Contexte: Le nombre de femmes prenant un traitement hormonal
substitutif (THS) de la ménopause a augmenté de façon
spectaculaire durant les 20 dernières années, en raison de la
conviction dominante des bénéfices de ce traitement pour la
santé. Des résultats récents d'essais randomisés
publiés en juillet 2002 ont montré que le THS, pris sous forme
de traitement oral combinant un oestrogène et un progestatif,
était associé à des effets indésirables
cardio-vasculaires ainsi qu'à d'autres risques.
Objectif: Décrire les tendances évolutives dans la
prise d'un THS entre 1995 et juillet 2003, en particulier l'impact des
données scientifiques récentes.
Plan expérimental, cadre et population: Deux bases de
données ont été utilisées pour décrire les
tendances nationales dans la prise d'un THS aux Etats-Unis entre janvier 1995
et juillet 2003. La base de données National Prescription
Audit nous a fourni des informations sur le nombre de prescriptions de
THS délivrées dans les pharmacies vendant au détail et la
base de données National Disease and Therapeutic Index nous a
fourni des informations sur les consultations auprès de médecins
de ville au cours desquelles un THS avait été prescrit.
Principaux critères de jugement: Nombre annuel de
prescriptions de THS et caractéristiques des consultations
médicales au cours desquelles un THS a été prescrit.
Résultats: Le nombre de prescriptions annuelles de THS est
passé de 58 millions en 1995 à 90 millions en 1999, ce qui
correspond à environ 15 millions de femmes traitées dans
l'année. Puis ce nombre est resté stable jusqu'en juillet 2002.
L'adoption des nouveaux traitements combinés oraux oestro-progestatifs,
principalement le Prempro, explique en grande partie cette augmentation.
Soixante-dix pour cent des prescriptions ont été faites par les
gynécologues/obstétriciens et plus du tiers des patientes avait
plus de 60 ans. Les prescriptions de THS ont ensuite décru dans les
mois suivant la publication, en juillet 2002, des résultats d'essais
cliniques. Par comparaison avec la période janvier - juin 2002, les
prescriptions de Prempro ont baissé de 66 % au cours de la
période janvier - juin 2003 et celles de Premarin de 33 %. De petites
augmentations ont été constatées pour les traitements
hormonaux pris par voie vaginale et pour les nouvelles prescriptions de
Premarin faiblement dosé. Si les niveaux de prescription
observés jusqu'en juillet 2003 restent stables, on peut prévoir
pour 2003 une baisse des prescriptions jusqu'au chiffre annuel de 57 millions
similaire à celui de 1995.
Conclusions: La pratique clinique a rapidement répondu aux
données scientifiques récentes indiquant des effets
négatifs associés à la prise d'un THS. Depuis juillet
2002, de nombreuses patientes ont arrêté leur traitement ou l'ont
modifié pour prendre des doses plus faibles.
JAMA. 2004;291:47-53.