Contexte Les praticiens ont observé différentes formes
de déclin fonctionnel à la fin de la vie, mais peu de
données empiriques ont évalué ces modèles dans des
populations de taille importante.
Objectif Déterminer si le déclin fonctionnel
diffère parmi 4 types d'évolution pathologique:
décès brutal, décès par cancer,
décès par insuffisance organique et précarité.
Schéma, environnement et participants Analyse de
données de cohortes provenant de 4 régions des Etats-Unis issues
d'une étude prospective, longitudinale Established Populations for
Epidemiologic Studies of the Elderly (EPESE). Parmi les 14456 participants
âgés de 65 ans ou plus qui avaient été
interrogés initialement (1981-1987), 4871 sont
décédés au cours des six premières années
du suivi; 4190 (86 %) de ceux-ci avaient été interrogés
au cours de l'année avant le décès. Ces personnes
décédées étaient harmonieusement
distribuées dans 12 cohortes en se basant sur le nombre de mois entre
l'interrogatoire final et le décès.
Critères principaux de jugement Etat physique
spontanément rapporté ou rapporté par un témoin
(performance pour 7 activités quotidiennes de la vie [ADL]) au cours de
l'année avant le décès; dépendance estimée
pour les ADL avant le décès.
Résultats La fonction moyenne a décliné au sein
des 12 cohortes, simulant un déclin individuel au cours de
l'année finale de vie. Les personnes décédées de
mort brutale avaient un état fonctionnel élevé,
même au cours du dernier mois précédant le
décès (nombres moyens [intervalle de confiance à 95 %
{IC}] de dépendance pour les activités quotidiennes: 0,69
[0,19-1,19] 12 mois avant le décès vs 1,22 [0,59-1,85]
au cours du dernier mois de vie, p = 0,20); les personnes
décédées de cancer avaient un niveau fonctionnel
élevé au cours de leur dernière année, mais
étaient plus handicapées 3 mois avant le décès
(0,77 [0,30-1,24] vs 4,09 [3,37-4,81], p < 0,001); les
personnes décédées d'insuffisance organique
présentaient un profil fluctuant de déclin, avec un état
fonctionnel substantiellement plus faible au cours des 3 derniers mois avant
le décès (2,10 [1,49-2,70] vs 3,66 [2,94-4,38],
p < 0,001); et les personnes décédées dans un
état de grande précarité étaient relativement plus
handicapées au cours de l'année finale et en particulier
étaient dépendantes au cours du dernier mois de vie (2,92
[2,24-3,60] vs 5,84 [5,33-6,35], p < 0,001). Après
ajustement sur l'âge, le sexe, la race, l'éducation, le statut
conjugal, l'intervalle entre le dernier interrogatoire et le
décès et les autres différences démographiques,
les personnes décédées dans un état de grande
précarité avaient 8 fois plus de probabilité que les
personnes décédées de mort brutale d'être
dépendantes pour les activités quotidiennes de la vie (OR: 8,32
[IC 95 %: 6,46-10,73), les personnes décédées de cancer:
un fois et demi plus de probabilité (OR: 1,57 [IC 95 % CI: 1,25-1,96])
et les personnes décédées d'insuffisance organique: 3
fois plus de probabilité (OR: 3,00 [IC 95 %: 2,39-3,77]).
Conclusions L'évolution du déclin fonctionnel à
la fin de la vie est très variable. Arriver à faire une
différence parmi ces évolutions attendues et les besoins qui y
sont associés, aiderait à façonner des stratégies
et de meilleurs programmes de soins avant le décès.
JAMA. 2003 ; 289 : 2387-2392.