Contexte Dans les syndromes coronariens instables, la
cathétérisation coronarienne est fréquemment
précédée d'un traitement antithrombotique pour
réduire les risques liés à la procédure;
cependant, les preuves provenant d'essais cliniques en faveur d'un
prétraitement antithrombotique sont rares.
Objectif Evaluer l'hypothèse qu'un prétraitement
antithrombotique prolongé améliore les résultats de la
cathétérisation coronarienne chez des patients ayant un syndrome
coronarien instable par rapport à une intervention précoce.
Schéma, environnement et patients Essai randomisé et
comparatif, mené du 27 février 2000 au 8 avril 2002, incluant
des patients admis dans deux centres de soins tertiaires allemands pour des
symptômes d'angor instable avec soit un sous-décalage du segment
ST ou un sus-décalage des taux de troponiine cardiaque T.
Interventions Les patients étaient assignés de
façon aléatoire soit à un prétraitement
antithrombotique de 3 à 5 jours ou vers une intervention précoce
après le prétraitement moins de 6 heures après celui-ci.
Dans les 2 groupes, le traitement antithrombotique comprenait de
l'héparine non fractionnée intraveineuse (60-U/kg en injection
suivies d'une perfusion ajustée pour maintenir un taux de
céphaline kaolin entre 60 et 85 secondes), aspirine (500 mg en
injection intraveineuse suivis par 100 mg deux fois par jour par voie orale),
du clopidogrel par voie orale (600 mg en dose de charge suivi par 75 mg deux
fois par jour) et du tirofiban intraveineux (10 µg/kg en injection suivis
par une perfusion continue de 0,10 µg/kg par minute).
Critère principal de jugement Critère composite
comprenant l'incidence à 30 jours d'un infarctus du myocarde non fatal
ou décès de toutes causes.
Résultats Parmi les 410 patients inclus, 207 étaient
assignés pour recevoir un prétraitement antithrombotique
prolongé et 203 pour recevoir une intervention précoce. Une
élévation des taux de troponine T cardiaque était
présente chez 274 patients (67 %), alors que 268 (65 %) avaient un
sous-décalage du segment ST. Les groupes prétraitement
antithrombotique et intervention précoce étaient bien
appariés pour les caractéristiques initiales majeures et le
traitement définitif (revascularisation: respectivement, 133 [64,3 %]
vs 143 [70,4 %]; un pontage aorto-coronarien: 16 [7,7 %] vs 16 [7,9 %]). Le
critère principal de jugement a été atteint pour 11,6%
des patients (3 décès, 21 infarctus du myocarde) du groupe
recevant un prétraitement antithrombotique et pour 5,9 % (aucun
décès, 12 infarctus du myocarde) du groupe ayant eu une
intervention précoce (risque relatif: 1,96 [intervalle de confiance
à 95 %: 1,01-3,82]; P = 0,04). Ce résultat a
été attribué à des événements
étant survenus avant la cathétérisation; après
cathétérisation, les deux groupes ont eu 11
événements chacun (P = 0,92).
Conclusion Chez les patients ayant un syndrome coronarien instable,
le retarder l'intervention pour mettre en oeuvre un prétraitement
antithrombotique prolongé n'améliore pas le résultat par
rapport à une intervention immédiate accompagnée d'un
traitement antiplaquettaire intensif.
JAMA. 2003;290:1593-1599.