Contexte La connaissance des facteurs de risque de néoplasie
colo-rectale pourrait éclairer les stratégies de
réduction du risque chez les individus asymptomatiques. Peu
d'études ont évalué les facteurs de risque de
néoplasie évoluée du colon chez les individus
asymptomatiques, ont comparé les facteurs de risque entre les sujets
ayant ou pas des polypes ou ont inclus les facteurs de risque les plus
communément admis dans une analyse multivariée.
Objectif Déterminer les facteurs de risque associés
à une néoplasie évoluée colo-rectale au sein d'une
cohorte de personnes asymptomatiques au moyen d'une coloscopie
complète.
Schéma, environnement et participants Etude prospective,
transversale de 3 121 patients asymptomatiques âgés de 50
à 75 ans, menée entre février 1994 et janvier 1997 dans
13 centres médicaux des Anciens Combattants. Tous les participants
avaient eu une coloscopie complète pour déterminer la
prévalence des néoplasies évoluées,
définies par un adénome de 10 mm ou plus de diamètre, un
adénome villeux, un adénome porteur d'une dysplasie de grade
élevé ou un cancer invasif. Les variables examinées
comprenaient les antécédents familiaux de premier degré
de cancer colorectal, les antécédents de cholécystectomie
et les taux de cholestérol plasmatique, l'activité physique, le
tabagisme, la consommation d'alcool et les facteurs alimentaires.
Critères principaux de jugement Une analyse ajustée
sur l'âge a été réalisée pour chaque
variable pour calculer les odds ratios (OR) et les intervalles de confiance
à 95% (IC) associés à une néoplasie avancée
comparée à l'absence de polypes. Nous avons
développé un modèle multivarié de
régression logistique pour identifier les facteurs de risque les plus
informatifs. Une analyse secondaire évaluait les facteurs de risque
d'avoir un polype hyperplasique par rapport à ceux de ne pas avoir de
polypes et par rapport à ceux d'avoir une néoplasie
évoluée.
Résultats Trois-cent-vingt-neuf participants avaient une
néoplasie évoluée et 1 441 n'avaient pas de polypes. Dans
les analyses multivariées, nous avons trouvé des associations
positives avec les antécédents familiaux de premier degré
de cancer colorectal (OR: 1,66; IC 95%: 1,16-2,35), avec la continuation d'un
tabagisme (OR: 1,85; IC 95%: 1,33-2,58) et avec une consommation actuelle
modérée à élevée d'alcool (OR: 1,02; IC
95%: 1,01-1,03). Des associations inverses ont été
retrouvées pour la consommation de fibres
céréalières (OR: 0,95; IC 95%: 0,91-0,99), pour la prise
de vitamine D (OR: 0,94; IC 95%: 0,90-0,99) et la prise d'AINS (OR: 0,66; IC
95%: 0,48-0,91). Dans l'analyse multivariée, une association inverse a
été observée avec une consommation de fibres
céréalières supérieure à 4,2 g/jour, une
absorption de vitamine D de plus de 645 UI/jour et une prise quotidienne
d'AINS. Les facteurs marginaux incluaient l'activité physique, la prise
quotidienne de multivitamines et la prise de calcium et de graisses
dérivant des viandes rouges. Aucune association n'a été
observée pour l'index de masse corporelle, les
antécédents de cholécystectomie ou le taux plasmatique de
cholestérol. Trois-cent-quatre-vingt-onze patients avaient comme
lésion la plus sévère à la coloscopie un polype
hyperplasique. Les variables du risque étaient similaires pour les
patients sans polype, à l'exception du tabagisme passé et actuel
qui était associé à une augmentation du risque de polype
hyperplasique.
Conclusions Nos données confirment les facteurs de risque
importants de néoplasie colo-rectale avancée et fournissent un
rationnel pour des stratégies prudentes de réduction du risque.
D'autres études sont nécessaires pour déterminer si les
modifications de l'hygiène de vie peuvent modérer le risque de
cancer colo-rectal.
JAMA. 2003;290:2959-2967.