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Conflit d'intérêt potentiel dans l'évaluation des effets indésirables d'origine médicamenteuse présuméePrise de cérivastatine et risque de rhabdomyolyse
Bruce M. Psaty, MD, PhD;
Curt D. Furberg, MD, PhD;
Wayne A. Ray, PhD;
Noel S. Weiss, MD, DrPH
Affiliations des auteurs: Cardiovascular Health Research Unit,
Departments of Medicine, Epidemiology, et Health Services, University of
Washington, Seattle; Department of Public Health Sciences, Wake Forest
University School of Medicine, Winston-Salem, NC; Vanderbilt University School
of Medicine et Geriatric Research, Education, and Clinical Center, Nashville
Veteran's Administration Medical Center, Nashville, Tenn.
Correspondance: Bruce M. Psaty, MD, PhD, Cardiovascular Health Research
Unit, Suite 1360, 1730 Minor Ave, Seattle,WA98101
(psaty{at}u.washington.edu).
RÉSUMÉ
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Contexte Ces dernières années, les patients
américains ont été de plus en plus souvent les premiers
à recevoir les nouveaux médicaments. Pour certains de ces
médicaments, on découvre par la suite des réactions
indésirables pour lesquelles un lien avec le médicament est
suspecté. En conséquence, c'est désormais en grande
partie aux systèmes américains de post-commercialisation
qu'incombe la tâche difficile de détecter précocement ces
réactions.
Objectif Examiner l'association entre la prise de
cérivastatine sodique et le risque de rhabdomyolyse afin d'illustrer le
fonctionnement et les limites du système américain actuel de
surveillance et de sécurité d'emploi des médicaments
après leur commercialisation.
Sources et sélection des données Pour la
littérature publiée, nous avons utilisé des revues
déjà effectuées et nous avons recherché dans
Medline l'ensemble des publications jusqu'à la fin de l'année
2003. Pour la littérature non publiée, nous avons utilisé
des documents internes du laboratoire qui ont été rendus publics
au cours d'un procès dans le comté de Nueces, au Texas.
Synthèse des données Dans la littérature
publiée, la cérivastatine était associée à
des risques de rhabdomyolyse beaucoup plus importants que les autres statines.
Un petit pourcentage seulement de patients sous cérivastatine prenaient
aussi du gemfibrozil mais la moitié environ des cas rapportés de
rhabdomyolyse est survenue chez des patients prenant ce traitement
combiné et l'existence d'une interaction
cérivastatine-gemfibrozil a été confirmée par les
résultats d'une étude pharmacocinétique sur 3 jours. Les
documents internes du laboratoire montraient que plusieurs cas
rapportés en 1998, dans les 100 jours environ après le lancement
du médicament, suggéraient l'existence d'une interaction
médicamenteuse; cependant, il s'est passé plus de 18 mois avant
que le laboratoire n'ajoute sur la notice du médicament une
contre-indication concernant la prise simultanée de gemfibrozil et de
cérivastatine. Des données non publiées, disponibles en
juillet 1999, suggéraient également l'existence d'une
augmentation du risque de rhabdomyolyse associée à des doses
élevées de cérivastatine en monothérapie. Fin 1999
et début 2000, les scientifiques du laboratoire ont mené des
analyses de bonne qualité à partir des données du
système de signalement des évènements indésirables
de la FDA (Food and Drug Administration). Ces analyses
suggéraient que, comparée à l'atorvastatine calcique, la
cérivastatine en monothérapie augmentait notablement le risque
de rhabdomyolyse. A notre connaissance, ces résultats n'ont
été ni publiés ni diffusés. Le laboratoire a
continué à effectuer des études sur la
sécurité d'emploi du produit, dont certaines n'étaient
pas correctement conçues pour pouvoir évaluer le risque de
rhabdomyolyse, jusqu'à ce que la cérivastatine soit
retirée du marché en août 2001.
Conclusions Malgré les limites des données
disponibles, le contraste entre les informations connues du laboratoire et
celles portées à la connaissance des patients et des
médecins est frappant. Des éléments subjectifs
interviennent lorsqu'un laboratoire cherche à savoir si l'apparition
d'un événement fâcheux chez les utilisateurs d'un
médicament précis est réellement ou non la
conséquence de l'utilisation de ce médicament, et, avec le
système actuel, l'évaluation par un laboratoire pharmaceutique
d'un effet indésirable d'origine médicamenteuse
présumée peut être influencée par des
considérations économiques. Il serait bon qu'une telle
évaluation soit effectuée par un groupe indépendant. Le
Congrès américain devrait désigner un organisme pour
effectuer des synthèses indépendantes et analyser les
données de pharmacovigilance, et lui apporter le soutien
nécessaire.
JAMA. 2004;292:2622-2631.
ARTICLES EN RAPPORT
Incidence des cas de rhabdomyolyse hospitalisés chez les patients traités par hypolipémiants
David J. Graham, Judy A. Staffa, Deborah Shatin, Susan E. Andrade, Stephanie D. Schech, Lois La Grenade, Jerry H. Gurwitz, K. Arnold Chan, Michael J. Goodman, et Richard Platt
JAMA. 2005;293:25-30.
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JAMA. 2005;293:41-44.
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La réponse des auteurs à la réponse de Bayer à l'article: "Conflit d'intérêt potentiel dans l'évaluation des effets indésirables d'origine médicamenteuse présumée - Prise de cérivastatine et risque de rhabdomyolyse"
Bruce M. Psaty, Curt D. Furberg, Wayne A. Ray, et Noel S. Weiss
JAMA. 2005;293:55-56.
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