Contexte Des réductions de la concentration de l'hormone de
croissance sont observées chez les hommes présentant une
lipodystrophie associée au virus de l'immunodéficience humaine
(VIH).
Objectif Explorer les effets d'une hormone stimulant la
libération de l'hormone de croissance (GHRH), un
sécrétagogue GH, dans le traitement des lipodystrophies
associées au VIH.
Schéma, contexte et participants Essai randomisé, en
double aveugle, contre placebo, mené dans un centre de recherche des
Etats-Unis entre octobre 2002 et juin 2003 et incluant 31 patients de sexe
masculin infectés par le VIH, âgés de 18 à 60 ans,
ayant des signes de lipodystrophie.
Traitements Les participants étaient randomisés pour
recevoir le GHRH (1 mg par voie sous-cutanée deux fois par jour) ou un
placebo pendant 12 semaines.
Principaux critères de jugement Le principal critère
était la modification des concentrations du facteur de croissance 1
insulin-like (IGF-1) pour détecter le changement global des taux de GH
en réponse au GHRH. Les critères secondaires comprenaient la
mesure de la composition corporelle par absorptiométrie à double
énergie à rayons X et par tomographie scannerisée, des
cotations de la lipodystrophie et des mesures de la glycémie, de
l'insulinémie et des concentrations des lipides.
Résultats Les concentrations moyennes (DS) de l'IGF-1 ont
augmenté significativement dans le groupe GHRH vs le groupe placebo
(104 [110] ng/ml vs 6 [44] ng/ml, P = 0,004). La masse maigre moyenne
a augmenté significativement dans le groupe GHRH vs le groupe placebo
(0,9 [1,3] kg vs - 0,3 [1,7] kg, P = 0,04), la graisse tronculaire a
diminué significativement (-0,4 [0,7] kg vs 0,2 [0,6] kg, P =
0,03) et le rapport graisse tronculaire/graisse des extrémités
inférieures s'est amélioré significativement (-0,22
[0,32] vs 0,14 [0,29], P = 0,005). La graisse viscérale
abdominale a diminué (-19,2 [36,6] cm2 vs 2,3 [24,3] cm2, P =
0,07) et le rapport graisse viscérale abdominale/graisse
sous-cutanée abdominale s'est significativement plus
amélioré dans le groupe GHRH (-0,19 [0,28] vs 0,07 [0,27],
P = 0,02). La cotation de la lipodystrophie par le médecin et
le patient au niveau des bras, jambes et abdomen s'est aussi
améliorée significativement. La glycémie,
l'insulinémie et les concentrations lipidiques n'ont pas changé
significativement.
Conclusions Le GHRH a été bien toléré et
a augmenté efficacement les taux d'IGF-1 chez des hommes ayant une
lipodystrophie liée à une infection par le VIH. La composition
corporelle du corps total et régionale s'est améliorée en
réponse au GHRH, avec une augmentation de la masse maigre et une
diminution de la graisse viscérale et tronculaire. L'utilisation de
GHRH peut être une stratégie thérapeutique potentiellement
bénéfique chez ces patients.
JAMA. 2004;292:210-218.