Contexte On sait peu de chose sur la réponse de l'industrie
pharmaceutique aux éléments montrant qu'il existe un risque
associé à ses produits, comme l'a démontré la
publication en juillet 2002 de l'essai Women's Health Initiative Estrogen Plus
Progestin (WHI E+P) montrant qu'une dose de référence de Prempro
pouvait être significativement nocive et n'apportait pas de
bénéfices nets.
Objectif Evaluer la réponse de l'industrie pharmaceutique aux
résultats de la WHI E+P en analysant les dépenses
promotionnelles en faveur du traitement hormonal avant et après juillet
2002.
Schéma et environnement Des données longitudinales
recueillies prospectivement, représentatives au niveau national,
(janvier 2001 à décembre 2003) sur la prescription et la
promotion de traitements hormonaux, ont été obtenues à
partir des rapports de l'IMS Health and Consumer Media.
Principaux critères de jugement Tendances des prescriptions
trimestrielles des traitements hormonaux et dépenses engagées
sur les 5 modes de promotion médicamenteuse: échantillons,
promotion au cabinet médical, à l'hôpital,
publicités dans les journaux médicaux et publicité
directe auprès des consommateurs.
Résultats Avant le rapport WHI E+P, les taux de prescription
et les dépenses promotionnelles concernant le traitement hormonal
étaient stables. Au cours du trimestre précédant le
rapport WHI E+P (avril-juin 2002), 22,4 millions de prescriptions de
traitements hormonaux avaient été délivrés et 71
millions de dollars dépensés pour la promotion (en termes
annuels, 350 dollars par an par médecin américain). Au cours des
9 mois suivant la publication du rapport (premier trimestre de 2003), les
prescriptions des traitements hormonaux ont diminué de 32 % et un nadir
a été atteint pour les dépenses de promotion (diminution
de 37 % comparées aux niveaux antérieurs à la WHI E+P).
Les dépenses ont diminué pour toutes les activités
promotionnelles et la plupart des traitements hormonaux. Globalement, les
diminutions les plus importantes ont concerné les échantillons
(diminution de 36 % au 1er trimestre de 2003) et la
publicité directe auprès des consommateurs (réduction de
100 %). Les réductions les plus importantes de promotion ont
touché la dose standard de Prempro (réduction de 61 % au
1er trimestre de 2003), le traitement impliqué dans le
rapport de la WHI E+P. Plus récemment, les efforts promotionnels ont
augmenté, en particulier, pour la dose plus faible de Prempro, une
résurgence associée à une modeste augmentation des
prescriptions de ce nouveau traitement.
Conclusions En accord à sa large utilisation, le traitement
hormonal était parmi les traitements bénéficiant d'une
très importante promotion avant le rapport de la WHI E+P. A la suite du
rapport de l'existence possible d'un risque dans cette étude, un
déclin net des dépenses de santé est apparu, en
particulier pour les traitements impliqués dans cet essai.
Intriquée avec l'impact des résultats eux-mêmes de l'essai
et la couverture qui s'en est suivie par les médias, la
réduction de la promotion peut avoir contribué à une
diminution nette des prescriptions du traitement hormonal.
JAMA. 2004;292:1983-1988.