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PAGE DU PRATICIEN
La douleur chez le foetusRevue systématique multidisciplinaire des données existantes
Susan J. Lee, JD;
Henry J. Peter Ralston, MD;
Eleanor A. Drey, MD, EdM;
John Colin Partridge, MD, MPH;
Mark A. Rosen, MD
Affiliations des auteurs: School of Medicine, Department of
Anatomy and W. M. Keck Foundation for Integrative Neuroscience, et Departments
of Obstetrics, Gynecology and Reproductive Sciences, Pediatrics, et Anesthesia
and Perioperative Care, University of California, San Francisco.
Correspondance: Mark A. Rosen, MD, Department of Anesthesia and
Perioperative Care, University of California, San Francisco, 513 Parnassus
Ave, San Francisco, CA 94143-0648
(rosenm{at}anesthesia.ucsf.edu).
RÉSUMÉ
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Contexte Une loi fédérale est envisagée aux
Etats-Unis selon laquelle les médecins devraient d'une part informer
les femmes souhaitant avorter à 20 semaines ou plus après la
conception que le foetus peut ressentir de la douleur et d'autre part proposer
une anesthésie directe du foetus. Notre article se propose d'examiner
si un foetus peut ressentir de la douleur et, si oui, quelles sont les
techniques sûres et efficaces qui permettent une anesthésie ou
une analgésie foetale directe en cas d'intervention
thérapeutique ou d'avortement.
Acquisition des données Nous avons recherché de
manière systématique dans PubMed tous les articles en langue
anglaise portant sur des études effectuées chez l'être
humain et concernant la douleur, l'anesthésie et l'analgésie
foetales. Nous avons inclus les articles portant sur des foetus de moins de 30
semaines d'âge gestationnel ou portant spécifiquement sur la
perception de la douleur foetale ou la nociception. Nous avons
recherché dans ces articles des références
complémentaires. La recherche, effectuée sans limite dans le
temps, a été arrêtée au 6 juin 2005.
Synthèse des données La perception de la douleur
nécessite la reconnaissance consciente ou la conscience d'un stimulus
nocif. Ni le réflexe de retrait ni les réponses hormonales au
stress observés lors d'interventions invasives ne prouvent l'existence
d'une douleur foetale parce que ces réactions peuvent être
provoquées par des stimuli non douloureux et survenir sans traitement
cortical conscient. La conscience de stimuli nocifs par le foetus
nécessite l'existence de connexions thalamo-corticales fonctionnelles.
Les fibres thalamo-corticales commencent à apparaître entre 23 et
30 semaines d'âge gestationnel; d'autre part,
l'électroencéphalographie chez le prématuré
suggère que les capacités de perception de la douleur ne sont
probablement pas fonctionnelles avant 29 ou 30 semaines. En cas de chirurgie
foetale, les femmes peuvent avoir une anesthésie générale
et/ou recevoir un analgésique avec l'objectif d'un passage
médicamenteux transplacentaire; on peut aussi faire une administration
parentérale au foetus d'une substance opioïde, sous visualisation
directe ou échographique. En de telles circonstances,
l'anesthésie et l'analgésie n'ont pas pour objectif la
réduction de la douleur foetale mais plutôt l'inhibition des
mouvements foetaux, la prévention des réponses hormonales
foetales au stress et l'induction d'une atonie utérine.
Conclusions Les données concernant les capacités du
foetus à éprouver de la douleur sont limitées. Elles nous
indiquent, cependant, qu'une perception foetale de la douleur est peu probable
avant le troisième trimestre. Nous n'avons que peu ou pas de
données sur l'efficacité des techniques d'anesthésie ou
d'analgésie directe du foetus. En ce qui concerne l'innocuité de
ce type de techniques pour les femmes enceintes souhaitant avorter, les
données sont également inexistantes ou limitées. Les
techniques anesthésiques actuellement utilisées en chirurgie
foetale ne sont pas directement applicables aux interventions abortives.
JAMA. 2005;294:947-954.
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