Contexte L'hypochondrie est une affection chronique, handicapante et
pénible, courante en pratique médicale ambulatoire.
Jusqu'à récemment, aucun traitement spécifique n'avait
clairement démontré son efficacité.
Objectif Evaluer l'efficacité d'un traitement cognitif et
comportemental (TCC) dans l'hypochondrie.
Schéma Schéma randomisé, avec soins habituels
et groupe témoin, mené entre septembre 1997 et novembre 2001. Le
médecin généraliste était l'unité de
randomisation et tous les patients de chaque cabinet médical
étaient assignés vers un traitement expérimental (TCC
individuelle et une lettre après consultation pour le médecin
généraliste) ou vers le groupe témoin. Les sujets
étaient évalués immédiatement avant et six et 12
mois après la fin du traitement.
Environnement et participants Les participants étaient 80
patients fréquentant des cabinets médicaux et 107 volontaires
ayant répondu à des annonces publiques, dont tous
excédaient un score seuil prédéterminé sur un
questionnaire spontanément rempli par le patient sur l'hypochondrie
lors de deux consultations distinctes.
Traitement Une intervention écrite en six sessions de TCC
individuel était comparée au traitement médical habituel.
Le TCC était accompagné par une lettre après consultation
envoyée au médecin généraliste.
Critères principaux de jugement Plaintes, peurs, attitudes
hypochondriaques et symptômes somatiques; fonction et altération
fonctionnelle.
Résultats Au total, 102 individus ont été
assignés au TCC et 85 au traitement médical habituel. Les
caractères socio-démographiques et cliniques des deux groupes
étaient similaires initialement. A l'aide d'une stratégie
d'analyse en intention de traiter, un profil cohérent des effets
statistiquement et cliniquement significatifs a été
trouvé après 6 et 12 mois de suivi, avec ajustement sur les
covariables initiales qui incluaient le niveau d'éducation, la
détresse psychiatrique générale et le statut du
participant (patient vs volontaire). Après 12 mois de suivi, les
patients TCC avaient une fréquence significativement plus basse de
symptômes hypochondriaques, de croyances et d'attitudes hypochondriaques
(P < 0,001) et d'anxiété en relation avec la
santé (P = 0,009). Ils avaient aussi significativement moins
de troubles dans leur vie en société (P = 0,05) et dans
les activités intermédiaires de la vie quotidienne (P
< 0,001). Les symptômes somatiques d'hypochondrie n'avaient pas
été significativement améliorés par le
traitement.
Conclusion Cette intervention brève et individuelle par un
TCC développé spécifiquement pour modifier les
pensées hypochondriaques et restructurer les croyances
hypochondriaques, semble avoir des effets bénéfiques à
long terme sur les symptômes de l'hypochondrie.
JAMA. 2004;291:1464-1470.