Contexte La défibrillation dès que possible est le
traitement de référence des patients en fibrillation
ventriculaire. Une étude non randomisée indique qu'après
quelques minutes de fibrillation ventriculaire, retarder la
défibrillation au profit d'une réanimation cardio-pulmonaire
(RCP) peut améliorer l'évolution.
Objectif Déterminer les effets d'une RCP avant la
défibrillation sur l'évolution de patients en fibrillation
ventriculaire avec des temps de réponse équivalents ou plus
longs que quelques minutes.
Schéma, Environnement et Participants Essai randomisé
portant sur 200 patients en fibrillation ventriculaire en dehors d'un milieu
hospitalier à Oslo, Norvège, entre juin 1998 et mai 2001. Les
patients recevaient soit un traitement standard comprenant une
défibrillation immédiate (n=96) ou une RCP en première
intention comprenant 3 minutes de RCP simple, administrée par le
personnel ambulancier avant la défibrillation (n=104). Si la
défibrillation initiale échouait, le groupe standard recevait 1
minute de RCP avant d'essayer à nouveau une défibrillation
comparé aux 3 minutes du premier groupe RCP.
Critère principal de jugement Le critère principal de
jugement était la survie au moment de la sortie de l'hôpital. Les
critères secondaires de jugement étaient une admission à
l'hôpital avec retour d'une circulation spontanée, la
durée de survie à un an et l'évolution neurologique. Une
analyse pré-définie évaluait les sous-groupes ayant des
temps de réponse équivalents ou supérieurs à 5
minutes.
Résultats Dans le groupe standard, 14 patients (15%) sur 96
étaient vivants au moment de la sortie de l'hôpital contre 23
(22%) sur 104 dans le premier groupe RCP (P = 0,17). Il n'y avait pas
de différence pour les taux de retour à une circulation
spontanée entre le groupe standard (56% [58/104]) et le premier groupe
RCP (46% [44/96]; P = 0,16) ou de survie à un an (20% [21/104]
et 15% [14/96], respectivement; P = 0,30). Dans l'analyse des
sous-groupes de patients ayant eu des temps de réponse dans l'ambulance
équivalents ou supérieurs à 5 minutes ou plus courts, il
n'y avait pas de différence pour les variables pronostiques entre le
premier groupe RCP (n = 40) et le groupe standard (n = 41). Chez les patients
ayant des intervalles de réponse supérieurs à 5 minutes,
un nombre plus important de patients a eu un retour à une circulation
spontanée dans le premier groupe RCP (58% [37/64]) comparé au
groupe standard (38% [21/55]; odds ratio [OR], 2,22; intervalle de confiance
à 95% [IC], 1,06-4,63; P = 0,04), plus de survies à la
sortie de l'hôpital (22% [14/64] vs 4%[2/55]; OR, 7,42; IC 95%:
1,61-34,3; P = 0,006) et à un an (20% [13/64] vs 4%[2/55]; OR,
6,76; IC 95%: 1,42-31,4; P = 0,01). Trente-trois patients (89%) sur
37, vivants au moment de la sortie de l'hôpital, n'avaient pas
d'altération ou avaient une altération mineure de l'état
neurologique sans différence entre les groupes.
Conclusions Par rapport au traitement de référence de
la fibrillation ventriculaire, l'emploi d'une RCP d'abord avant la
défibrillation n'a pas amélioré le pronostic de cette
population étudiée ou des patients ayant eu des temps de
réponse inférieurs à 5 minutes dans l'ambulance.
Cependant, les patients en fibrillation ventriculaire et ayant un intervalle
de réponse dans l'ambulance supérieur à 5 minutes ont eu
une meilleure évolution avec la RCP avant qu'une défibrillation
soit tentée. Ces résultats demandent d'être
confirmés par d'autres essais randomisés.
JAMA. 2003 ; 289 : 1389-1395.