Contexte On sait peu de choses sur les blessures infligées
aux pensionnaires de maisons de retraite par d'autres pensionnaires.
Objectif Evaluer les facteurs de risque d'agression des
pensionnaires de maisons de retraite par d'autres pensionnaires.
Schéma, environnement et sujets Etude cas-témoin
utilisant les données du système de plaintes et de rapports
d'agression du département de santé publique du Massachusetts
à partir des évaluations du Minimum Data Set sur les
pensionnaires des maisons de retraite du Massachusetts. Les cas avaient eu une
blessure reçue lors d'un incident avec un autre pensionnaire entre le
1er janvier 2000 et le 31 décembre 2000, incident ayant
laissé des séquelles évidentes (fracture, luxation,
contusions ou hématomes, coupures ou rougeurs) (âge
médian: 81 ans). Les témoins étaient choisis de
manière aléatoire parmi tous les pensionnaires qui avaient eu
une évaluation type Minimum Data Set en 2000 (n = 101 429)
sans rapport de blessure (âge médian: 83 ans). Au total, 1 994
témoins ont été inclus dans les analyses.
Critères principaux de jugement Le type de blessure et le
risque d'être blessé lors d'un comportement agressif entre
résidents, basés sur les caractéristiques
spécifiques du pensionnaire atteint.
Résultats Au cours d'un premier incident, 294 pensionnaires
ont eu des fractures (n = 39), des luxations (n = 6), des contusions ou des
hématomes (n = 105), des coupures (n = 113) et des rougeurs (n = 31).
Les pensionnaires blessés (cas) avaient plus de probabilité
d'avoir une atteinte cognitive, des symptômes de déambulation,
d'avoir été agressé verbalement et d'avoir un
comportement socialement inadapté par rapport aux témoins. Les
pensionnaires classés comme nécessitant une aide majeure (odds
ratio ajustés [AOR]: 0,3; intervalle de confiance à 95% [IC]:
0,2-0,6) et comme étant sévèrement dépendants
(AOR: 0,12; intervalle de confiance à 95%: 0,05-0,27) avaient
significativement moins de risque d'être agressés. Les
pensionnaires dans une unité spécialisée dans la maladie
d'Alzheimer avaient presque trois fois plus de risque d'être
blessés que ceux résidant dans d'autres unités (AOR: 3,2;
IC 95%: 1,4-7,5).
Conclusions Les pensionnaires blessés ont plus de risque,
sans peut-être le savoir, de se placer euxmêmes dans une situation
dangereuse, d'être agressés verbalement et d'avoir une atteinte
cognitive. Les interventions destinées à prévenir ces
incidents devraient se centrer sur le comportement des personnes
agressées.
JAMA. 2004;291:591-598.