Contexte Les taux de suicide sont plus élevés tard
dans la vie; la majorité des adultes âgés qui
décèdent de suicide ont été vus par un
médecin de soins primaires au cours des mois précédents.
La dépression est le facteur de risque le plus important de suicide
tardivement dans la vie et du précurseur des suicides, les idées
suicidaires.
Objectif Déterminer l'effet d'une intervention de soins
primaires sur les idées suicidaires et la dépression chez des
patients âgés.
Schéma et contexte Essai randomisé et comparatif,
l'étude PROSPECT (Prevention of Suicide in Primary Care Elderly:
Collaborative Trial) avec un recrutement de patients dans 20
consultations de soins primaires dans les régions de New York,
Philadelphie et Pittsburgh, de mai 1999 à août 2001.
Participants Dépistage de la dépression en deux
étapes, stratifié selon l'âge (60-74, >/= 75 ans) chez
des patients choisis de façon aléatoire; les patients inclus
comprenaient des patients positifs et des patients négatifs. L'analyse
incluait des patients ayant un diagnostic de dépression (N=598).
Traitement Les recommandations de traitement étaient
adaptées aux sujets âgés avec une prise en charge
thérapeutique par rapport à un traitement conventionnel.
Critères principaux de jugement Evaluation des idées
suicidaires et de la sévérité de la dépression
initialement, à 4 mois, 8 mois et 12 mois.
Résultats Les taux d'idées suicidaires ont
diminué plus rapidement (P = 0,01) chez les patients pris en
charge par rapport aux patients ayant un traitement conventionnel; au
4e mois, dans le groupe prise en charge, les taux bruts
d'idées suicidaires avaient diminué de 12,9% points (29.4%
à 16.5%) par rapport à 3.0% points (20.1% à 17.1% avec le
traitement conventionnel [P = 0,01]). Chez les patients rapportant
des idées de suicide, la résolution des idées suicidaires
a été plus rapide dans le groupe pris en charge (P =
0,03); les différences ont atteint un pic au 8e mois (70,7%
vs 43,9%; P = 0,005). Les patients du groupe pris en charge ont eu
une évolution plus favorable de la dépression à la fois
pour le degré et la rapidité de la réduction des
symptômes; la différence entre les groupes a atteint un pic au
4e mois. Les effets sur la dépression n'ont pas
été significatifs chez les patients ayant une dépression
mineure sauf quand des idées suicidaires étaient
présentes.
Conclusions La preuve de l'efficacité d'un traitement en
soins primaires au sein d'une population représentant un
échantillon hétérogène de patients
déprimés soulève de nouvelles questions relatives
à sa poursuite et à sa généralisation.
L'efficacité de l'intervention sur la diminution des idées
suicidaires, indépendamment de la sévérité de la
dépression, renforce son rôle dans la stratégie de
prévention pour réduire les facteurs de risque de suicide chez
les personnes âgées.
JAMA. 2004;291:1081-1091.