Contexte De nombreux patients souffrant d'angor chronique
développent des épisodes angineux en dépit d'une
revascularisation et de la prise d'anti-angineux. Dans un essai
antérieur, un traitement anti-angineux en monothérapie, la
ranolazine, médicament dont on pense qu'il inhibe partiellement
l'oxydation des acides gras, avait amélioré le test d'effort sur
tapis roulant; cependant, son efficacité à long terme et sa
tolérance n'ont pas été évaluées en
association aux bêtabloquants ou aux inhibiteurs calciques au sein d'une
population importante de patients souffrant d'angine chronique
sévère.
Objectifs Déterminer si, à des niveaux
d'équilibre, la ranolazine améliore le temps total d'effort chez
des patients ayant des symptômes d'angor chronique et qui
développent un angor et une ischémie à de faibles charges
de travail, en dépit de la prise de doses conventionnelles
d'aténolol, d'amlodipine ou de diltiazem, et déterminer les
délais d'apparition de l'angor et des signes
électrocardiographiques d'ischémie myocardique, l'effet sur les
crises d'angor et l'utilisation de dérivés nitrés et
l'effet sur la survie à longterme dans une extension d'une étude
descriptive en ouvert.
Schéma, environnement et patients Essai randomisé, en
trois groupes parallèles, en double insu, comparé à un
placebo comprenant 823 adultes éligibles ayant un angor chronique
symptomatique randomisés en vue de recevoir soit un placebo ou une des
deux doses de ranolazine. Les patients traités dans les 118
consultations externes participant dans plusieurs pays étaient inclus
dans l'essai CARISA (Combination Assessment of Ranolazine In Stable Angina)
entre juillet 1999 et août 2001 et suivis jusqu'au 31 octobre 2002.
Intervention Les patients recevaient deux fois par jour un placebo
ou 750 mg ou 1000 mg de ranolazine. Un test d'effort sur tapis roulant 12
heures (équilibre) et 4 heures (pic) après la prise du
médicament était fait après 2, 6 (concentration
d'équilibre seulement) et 12 semaines de traitement.
Critères principaux de jugement Les modifications de la
durée d'exercice, le délai jusqu'à apparition d'un angor,
le délai d'apparition d'une ischémie, l'utilisation de
dérivés nitrés et le nombre de crises d'angor.
Résultats La durée moyenne d'effort a augmenté
de 115,6 secondes par rapport aux valeurs initiales dans les deux groupes
ranolazine (regroupés) vs 91,7 secondes dans le groupe placebo
(P = 0,01). Les délais d'apparition d'un angor et d'une
ischémie à l'ECG ont aussi augmenté dans les groupes
ranolazine, plus au moment du pic que lors de la concentration
d'équilibre. Les augmentations ne dépendaient pas des
modifications de la pression artérielle, de la fréquence
cardiaque ou du traitement anti-angineux de fond, et persistaient pendant les
12 semaines. La ranolazine a diminué les crises d'angor et
l'utilisation de dérivés nitrés d'environ une par semaine
vs placebo (P < 0,02). La survie des 750 patients prenant de la
ranolazine durant l'essai CARISA ou l'essai associé en ouvert à
long terme a été de 98,4% au cours de la première
année et de 95,9% au cours de la deuxième année.
Conclusion Des doses bi-quotidiennes de ranolazine augmentent la
capacité d'effort et permettent une amélioration
supplémentaire chez des patients symptomatiques ayant un angor
chronique sévère et prenant des doses conventionnelles
d'aténolol, d'amlodipine ou de diltiazem, sans conséquences
indésirables évidentes sur la survie à long terme pendant
un à deux ans de traitement.
JAMA. 2004;291:309-316.