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La migraine, facteur de risque de lésions cérébrales infracliniques?
Mark C. Kruit, MD;
Mark A. van Buchem, MD, PhD;
Paul A. M. Hofman, MD, PhD;
Jacobus T. N. Bakkers, MD;
Gisela M. Terwindt, MD, PhD;
Michel D. Ferrari, MD, PhD;
Lenore J. Launer, PhD
Affiliations des auteurs: Departments of Radiology et Neurology,
Leiden University Medical Center, Leiden, Department of Radiology, Academic
Hospital Maastricht, Maastricht et Department of Radiology, Slingeland
Hospital, Doetinchem, the Netherlands; Laboratory of Epidemiology, Demography
and Biometry, National Institute on Aging, National Institutes of Health,
Bethesda, Md.
Correspondance:Mark C. Kruit, MD, Department of Radiology, Leiden
University Medical Center, Albinusdreef 2, 2333 ZA Leiden, the Netherlands
(e-mail:
m.c.kruit{at}lumc.nl).
RÉSUMÉ
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Contexte Des études cliniques suggèrent une
augmentation de la prévalence des infarctus cérébraux et
des lésions de la substance blanche chez les migraineux. Cependant on
ignore la prévalence de ce type de lésions au sein de la
population générale.
Objectifs Comparer la prévalence des infarctus
cérébraux et des lésions de la substance blanche chez des
patients migraineux et des sujets contrôles dans la population
générale, afin d'identifier le profil de migraine associé
à ce type de lésion.
Schéma Etude transversale de prévalence sur un
échantillon de population parmi des adultes néerlandais de 30
à 60 ans.
Participants Patients choisis au hasard soit migraineux avec aura (n
= 161), soit migraineux sans aura (n = 134), soit contrôles (n = 140),
ces derniers appariés aux cas pour l'âge, le sexe et le lieu de
résidence. La moitié environ des cas n'avait pas
été diagnostiquée auparavant par un médecin.
Critères de jugement principaux Les images en résonance
magnétique (IRM) ont été analysées à la
recherche d'infarctus, en notant leur siège et le territoire vasculaire
correspondant, et d'anomalies péri-ventriculaires ou profondes de la
substance blanche. Les rapports de cotes (RC) avec leurs intervalles de
confiance (IC) de ces lésions cérébrales ont
été comparés à ceux des contrôles, en
fonction du type de migraine (avec ou sans aura), et de la fréquence
mensuelle des crises (< 1 crise, 1 crise). Nous avons tenu compte des
facteurs de risque cardiovasculaire et de l'utilisation de vasoconstricteurs
anti-migraineux. Tous les participants ont été soumis à
un examen neurologique standard.
Résultats Aucun des participants n'a signalé
d'antécédent d'accident vasculaire cérébral (AVC)
ou d'accident ischémique transitoire (AIT). La prévalence
globale des infarctus cérébraux ne différait pas
significativement entre les sujets migraineux et les contrôles (8,1 %
vs 5 %). Cependant, en ce qui concerne le territoire
cérébelleux correspondant à la circulation
cérébrale postérieure, les migraineux avaient une
prévalence supérieure d'infarctus (5,4 % vs 0,7 %;
p = 0,02; RC ajusté 7,1; IC à 95 %, 0,9-55). Le RC
ajusté pour l'infarctus dans ce territoire variait selon le type de
migraine et la fréquence des crises. Il était en effet de 13,7
(IC à 95 %, 1,7-112) chez les migraineux avec aura par rapport aux
contrôles. De même lorsque la fréquence des crises
était au minimum d'une par mois, le RC ajusté atteignait 9,3 (IC
à 95 %, 1,1-76). Le risque maximal s'observait chez les migraineux avec
aura et au moins une crise mensuelle (RC, 15,8; IC à 95 %, 1,8-140). Le
risque d'atteinte profonde importante de la substance blanche
(20ème percentile supérieur de la distribution de ce
type de lésion vs 80ème percentile inférieur),
était accru chez les migraineuses par rapport aux contrôles (RC,
2,1; IC à 95 %, 1,0-4,1); ce risque augmentait avec la fréquence
des crises (maximal chez les patientes ayant au moins une crise mensuelle, RC,
2,6; IC à 95 %, 1,2-5,7) mais restait identique qu'il y ait ou non une
aura. En revanche, la prévalence des lésions profondes de la
substance blanche était la même dans le sexe masculin, pour les
migraineux et les contrôles. Enfin aucune association n'a
été démontrée entre l'importance des
lésions péri-ventriculaires de la substance blanche d'une part
et, d'autre part, la migraine quels que soient le sexe, la fréquence
des crises ou la présence d'une aura.
Conclusions Ces résultats, fondés sur une étude
de population, suggèrent que certains patients migraineux, avec ou sans
aura, ont un risque majoré de lésions infracliniques dans
certains territoires cérébraux.
JAMA. 2004;291:427-434.
ARTICLE EN RAPPORT
La migraine est-elle une maladie cérébrale progressive?
Richard B. Lipton et Jullie Pan
JAMA. 2004;291:83-84.
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