Contexte Les infections des plaies chirurgicales (SSI) au sein de la
population de chirurgie générale constituent un problème
de santé publique. L'utilisation d'une concentration
élevée d'oxygène dans la fraction inspirée (FIO2)
au cours de la période peropératoire a été
rapportée être bénéfique chez des patients
sélectionnés, mais son rôle en tant que procédure
systématique n'a pas été exploré.
Objectif Déterminer si l'utilisation systématique
d'une FIO2 élevée au cours de la période
peropératoire modifie l'incidence des SSI au sein d'une population de
chirurgie générale.
Schéma, environnement et patients Essai en double insu,
randomisé et comparatif, mené entre septembre 2001 et mai 2003
dans un important hôpital universitaire de la ville de New York chez 165
patients ayant une intervention intra-abdominale majeure sous
anesthésie générale.
Interventions Les patients étaient randomisés en vue
de recevoir soit 80% d'oxygène (FIO2 = 0,80) soit de l'oxygène
à 35% (FIO2 = 0,35) au cours de la chirurgie et durant les deux
premières heures suivant la chirurgie.
Critères principaux de jugement Présence d'une SSI
cliniquement significative au cours des 14 premiers jours suivant la
chirurgie, déterminée par une évaluation clinique, une
modification de la prise en charge et au moins 3 critères objectifs
définis prospectivement.
Résultats Les groupes d'étude étaient
étroitement appariés pour un nombre important de variables
cliniques. L'incidence globale des SSI a été de 18,1%. Dans une
analyse en intention de traiter, l'incidence des infections a
été significativement plus élevée dans le groupe
recevant une FIO2 de 0,80 que dans le groupe ayant une FIO2 de 0,35 (25,0% vs
11,3%; P = 0,02). La FIO2 est restée un facteur
prédictif significatif de SSI (P = 0,03) dans l'analyse de
régression multivariée. Les patients qui ont
développé une SSI ont eu une durée significativement plus
longue d'hospitalisation après la chirurgie (moyenne [DS]: 13,3 [9,9]
vs 6,0 [4,2] jours; P < 0,001).
Conclusions L'utilisation systématique peropératoire
d'une FIO2 élevé au sein d'une population de chirurgie
générale ne diminue pas l'incidence globale des SSI et peut
avoir des effets délétères. Les patients en chirurgie
générale doivent continuer à recevoir de
l'oxygène, l'état cardio-respiratoire restant le principal
élément déterminant.
JAMA. 2004;291:79-87.