Contexte La tuberculose et la tuberculose multirésistante
sont un problème grave de santé publique en Russie.
Objectif Evaluer l'étendue de la transmission "souche
de Beijing" dans les secteurs carcéral et civil et l'association
de la résistance médicamenteuse, des facteurs cliniques et
sociaux au génotype de Beijing.
Schéma et environnement Etude transversale
d'épidémiologie moléculaire ayant pour base la population
des institutions carcérales et civiles anti-tuberculeuses dans la
région de Samara en Russie.
Patients Patients recrutés de façon consécutive
ayant une tuberculose bactériologiquement démontrée (n =
880).
Principal critère de jugement Pourcentage de souches de
Beijing et association à une résistance médicamenteuse,
à l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine,
à l'emprisonnement et aux facteurs radiologiques, cliniques et
sociaux.
Résultats Les souches de la famille Beijing
(identifiées par spoligotypage et composées de deux types
principaux par analyse unitaire répétée des
mycobactéries) étaient prédominantes: 586/880 (66,6 %;
intervalle de confiance à 95 % [IC], 63,4 % - 69,7 %) avec une
prévalence significativement plus élevée dans la
population carcérale (rapport de fréquence [RR], 1,3; IC 95 %,
1,2-1,5) et chez ceux de moins de 35 ans (RR, 1,2; IC 95 %, 1,0-1,3). Des
pourcentages comparables étaient: coinfectés par le virus de
l'immunodéficience humaine (< 10 %), par une hépatite
concomitante de type B ou C (21,6 %), associés à l'existence
d'un alcoolisme (< 90%), d'un tabagisme (< 90%) et avaient des
antécédents sexuels similaires. La résistance
médicamenteuse était deux fois plus élevée chez
les patients infectés par les souches de Beijing comparées aux
souches différentes de Beijing: multirésistance (RR, 2,4; IC 95
%, 1,9-3,0), pour l'isoniazide (RR, 1,8; IC 95 %, 1,5-2,1), pour la
rifampicine (RR, 2,2; IC 95 %, 1,7-2,7), pour la streptomycine (RR, 1,9; IC 95
%, 1,5-2,3) et pour l'éthambutol (RR, 2,2; IC 95 %, 1,6-3,2). L'analyse
univariée a démontré que le sexe masculin (odds ratio
[OR], 1,5; IC 95 %, 1,1-1,9), des anomalies radiologiques
évoluées (OR, 3,3; IC 95 %, 1,3-8,4), l'absence de logement (OR,
5,6; IC 95 %, 1,1-6,3) et un antécédent d'emprisonnement (OR,
2,0; IC 95 %, 1,5-2,7) étaient fortement associés à une
atteinte secondaire à une souche de Beijing. L'analyse
multivariée montrait bien que des antécédents
d'emprisonnement étaient un facteur de risque (OR, 2,0; IC 95 %,
1,4-3,3) et les sueurs nocturnes étaient moins associées (OR
0,7; IC 95 %, 0,5-1,0) à une atteinte par une souche de Beijing.
Conclusions Une multirésistance médicamenteuse et un
antécédent d'emprisonnement, mais pas une co-infection par le
virus de l'immunodéficience humaine étaient associés de
manière significative à une infection par la souche de Beijing.
Il a été démontré que les isolats de Beijing
peuvent entraîner une maladie radiologiquement
évoluée.
JAMA. 2005;293:2726-2731.