Contexte Les toxicomanies chez les médecins sont des
problèmes importants et persistants. Il existe un débat
considérable pour savoir si l'utilisation d'opiacés majeur, en
particulier chez les anesthésistes, est associée à un
taux de rechute plus important comparée à l'alcool et aux non
opiacés. De plus, les facteurs de risque de rechute avec les
traitements actuels et les stratégies de suivi ne sont pas connues.
Objectif Evaluer l'hypothèse que les professionnels de
santé dépendants utilisant un opiacé majeur (fentanyl,
sufentanil, morphine, mépéridine) comme drogue de choix
présentent un risque plus élevé de rechute.
Schéma, environnement et participants Etude
rétrospective de cohorte comportant 292 professionnels de santé,
inclus dans le programme Washington Physicians Health Program, un
programme indépendant de suivi post-thérapeutique, mené
entre le 1er janvier 1991 et le 31 décembre 2001.
Principal critère de jugement Facteurs associés
à la rechute, définie par une reprise de l'utilisation de la
drogue après le diagnostic initial et l'achèvement d'un
traitement primaire pour dépendance chimique.
Résultats Vingt-cinq pour cent (74 individus sur 292) ont au
moins eu une rechute. Des antécédents familiaux de toxicomanie
augmentaient le risque de rechute (risque relatif [RR], 2,29; intervalle de
confiance à 95 % [IC], 1,44-3,64). L'utilisation d'opiacés
majeurs augmentait significativement le risque de rechute en présence
d'un trouble psychiatrique coexistant (RR, 5,79; IC 95 %, 2,89-11,42), mais
pas en l'absence d'un trouble psychiatrique coexistant (RR, 0,85; IC 95 %,
0,33-2,17). La présence des trois facteursutilisation d'un
opiacé majeur, double diagnostic et antécédents
familiauxaugmentait considérablement le risque de rechute (RR,
13,25; IC 95 %, 5,22-33,59). Le risque de rechutes ultérieures
augmentait après la première rechute (RR, 1,69; IC 95 %,
1,13-2,53).
Conclusions Le risque de rechute lors d'une surconsommation d'une
substance est augmenté chez les professionnels de santé qui
utilisent un opiacé majeur ou ont un trouble psychiatrique coexistant
ou des antécédents familiaux de surconsommation d'une substance.
La présence de plus d'un de ces facteurs de risque et une rechute
antérieure augmentent encore plus la probabilité d'une rechute.
Ces observations devraient être prises en compte dans le suivi de la
guérison chez les professionnels de santé.
JAMA. 2005;293:1453-1460.