Contexte La présence d'anticorps antiphospholipides (aPL) a
été associée aux événements vasculaires
occlusifs. Cependant, le rôle des aPL pour prédire les
événements ischémiques, en particulier les
récidives d'AVC ischémiques, est controversé.
Objectif Evaluer l'effet de la positivité initiale des aPL
(positivité pour les anticorps anticardiolipine [aCL], les anticorps
lupiques anticoagulants [LA] ou les deux) sur la survenue
d'événements thromboocclusifs, y compris les récidives
d'AVC.
Schéma, contexte et participants Les anticorps
antiphospholipides et l'étude APASS (Stroke Study), étude
prospective de cohorte au sein de l'étude WARSS (Warfarin vs Aspirin
Recurrent Stroke Study), un essai randomisé en double insu (N = 2 206)
mené dans de multiples centres des Etats-Unis entre juin 1993 et juin
2000 et comparant un dose ajustée de warfarine (INR cible: 1,4-2,8) et
l'aspirine (325 mg/jour) dans la prévention des récidives d'AVC
ou des décès. Les participants APASS étaient 1 770 (80%)
participants WARSS qui avaient consenti à être inclus dans APASS,
en ayant des échantillons initiaux de sang prélevés avant
la randomisation de WARSS et analysés pour le statut des aPL dans les
90 jours suivant l'AVC initial par un laboratoire central indépendant.
Une assurance de qualité était réalisée sur
environ 10% des échantillons par un second laboratoire
indépendant.
Critère principal de jugement Taux à deux ans du
critère composite de jugement qui comprenait les décès de
toutes causes, les AVC ischémiques, les accidents ischémiques
transitoires, les infarctus du myocarde, les thromboses veineuses profondes,
les embolies pulmonaires et les autres événements
systémiques thrombo-occlusifs. L'analyse principale évaluait le
résultat associé à la positivité des aPL
séparément dans chaque groupe de traitement WARSS, après
ajustement pour les facteurs de risque (ces comparaisons aPL-positive vs
aPL-negative n'étaient pas randomisées).
Résultats Parmi les 1 770 APASS patients, 720 (41%)
étaient classés aPL-positifs et 1 050 (59%) aPL-négatifs.
Il n'y a pas eu d'augmentation du risque d'événements
thrombo-occlusifs associés au statut initial aPL chez les patients
traités soit par warfarine (risque relatif [RR]: 0,99; intervalle de
confiance à 95% [IC]: 0,75-1,31; P = 0,94) soit par aspirine
(RR: 0,94; IC 95%: 0,70-1,28; P = 0,71). Le taux global
d'événements a été de 22,2% chez les patients
aPL-positifs et de 21,8% chez les patients aPL-negatifs. Il n'y a pas eu
d'interaction traitement X aPL (P = 0,91). Les patients positifs
initialement à la fois pour LA et pour aCL tendaient à avoir un
taux plus élevé d'événements (31,7%) que les
patients négatifs pour les deux types d'anticorps (24,0%) (RR non
ajusté: 1,36; IC 95%: 0,97-1,92; P = 0,07). La classification
et les analyses de régression n'ont pas mis en évidence de test
spécifiques LA ou d'isotype aCL ou de concentration d'anticorps
associé à une augmentation du risque d'événement
thrombo-occlusif.
Conclusions La présence d'aPL (soit LA ou aCL) chez des
patients ayant un AVC ischémique ne prédit ni une augmentation
du risque d'événement vasculaire occlusif ultérieur sur
une période de deux ans ni une réponse différente
à l'aspirine ou à la warfarine. Le dosage systématique
des aPL chez les patients ayant un AVC ischémique ne semble pas
nécessaire.
JAMA. 2004;291:576-584.