Contexte La fièvre chez les nourrissons constitue un
problème pour les médecins pour distinguer entre
différentes pathologies graves, telles que les
bactériémies ou les méningites bactériennes et les
affections mineures. A ce jour, les modèles de pratique des
pédiatres libéraux pour traiter les nourrissons fébriles
et les résultats cliniques de leur prise en charge n'ont pas
été systématiquement étudiés.
Objectifs Définir la prise en charge et les résultats
cliniques de la fièvre chez les nourrissons, développer un
modèle clinique prédictif pour identifier les
bactériémies/méningites bactériennes et comparer
la précision de différentes stratégies.
Schéma Etude prospective de cohorte.
Environnement Cabinet de consultation de 573 praticiens du
réseau Pediatric Research in Office Settings (PROS) de l'Académie Américaine de Pédiatrie dans 44
états, le District de Columbia et Porto Rico.
Patients Echantillon consécutif de 3 066 nourrissons
âgés de 3 mois ou moins ayant des températures d'au moins
38°C et vus par les médecins PROS entre le 28 février 1995
et le 25 avril 1998.
Critères principaux de jugement Stratégies de prise en
charge, fréquence des affections et fréquence et
précision du traitement des
bactériémies/méningites bactériennes.
Résultats Les médecins PROS avaient hospitalisé
36% des nourrissons, fait des analyses biologiques dans 75% des cas et
traités initialement 57% des nourrissons avec des antibiotiques. La
majorité (64%) avait été traitée exclusivement en
dehors de l'hôpital. Une bactériémie avait
été détectée chez 1,8% des nourrissons (2,4% de
ceux évalués) et une méningite bactérienne chez
0,5%. Les nourrissons ayant un aspect satisfaisant, âgés de 25
jours ou plus présentant une fièvre inférieure à
38.6°C avaient un taux de 0,4% de
bactériémie/méningite bactérienne. Les autres
infections avaient une fréquence de 5.4% pour les infections du tractus
urinaire; de 12.2% pour les otites moyennes; de 25.6% pour les infections
respiratoires hautes; de 7.8% pour les bronchiolites et de 7.2% pour les
gastro-entérites. Les médecins avaient suivi les recommandations
actuelles dans 42% des cas. Mais, au cours de la consultation initiale, ils
avaient traité 61 des 63 cas de
bactériémie/méningites bactériennes avec des
antibiotiques. Aucune des recommandations actuelles ni le modèle
développé dans cette étude n'ont eu une efficacité
plus grande que la prise en charge du médecin.
Conclusions Les pédiatres aux Etats-Unis utilisent un
jugement clinique individualisé pour traiter les nourrisson
fébriles. Dans cette étude, le respect des recommandations
actuelles n'aurait pas amélioré les soins mais aurait
entraîné plus d'hospitalisations et d'examens biologiques.
JAMA. 2004;291:1203-1212.