ces 198 140 femmes
potentiellement éligibles (c'està-dire, celles
identifiées comme n'ayant pas de cancer mammaire in situ) ont
été exclues de cette analyse en raison du stade inconnu du
cancer. Les taux d'incidence du cancer mammaire invasif ajustés sur
l'âge et sur le stade SEER ont été multipliés par
1,04 (intervalle de confiance à 95% [IC]: 1,004-1,07) entre 1987 et
1999 (206,7/100 000 à 214,1/100 000, avec ajustement sur l'âge).
Cependant, les taux d'incidence des tumeurs lobulaires ont été
multipliés par 1,52 (IC 95%: 1,42-1,63) et ceux des tumeurs mixtes
canalaires-lobulaires par 1,96 (IC 95%: 1,80-2,14); les taux de ces types
combinés ont été multipliés par 1,65 (IC 95%:
1,55-1,78) (19,8/100 000 à 33,4/100 000, ajustement sur l'âge).
En comparaison, les taux du carcinome canalaire sont restés constants
(153,8/100 000 à 155,3/100 000, ajustement sur l'âge;
modification en pourcentage: 1,03 [IC 95%: 0,99-1,06]). Le pourcentage de
cancers du sein ayant une composante lobulaire a augmenté de 9,5% en
1987 à 15,6% en 1999.
Conclusions Les taux d'incidence du carcinome canalaire sont
restés en gros constants de 1987 à 1999 tandis que les taux du
carcinome lobulaire ont augmenté régulièrement. Cette
augmentation représente un problème clinique compte tenu que le
carcinome lobulaire est plus difficile à détecter que le
carcinome canalaire à la fois par l'examen clinique et par
mammographie.
JAMA. 2003 ; 289 : 1421-1424.