Contexte Il a été avancé que le traitement par
les oestrogènes après la ménopause comporte certains
bénéfices sur les processus de vieillissement, mais son
utilisation présente des risques. Les isoflavones, composés n
aturels à action oestrogénique que l'on trouve dans les aliments
d'origine végétale, pourraient avoir des effets positifs tout en
ayant moins d'effets indésirables.
Objectif Evaluer si les protéines de soja contenant des
isoflavones améliorent la fonction cognitive, la densité
minérale osseuse et les lipides plasmatiques chez les femmes
ménopausées.
Schéma, environnement et participants Essai en double
aveugle, randomisé, contre placebo chez 202 femmes
ménopausées en bonne santé, âgées de 60
à 75 ans, recrutées au sein d'une population des Pays-Bas,
mené entre avril 2000 et septembre 2001.
Intervention Les participantes étaient randomisées en
vue de recevoir 25,6 g de protéines de soja contenant 99 mg
d'isoflavones (52 mg génistéine, 41 mg daidzéine et 6 mg
glycétéine ou des protéines totales lactées sous
la forme de poudre, quotidiennement pendant 12 mois.
Principaux critères de jugement La fonction cognitive
était évaluée à l'aide des outils de mesure
suivants: démence, MMS (Mini-Mental State Examination); mémoire,
test d'apprentissage auditif et verbal de Rey, rappel immédiat et
tardif et reconnaissance, Digit Span forward and reversed (test des chiffres
dans un sens et à l'envers), et le test Doors; par des taches
d'attention complexes, par les test de substitution chiffres-symboles (Digit
Symbol Substitution) et par le Trailmaking, A1, A2, et B; par
l'habileté verbale, la fluidité verbale A et N, les animaux et
occupations et le Boston Naming Task. La densité minérale
osseuse de la hanche et du rachis était évaluée à
l'aide d'une absorptiométrie à double énergie.
L'évaluation des lipides comprenait la lipoprotéine (a), le
cholestérol total, le cholestérol des lipoprotéines de
basse densité, les lipoprotéines de haute densité et les
triglycérides.
Résultats Au total, 175 femmes ont terminé l'analyse
d'intervention initiale et au moins un temps d'analyse après
intervention dans la population en intention de traiter. L'observance a
été bonne (taux plasmatiques médians de
génistéine: 17,2 et 615,1 nmol/l pour le placebo et le groupe
soja respectivement). La fonction cognitive, la densité minérale
osseuse ou les lipides plasmatiques n'étaient pas différents
significativement entre les groupes après une année.
Conclusion Cet essai randomisé en double aveugle ne soutient
pas l'hypothèse que l'utilisation de compléments de
protéines de soja contenant des isoflavones améliore la fonction
cognitive, la densité minérale osseuse ou les lipides
plasmatiques chez les femmes ménopausées en bonne santé
lorsqu'ils sont introduits à l'âge de 60 ans ou plus
tardivement.
JAMA. 2004;292:65-74.