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Santé mentale, fonctionnement social et handicap en Afghanistan après la guerre
Barbara Lopes Cardozo, MD, MPH;
Oleg O. Bilukha, MD, PhD;
Carol A. Gotway Crawford, PhD;
Irshad Shaikh, MD, PhD;
Mitchell I. Wolfe, MD, MPH;
Michael L. Gerber, MPH;
Mark Anderson, MD, MPH
RÉSUMÉ
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Contexte Plus de deux décennies de conflit ont
entraîné une souffrance généralisée et un
déplacement des populations en Afghanistan. En 2002, les Centers
for Disease Control and Prevention en collaboration avec d'autres
partenaires ont réalisé un enquête nationale de population
sur la santé mentale en Afghanistan.
Objectif Fournir des estimations sur la santé mentale d'une
population afghane handicapée (toute restriction ou absence de
possibilité de réaliser une activité de façon
normale chez un être humain) et non handicapée âgée
d'au moins 15 ans.
Schéma, contexte et participants Enquête nationale,
à plusieurs stades, par groupes, sur la santé mentale d'une
population comprenant 799 adultes dans des familles (699 répondeurs non
handicapés et 100 handicapés), âgés de 15 ans ou
plus, menée entre juillet et septembre 2002. Cinquante groupes par
district étaient sélectionnés de façon
aléatoire proportionnellement à la taille de
l'échantillon. Un village était sélectionné de
façon aléatoire dans chaque groupe et 15 familles étaient
sélectionnées dans chaque village, fournissant ainsi 750
familles.
Principaux critères de jugement Caractéristiques
démographiques, fonctionnement social, évalués par des
questions provenant du Medical Outcomes Study 36-Item Short-Form, les
symptômes dépressifs évalués par la Hopkins
Symptoms Checklist-25, les événements traumatiques et les
symptômes de stress post traumatique évalués par le
Harvard Trauma Questionnaire et les symptômes spécifiques
à la culture sur la santé mentale et les mécanismes de
résilience.
Résultats Au total, 407 répondeurs (62,0 %) ont
rapporté avoir eu au moins 4 événements traumatiques au
cours des 10 années précédentes. Les
événements traumatiques les plus fréquents vécus
par les répondeurs étaient le manque d'eau et de nourriture
(56,1 %) chez les personnes non handicapées et l'absence d'abri (69,7
%) chez les personnes handicapées. La prévalence des
répondeurs ayant des symptômes dépressifs était de
67,7 % (intervalle de confiance à 95 % [IC]: 54,6 %-80,7 %) et 71,7 %
(IC 95 %: 65,0 %-78,4 %) et des symptômes d'anxiété: 72,2
% (IC 95 %: 63,8 %-80,7 %) et 84,6 % (IC 95 %: 74,1 %-95,0 %) chez les
répondeurs non handicapés et handicapés, respectivement.
La prévalence des symptômes de stress post traumatique
était similaire dans les deux groupes (non handicapés: 42,1 %;
IC 95 %: 34,2%-50,1 % et handicapés: 42,2 %; IC 95 %: 29,2 %-55,2 %).
Les femmes avaient significativement une santé mentale plus
touchée que les hommes. Les répondeurs handicapés avaient
une vie sociale significativement plus médiocre et une moins bonne
santé mentale que ceux qui n'avaient pas de handicap. Les sentiments de
haine étaient élevés (84 % des répondeurs non
handicapés et 81 % des répondeurs handicapés). Les
mécanismes de résilience incluaient la pratique d'une religion
et un pratique spirituelle, la focalisation sur les besoins vitaux, tels que
la nécessité d'un revenu plus élevé, d'un meilleur
logement et de plus de nourriture et la recherche d'une aide
médicale.
Conclusions Dans cette enquête représentative à
l'échelon national, les taux de prévalence des symptômes
de dépression, d'anxiété et de stress post traumatique
étaient élevés. Ces données soulignent la
nécessité de dispensateurs et de planificateurs de soins de
santé pour répondre à l'absence actuelle de structures de
soins concernant la santé mentale et de professionnels
expérimentés en santé mentale en Afghanistan.
JAMA. 2004;292:575-584.
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