Contexte Le développement d'une néphropathie
secondaire à un produit de contraste (néphropathie de contraste)
chez les patients subissant des procédures cardiaques invasives est
associé à une augmentation marquée de la morbidité
et de la mortalité cardio-vasculaire. Le mésylate de
fénoldopam, un agoniste spécifique du récepteur D1 de la
dopamine, préserve le flux sanguin rénal après
administration d'un produit de contraste iodé et est un agent
prometteur pour améliorer la néphropathie de contraste dans les
essais à faible échelle et descriptifs antérieurs.
Objectif Evaluer l'efficacité du mésylate de
fénoldopam dans la prévention de la néphropathie de
contraste après procédure cardio-vasculaire invasive.
Schéma Essai prospectif, comparatif contre placebo, en double
insu, multicentrique et randomisé comportant une mesure des
créatininémies dans un laboratoire central unique (initialement
et 1, 24, 48 et 72 à 96 heures après l'administration du
traitement à l'étude) avec un suivi clinique de 30 jours.
Patients et environnement Entre mars 2001 et juillet 2002, 315 patients
ayant une créatininémie inférieure à 60 ml/min
(1,00 ml/s) dans 28 centres aux Etats-Unis étaient randomisés en
vue de recevoir du mésylate de fénoldopam (n = 157) ou un
placebo (n = 158).
Traitements Les patients étaient correctement hydratés
et randomisés en vue de recevoir du fénoldopam par voie
intraveineuse (0,05 µg/kg/min avec un ajustement posologique jusqu'à
0,10 µg/kg/min) ou un placebo apparié, en débutant le
traitement une heure avant l'angiographie et en continuant pendant 12
heures.
Critère principal de jugement Néphropathie de
contraste, définie par une augmentation de 25 % ou plus de la
créatininémie au cours des 96 heures suivant la
procédure.
Résultats L'âge (DS) moyen des patients était de
70 (11) ans et 49% avaient un diabète. La créatininémie
moyenne initiale (DS) était de 29,0 (10,0) ml/min (0,48 [0,16] ml/s)
(extrêmes: 7,5-56,8 ml/min [0,12-0,94 ml/s]) et 157 (108) ml de produit
de contraste ont été administrés au cours de la
procédure. Le critère principal de jugement est survenu chez
33,6% des patients du groupe fénoldopam vs 30,1% du groupe placebo
(risque relatif: 1,11; intervalle de confiance à 95%: 0,79-1,57;
P = 0,61). Il n'y a pas eu de différences significatives
respectivement pour les taux de décès à 30 jours (2,0% vs
3,8%, P = 0,50), pour les dialyses (2,6% vs 1,9%, P = 0,72)
ou les réhospitalisations (17,6% vs 19,9%, P = 0,66) chez les
patients du groupe fénoldopam vs ceux du groupe placebo.
Conclusion Le fénoldopam, agent dopaminergique
sélectif des récepteurs D1, ne permet pas de prévenir la
détérioration de la fonction rénale après
administration d'un produit de contraste chez les patients ayant une
insuffisance rénale chronique.
JAMA. 2003;290:2284-2291.