Contexte Les données empiriques et les opinions d'experts
suggèrent que l'utilisation de sondes alimentaires n'est pas
bénéfique chez les personnes âgées atteintes de
démence évoluée. Les précédents travaux de
recherche ont montré une variation d'un facteur 10 de cette pratique
à travers les Etats-Unis.
Objectif Identifier les caractéristiques des
établissements et de leurs résidents associés à
l'utilisation d'une sonde alimentaire chez des résidents de maisons de
retraites américaines et atteints d'une altération
sévère de la cognition.
Schéma, environnement et participants Etude transversale de
tous les résidents ayant une altération sévère de
la cognition et ayant eu une évaluation sur une série de
données minimales au cours d'une période de 60 jours à
compter du 1er avril 1999 (n = 186835) et résidant dans des
maisons de retraite aux Etats-Unis, accréditées par une
assurance maladie de type Medicare ou Medicaid.
Critères principaux de jugement Caractéristiques des
établissements et de leurs résidents décrites dans les
registres informatisés de l'enquête en ligne
d'accréditation de 1999 et analyse multivariée de 1999 sur une
batterie minimale de données utilisant des équations
d'estimation généralisée déterminant les facteurs
liés à l'établissement et aux résidents,
associés de façon indépendante à l'emploi de
sondes alimentaires.
Résultats Trente-quatre pour cent des résidents ayant
une atteinte cognitive sévère avaient des sondes alimentaires (n
= 63101). Les caractéristiques de ces résidents en faveur d'une
plus grande probabilité d'utilisation d'une sonde alimentaire
étaient les suivantes: âge plus jeune, race non caucasienne, sexe
masculin, statut de divorcé, absence de directives à l'avance,
déclin récent du statut fonctionnel et absence de diagnostic de
maladie d'Alzheimer. Après ajustement sur ces facteurs liés aux
patients, les résidents vivant dans des établissements à
but lucratif (odds ratio ajustés [OR]: 1,09; intervalle de confiance
à 95 % [IC]: 1,06-1,12); ceux situés dans des zones urbaines
(OR: 1,14; IC 95 %: 1,11-1,16); ceux ayant plus de 100 lits (OR: 1,04; IC 95
%: 1,01-1,07); et ceux sans service spécialisé dans les
démences (OR: 1,11; IC 95 %: 1,07-1,15) avaient une plus grande
probabilité d'avoir une sonde alimentaire. De plus, la sonde
alimentaire avait plus de probabilité d'être employée chez
les résidents vivant dans des établissements ayant un
pourcentage plus faible de résidents où l'indication "ne
pas réanimer" était spécifiée, qui avaient
une prévalence plus élevée de patients non caucasiens et
qui n'avaient pas d'infirmière clinicienne ou de médecin
assistant dans leur personnel.
Conclusions Plus d'un tiers des résidents ayant une
altération sévère de la cognition dans les maisons de
retraite américaines ont une sonde alimentaire. L'emploi d'une sonde
alimentaire est associé de façon indépendante à la
fois aux caractéristiques cliniques des patients et aux
caractéristiques fiscales, d'organisation et démographiques des
maisons de retraite.
JAMA. 2003;290:73-80.