Contexte Les effets d'un traitement hormonal combiné continu
sur les cancers gynécologiques n'ont pas été
explorés auparavant dans un contexte d'essai randomisé.
Objectif Déterminer les associations potentielles entre
oestro-progestatifs et cancers gynécologiques et les procédures
diagnostiques associées.
Schéma, environnement et participants Essai randomisé,
en double insu, comparatif contre placebo, portant sur 16 608 femmes
ménopausées, qui n'avaient pas été
hystérectomisées initialement et recrutées dans 40
centres cliniques américains entre septembre 1993 et octobre 1998
(suivi moyen: 5,6 années).
Intervention Un comprimé par jour comprenant 0,625 mg
d'oestrogènes équins plus 2,5 mg d'acétate de
médroxyprogestérone (n = 8 506) ou un placebo (n = 8 102).
Critère principal de jugement Nouveaux cas de cancer invasif
de l'ovaire et de l'endomètre.
Résultats Au cours du suivi de 5,6 années, il y a eu
32 cas de cancer ovarien invasif, 58 cas de cancer de l'endomètre, 1
cas de cancer utérin non endométrial, 13 cas de cancer du col
utérin et 7 autres cas de cancers gynécologiques. Le risque
relatif (RR) pour les cancers ovariens invasifs chez les femmes
assignées au groupe oestro-progestatif par rapport au placebo
était de 1,58 (intervalle de confiance à 95 % [IC]: 0,77-3,24).
Le RR pour les cancers endométriaux était de 0,81 (IC 95 %:
0,48-1,36). Aucune différence appréciable n'a été
trouvée dans les distributions en fonction de l'histologie des tumeurs,
du stage ou du degré quel que soit le site du cancer. L'incidence des
autres cancers gynécologiques était faible et ne
différait pas selon la randomisation. Plus de femmes prenant
l'association oestro-progestative ont eu besoin de biopsie
endométriales (33 % vs 6 %; P < 0,001).
Conclusions Cet essai randomisé suggère qu'un
traitement oestro-progestatif continu peut augmenter le risque de cancer de
l'ovaire tout en ayant un taux de cancer de l'endomètre similaire
à celui du placebo. L'importance prise par les biopsies
endométriales nécessaires pour évaluer les saignements
d'origine vaginale limite encore plus l'acceptabilité de ce protocole.
Ces données incitent encore plus à la prudence lors de
l'utilisation des traitements hormonaux combinés.
JAMA. 2003;290:1739-1748.