Contexte Les officiels de santé publique, les médecins
et les groupes impliqués dans la lutte contre les maladies ont
travaillé durement pour éduquer les individus vivant aux
Etats-Unis sur l'importance du dépistage du cancer.
Objectif Déterminer l'enthousiasme du public pour un
dépistage précoce du cancer.
Schéma, environnement et participants Enquête à
l'aide d'un interrogatoire nationale par téléphone chez des
adultes sélectionnés de manière aléatoire en
fonction des numéros téléphoniques, menée entre
décembre 2001 et juillet 2002. Cinq cents personnes participaient
à cette enquête (femmes âgées de 40 ans ou plus et
hommes âgés de 50 ans ou plus, sans antécédent de
cancer).
Critères principaux de jugement Réponses à
l'enquête comprenant 5 modules: un module général de
dépistage (valeur d'une détection précoce, scanner du
corps en totalité) et 4 modules comprenant des tests de
dépistage: test de Papanicolaou, mammographie, antigène
spécifique de la prostate (PSA) et sigmoïdoscopie ou
coloscopie.
Résultats La plupart des adultes (87%) pensent qu'un
dépistage systématique du cancer est presque toujours une bonne
idée et que la découverte d'un cancer peut aider à sauver
des vies (74% disent la plupart ou tout le temps). Moins d'un tiers des
personnes interrogées pense qu'à un moment, elles stopperont le
dépistage systématique. Un pourcentage substantiel pense qu'une
personne âgée de 80 ans qui choisit de ne pas se faire
dépister est irresponsable: allant de 41% pour la mammographie à
32% pour la coloscopie. Trente-huit pour cent des répondeurs ont
présenté au moins un test de dépistage faussement
positif, plus de 40% de ces personnes ont défini cette
expérience comme « très effrayante » ou « le
moment le plus angoissant de ma vie ». Cependant, avec le recul, 98%
étaient contentes d'avoir eu le test de dépistage initial. La
plupart avait un fort désir de connaître la présence du
cancer indépendamment de ses implications: les deux tiers disaient
qu'elles désiraient un test de dépistage, même si rien ne
pouvait être fait et 56 % disaient qu'elles voulaient avoir un
dépistage pour ce qui est parfois appelé une pseudomaladie
(cancers évoluant si lentement qu'ils n'entraînent jamais de
problème au cours de la vie de ces personnes, même en l'absence
de traitement). Soixante-treize pour cent des répondeurs
préféreraient avoir un scanner du corps en totalité au
lieu de recevoir $1000 en argent liquide.
Conclusions Le public est enthousiaste en ce qui concerne le
dépistage du cancer. Cet intérêt n'est pas diminué
par les résultats faux-positifs des tests ou par la possibilité
que les tests puissent entraîner des traitements non nécessaires.
Cet enthousiasme crée un environnement propice à une diffusion
prématurée de technologies telles que le scanner du corps total,
plaçant le public devant le risque d'un excès de
dépistage et d'un excès de traitements.
JAMA. 2004;291:71-78.